Que cache l’appel de Miaka Ouretto au PDCI?


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Le pitoyable et sidérant appel du nouveau secrétaire général du FPI au PDCI qui n’y répondra heureusement pas ne fait que dévoiler pour la nième fois le vrai visage du parti ivoirien d’extrême droite qu’a toujours été le FPI comme le prouve ses accointances et sa parenté idéologique affichée avec le Front national français et les gudars tel Bernard Houdin l’un des activistes les plus virulents dans la défense de Laurent Gbagbo. Ce coup de pied de l’âne au parti ivoirien d’extrême droite qui se dissimule sous le masque du socialisme et du panafricanisme est salutaire pour l’avenir de la démocratie !

Dénoncer le caractère scandaleux de cet appel et en dévoiler les replis pernicieux est donc une œuvre de salut public ! Citons pêle-mêle ces phrases hallucinantes et caractéristiques qui ont une histoire bien connue, qui ont émaillées les défilés militaires et miliciens des divers fascismes dans le monde et qui font froid dans le dos! « Rassemblons-nous, pour défendre la Nation en péril » « L’enjeu est clair: C’est la survie de notre Nation qui est en jeu. La propriété de son sol, la jouissance de ses richesses, par ses propres fils et filles » « Nous n’avons que cette Patrie, alors défendons là ensemble » ! Pour souligner la démagogie contenue dans ces phrases grandiloquentes il n’est pas inintéressant de faire remarquer ici que sous le gouvernement du FPI les huiles du régime eurent tout et nocèrent dans l’ostentation tandis que le peuple ivoirien n’eut rien d’autre que la misère la faim et la mort comme pain quotidien ! Ce décombre de phrases guerrières inquiétantes et démagogiques qui appellent au rassemblement des nationaux pour défendre la nation en péril soulève donc une série de questions ! Quel péril menace la Côte d’Ivoire? D’où vient ce danger qui met en question la survie de la nation ? Et de quelle nation parle Miaka Ouretto le sécrétaire du FPI le parti ivoirien d’extrême droite? Parle-t-il de la nation citoyenne constituée par l’unité républicaine de tous les peuples de Côte d’Ivoire qui nous fut léguée par son fondateur Félix Houphouët Boigny ? Ou parle-t-il de la nation communautaire de l’Etat despotique ethno-nationaliste fondée sur la division sociale et le clivage ethnique que son mentor Laurent Gbagbo échoua à construire en déchirant la commune historicité des peuples de Côte d’Ivoire !

La réponse coule de source qui rend risible l’appel emphatique à sauver la démocratie ; appel par lequel le sécrétaire général du FPI commence son hallucinante déclaration qui n’est rien d’autre qu’un appel à la haine ! Dans son esprit le péril qui menace la nation communautaire du FPI est le péril apporté par les étrangers venus d’ailleurs qui menacent de s’accaparer du sol et des richesses de la Côte d’ivoire ! Le péril gravissime dont la Côte d’ivoire doit se protéger c’est l’universalisme de la modernisation internationalisée ! Pour sauvegarder la propriété de son sol, et la jouissance de ses richesses, contre les envahisseurs étrangers, contre les ennemis extérieurs et intérieurs, il faut donc naturellement fermer les frontières de la nation ivoirienne qui dans l’esprit de Miaka Ouretto se réduit aux frontières ethniques d’une communauté culturellement homogène! Qui Miaka Oureto met-il en effet sous le « nous » dans cette phrase aussi terrible que confuse et pleine de menaces : « Nous n’avons que cette Patrie, alors défendons là ensemble, au risque de disparaître tous ensemble, quand l’on nous demande de vivre ensemble chez nous, sans nous. » ? Le sécrétaire général du FPI met-il sous ce « nous » les 61 ethnies et plus qui vivent sur le territoire de la Côte d’Ivoire depuis qu’elle est née ou la minorité d’élus racialement pure que sa conception ethniciste de la nation fondée sur l’autochtonie a sélectionnée ? Cette minorité d’élus constituée d’ivoiriens de souche multiséculaire qui auraient été sélectionnés par l’officine d’hygiène raciale du FPI est-elle celle qui risque de disparaître et que Miaka Ouretto appelle au rassemblement en vue de la défense de la patrie dans le sens antimoderne et ethniciste qui est le sien ? Qu’est-ce, en fait, que la patrie et le patriotisme ? Ne sont-ce pas là des notions qui se rapportent à la formation d’un Etat républicain au sens des valeurs universalistes anti-communautaires de la révolution de 1789 ? Le patriotisme en son sens précis n’est-il pas, comme l’a bien mis en évidence Eric Hobsbawm, le nouvel attachement qui lie les citoyens à l’Etat qu’ils se sont démocratiquement donné et qui, au-delà de leurs particularismes culturels et coutumiers, les réunit dans une commune appartenance citoyenne à des valeurs universalistes ?

Miaka Ouretto veut-il rééditer l’exploit de la rhétorique grandiloquente et démagogique, de la coupable manipulation des consciences et de l’instrumentalisation de l’ethnicité qui furent perpétrées par le fait qu’après son élection calamiteuse en 2000, le FPI s’était accaparé de l’Etat de Côte d’Ivoire pour son usage personnel et le pour le service exclusif de ses intérêts particuliers au détriment du peuple de Côte d’Ivoire et de son bien commun? Cherche-t-il à remettre sur les rails le processus de ce brigandage politique fondé sur le mensonge systématique, le viol des consciences et l’assassinat ? Processus qui a conduit la Côte d’Ivoire au bord du gouffre, entraîné l’obscène et inutile sacrifice de milliers d’Ivoiriens et compromis l’avenir de la jeunesse ivoirienne pendant que lui et ses complices retournaient promptement leur veste ou se mettaient à l’abri à l’étranger en attendant des jours meilleurs

De quelle démocratie et de quel développement parle le sécrétaire général du FPI qui confond manifestement démocratie et dictature en prenant, en bon leader ethno-nationaliste à la vision du monde gangrénée par sa conception communautariste de la nation, son refus idéologique des principes élémentaires de la démocratie représentative parlementaire pour une résistance démocratique ! Un coup d’œil vers le Ghana tout proche ou le Kenya pourrait guérir la cécité politique de celui qui ne voit pas que les démocrates sincères s’engagent dans les élections et contestent toujours par la voie des canaux institutionnels de la démocratie la régularité des processus électoraux qu’ils récusent ! Les antidémocrates par contre répugnent toujours à s’engager dans les processus électoraux parce qu’ils les ont naturellement en horreur ! Pour la simple raison que le système politique qu’ils incarnent est la dictature qui repose sur l’absence d’élections, l’oppression, l’injustice, la violation des droits personnels, l’antidéveloppement et le chaos ! En ce sens l’appel au rassemblement pour la défense du développement que le secrétaire général du FPI lance à la fin de son texte est un véritable euphémisme qui conclut ce texte grandiloquent et dangereux par une colossale esbroufe ! Les régimes qui dans le 20ème siècle ont incarné cette vision communautariste de l’Etat et de la nation fondée sur la haine de l’Autre et la xénophobie ont toujours fini dans la dictature génocidaire, dans l’antidéveloppement, dans le sang et les brasiers de la purification ethnique qu’ils ont initiés et dans le chaos ! De l’Allemagne nazi d’Hitler au Rwanda d’Habyarimana en passant par la Serbie de Milosevic l’Histoire ne s’est jamais démentie. Le FPI en a d’ailleurs l’expérience personnelle ! Ce parti d’extrême droite xénophobe ivoirien dissimule sous un camouflage doit donc être démasqué afin qu’il soit reconnu et pris pour ce qu’il est. Le masque du socialisme de l’anticolonialisme et le panafricanisme qu’il porte frauduleusement pour continuer de tromper l’Afrique et le monde entier doit être brisé afin que soit reconnu son visage grimaçant !

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