Racisme ordinaire dans les stades européens


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Drapeau de l'Italie
Drapeau de l'Italie

Une poignée de supporters de football xénophobes sème la terreur dans les stades européens. Ils ne veulent pas de joueurs noirs dans les équipes qu’ils soutiennent. L’Italie est au premier rang des pays qui connaissent un regain de comportements racistes. Voyage au pays de la haine ordinaire.

Des joueurs blancs qui ont peint leurs visages en noir. Des footballeurs Italiens grimés en Africains. Ce n’est pas un signe de reconnaissance ou une blague quelconque mais bien un signe d’exaspération devant la recrudescence d’actes xénophobes dans les stades de football italiens.

L’équipe italienne de deuxième division de Trévise a voulu montrer dimanche sa solidarité avec l’un de ses joueurs, le Nigérian Oluwashegun Omolade, hué lors d’un match la semaine dernière. Lors de cette rencontre contre Ternana, une cinquantaine de supporters de Trévise avaient déployé une bannière portant l’inscription :  » Nous ne voulons pas d’un joueur noir dans notre équipe « . A l’entrée du Nigérian sur la pelouse, ils avaient quitté les gradins après avoir hué le jeune joueur de 18 ans.

Minorité de frustrés

Ironie de l’histoire : c’est Ternana qui a remporté le match avec un but de son joueur, Nigérian, et de 18 ans lui-aussi, Saidi Adeshina. Omolade reste serein :  » Je n’ai pas vu cette poignée de supporters car quand je joue je suis très concentré, je n’ai même pas entendu leurs cris. J’ai lu ce qui c’était passé dans les journaux du lundi mais dans la rue, les gens me reconnaissaient et me félicitaient « , explique-t-il.  » C’est une petite minorité de frustrés qui m’ont hué.  »

Une minorité qui fait parler d’elle et pas seulement à Trévise. Cris sauvages censés imiter ceux des singes, gestes obscènes, insultes raciales… Les stades de football italiens sont le théâtre privilégié des manifestations de racisme de certains supporters. Ainsi, le président de l’équipe de Vérone a avoué qu’il ne recruterait pas de joueurs noirs pour la prochaine saison, à cause des pressions exercées par une minorité  » très large  » de fans racistes.

Quant à la Lazio de Rome, le club n’en est pas à son premier carton rouge. Début mai, les supporters du club romain ont été privés de match. En effet, lors d’une rencontre fin avril avec l’AS Roma, les tifosis de la Lazio ont hué les joueurs brésiliens Cafu et Aldair ainsi que le Français Jonathan Zebina, à chaque fois que ces joueurs avaient la balle au pied. Certains d’entre eux ont même attaqué la communauté juive de la capitale italienne. Réponse du président de la Lazio, Sergio Cragnotti : la sélection du défenseur ghanéen Daniel Ola pour le match qui a suivi cette démonstration xénophobe.

Combattre le mal par le mal

Pour combattre le mal par le mal, Sergio Cragnotti a également annoncé qu’il allait engager la saison prochaine un joueur de couleur et un autre de confession hébraïque.  » De cette façon, j’espère bien faire taire les supporters qui font de la discrimination raciale et laver mon club de tout soupçon, comme ce fut le cas lors de l’affaire Mihajlovic », affirme le président de la Lazio. En novembre dernier, le libéro serbe de l’équipe s’était accroché avec Patrick Vieira sur fond d’accusations raciales. Le champion du monde Lilian Thuram serait pressenti pour être le premier laziale de couleur.

Si en Italie, ainsi qu’en Allemagne, le racisme anti-noir tient le haut du pavé en raison de la relative rareté des joueurs noirs dans les équipes, ce ne sont pas les seuls pays à pâtir de supporters racistes. En Angleterre, les succès sportifs des joueurs noirs ont modifié la donne et  » l’humour  » xénophobe prendra plus volontiers pour cible les Pakistanais ou certains Français au teint moins clair comme Patrick Vieira (encore lui).

Quant au club danois de première division, le Farum BK, il a renforcé sa mauvaise réputation de club raciste en annonçant en janvier dernier qu’il ne signerait pas avec des joueurs noirs. Pour des raisons  » purement footballistiques « , arguant que les joueurs africains avait une culture du football  » différente  » de celle des Danois. Tout s’explique.

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