RDC : les assassins du juge Yanyi courent toujours


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Le juge Raphael Yanyi
Le juge Raphael Yanyi

Presque quatre mois après la mort du juge Raphaël Yanyi, président du Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/La Gombe, dans le cadre du procès Vital Kamerhe et consorts, et trois mois après la publication des résultats de l’autopsie de son corps qui a conclu à un assassinat, l’enquête pour débusquer les meurtriers du magistrat semble marquer le pas.

Les Congolais l’ont vu, présidant le très médiatique procès du directeur de Cabinet du Président Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe dans l’affaire dite “Travaux des 100 jours”. Mais, sa présidence ne sera que de courte durée. En effet, après la deuxième audience seulement dudit procès, tenue le 25 mai 2020, il ne vivra plus que quelques heures. Le juge Raphaël Yanyi Ovungu rendit l’âme, dans la nuit du 26 au 27 mai, aux environs de 1 heure du matin, après s’être plaint de douleurs au ventre.

En RDC, c’était la consternation totale, en ce début du célèbre procès. Les supputations allaient dans tous les sens sur cette mort qui, aux yeux de tous les Congolais, était étrange, surtout quand on considère le moment où elle est intervenue. La thèse de l’empoisonnement se répandit et s’imposa dans l’esprit de plus d’un.
Pour être fixés sur les causes de ce décès tragique, la famille du juge, la société civile et même une bonne partie de la classe politique, réclamèrent une autopsie du corps. Les autorités du ministère de la Justice ont accepté la demande sans coup férir.

Alors que les premiers résultats de l’autopsie validèrent la thèse de l’empoisonnement, et qu’il était alors question d’identifier la substance qui a servi à empoisonner le juge et dans quelles circonstances elle a été absorbée par ce dernier, de nouveaux résultats, rendus publics deux semaines plus tard, par le Vice-premier ministre et ministre de la Justice, Célestin Tunda Ya Kasende, remirent en cause la thèse de l’empoisonnement.

« Le juge Yanyi Ovungu est décédé des suites d’une hémorragie intracrânienne, résultant d’un traumatisme cranio-encéphalique (…) Le juge Yanyi est mort principalement à la suite des coups qu’il a reçus, qui ont occasionné un traumatisme crânien. Il y a eu coagulation de sang dans le crâne. C’est cette situation qui a entraîné l’arrêt cardiaque, donc la mort », précise le communiqué ministériel.
Soit, empoisonnement ou coups reçus à la tête, une chose est claire, Raphaël Yanyi Ovungu est mort, assassiné. Et puisqu’un crime aussi crapuleux ne saurait être laissé impuni, le ministre de la Justice a promis, dans son communiqué, l’ouverture d’une enquête judiciaire, qui pourra « permettre d’élucider les circonstances de ce meurtre, d’en identifier les auteurs et de les sanctionner avec toute la rigueur de la loi ».

Trois mois après cette promesse, où en est-on dans l’enquête ? Le sujet, noyé dans le flot ininterrompu de sujets qui animent l’actualité nationale congolaise, semble relégué aux oubliettes. Mais l’opinion publique nationale et internationale, sans compter la famille proche du disparu, attendent que justice soit rendue, que les auteurs de ce crime de sang soient démasqués et punis, conformément à la loi.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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