Saveurs Mangu


Lecture 4 min.
Mi familia, de Mangu
Mi familia, de Mangu

Mangu est à nouveau dans les bacs. Après le succès de son premier opus salsa latino, l’artiste dominicain revient avec Mi Familia. Le lauréat 1998 du prix RFI Découverte développe une musique qui lui ressemble, nourrie de multiples influences. Au risque de dérouter ceux qui l’attendaient avec le même style qu’il y a sept ans. Interview.

Mangu. Sept ans que les fans attendaient son deuxième album. Une patience qui n’aura pas été vaine puisque l’artiste dominicain vient tout juste de sortir son deuxième album, Mi familia, chez Naïve. De son vrai nom Freddy Garcia, Mangu présente cette fois-ci une nouvelle facette artistique et dévie de la ligne que beaucoup lui avaient trop vite tracé. Toujours aussi fort sur scène, il poursuit sa propre route au gré de son inspiration. Rencontre avec un passionné talentueux qu’il ne faut absolument pas rater en concert.

Afrik : Vous venez de la République Dominicaine, mais vous avez été élévé aux Etats-Unis et vous êtes désormais installé en France. Comment définiriez-vous votre identité ?

Mangu : Je me considère comme un Dominicain. C’est notamment pour cela que j’ai choisi le nom de Mangu qui est un plat de bananes verte typique de Saint-Domingue (capitale de la République Dominicaine, ndlr). Même si ma musique n’est pas vraiment à l’image de ce qui se fait là-bas, je garde des racines profondes avec mon pays. Même si j’ai grandi aux Etats-Unis, j’ai néanmoins conservé ma nationalité dominicaine.

Quel rapport gardez-vous avec la République Dominicaine ?

Je ne suis pas retourné en République Dominicaine depuis 1994. Pourtant ma musique passe là-bas, je reste dans les oreilles des gens. Dernièrement Johnny Pacheco (un des piliers de la musique latine, ndlr) a parlé de moi, comme quoi « les artistes comme Mangu sont la nouvelle génération du Fania (la Fania all star, dont Johnny Pacheco est le co-fondateur, est un des groupes mythiques de la musique cubaine, ndlr) ». C’est un véritable honneur pour moi.

Votre premier album était plutôt latino, mais vous êtes tout aussi à l’aise en rap et en ragga, en anglais, comme en espagnol. Comment définiriez-vous votre style ?

C’est bien ça le plus dur. Les gens cherchent toujours à définir votre musique en la classant dans un genre. Or ce que je trouve intéressant dans ma musique c’est toutes les influences qui nourrissent mon inspiration. Ma musique est un mélange où je ne cherche à copier personne. Ni les Américains, ni les autres. On ne peut pas dire que mon son soit un son hip-hop Wu Tang, Mobb Deep ou Puff Daddy… Par contre quand tu écoutes mon flow (façon de chanter, ndlr), il est aussi carré et aussi fort que les rappeurs américains.

Votre second album est assez différent du premier. Comment a-t-il été accueilli par la critique ?

Mon premier album était salsa latino. Sortir un second album est toujours délicat parce que les gens t’attendent avec le même style. L’album n’a pas bien été accueilli parce qu’il a dérouté les journalistes. Alors que c’est plus au public de juger votre musique et pas à deux ou trois journalistes gourous qui décrètent que ce que tu fais n’est pas bon. Or là c’est vraiment un album qui me correspond, c’est mon style que j’ai développé à travers Mi familia. Mais mon vrai public me suit et adore toujours ce que je fais. Ce n’est pas un style précis que je vends, c’est ma vibe.

Vous êtes un homme de scène et vos prestations sont à chaque fois saluées par tous. Est-il difficile de reproduire en studio, la même énergie que sur scène ?

Ce sont deux choses différentes. L’album est une chose, la scène en est une autre. L’album est fait en studio, ce n’est pas de l’acoustique. Sur scène, il n’y a pas de machines. Pour un homme de scène c’est ce qui est intéressant. Vous êtes plus libres. Et puis il y a le contact avec le public. C’est lui qui vous donne une énergie que vous essayé de lui rendre.

C’est ce qui vous fait vibrer en tant qu’artiste ?

Pas seulement. Je n’ai pas de limite dans mon inspiration. Si je fais un troisième album il peut être complètement différent des deux premiers. C’est cette liberté, en tant qu’artiste, qui me fait vibrer. Je n’aime pas les stéréotypes. Si je n’ai pas le loisir de m’affranchir de l’image latino et du son cubain qu’on me colle, j’arrête la musique.

Vous avez reçu en 1998 le prix RFI découverte. Cela a-t-il été un véritable tremplin professionnel ?

En France, je crois. Ils m’ont décerné le prix pendant que j’étais justement ici. Mais j’étais déjà dans une grosse tournée internationale. Reste que pour moi c’était un honneur. Quand je suis revenu en France pour faire la Cigale (célèbre salle de spectacle parisienne, ndlr), j’ai trouvé ça très impressionnant. C’est là que j’ai vraiment découvert l’importance et l’impact du prix RFI.

Pour Commander le disque de Mangu

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News