Quand les canaux d’évacuation des eaux usées deviennent des dépotoirs d’ordures


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Canal
Canal à ciel ouvert

Les canaux d’évacuation des eaux usées se portent mal au Sénégal. Ils reçoivent toutes sortes de déchets, liquides comme solides. A Dakar, la capitale sénégalaise, comme à Thiès, le décor est le même : les canaux sont remplis de saletés. La faute aux riverains, nous dit un préposé au nettoiement, dans la commune de Médina. Un coup d’œil jeté dans le canal, juste en face du quartier Fass, donne des nausées. Outre la puanteur, herbe et petites plantes retiennent certains déchets entraînés par les eaux pluviales.

«Vous avez vu là-bas, c’est carrément une valisette et elle n’est pas tombée par hasard dans ce canal», fait observer l’homme, qui a requis l’anonymat. «Je suis presque persuadé que c’est un voisin qui a jeté cette valise dans ce canal. Hier, j’avais vu une carcasse de chèvre jetée dans le canal. Comme d’habitude, ils attendent à la tombée de la nuit pour venir jeter tout ce qui est objet encombrant dans leur maison», pointe l’homme visiblement remonté. Il soulève sa casquette, essuie les quelques gouttes de sueur sur son front et lance : «il fallait être là au lendemain de la Tabaski (Aïd el-Adha). Le canal était transformé en abattoir clandestin, avec os et abats jetés en profondeur. Des cornes de mouton, il y en avait à la pelle. C’est décourageant».

Pourquoi jeter des ordures dans le canal ?

Interpellé, un riverain du Canal boute en touche. «Ces déchets que vous voyez dans le canal ont été transportés par les eaux, ils viennent d’un autre lieu. Nous tenons à notre cadre de vie et je ne vois pas pour quelles raisons est-ce que nous allons jeter des ordures dans le canal, alors que la voiture de la poubelle passe tous les jours», justifie l’homme. Difficile de croire à sa version d’autant que certains de ces déchets n’ont même atteint le fond du canal, accrochés qu’ils sont à mi-chemin, sans doute jetés par quelqu’un qui a mal visé. «C’est l’œuvre de quelqu’un qui est étranger au quartier. Il arrive que quelqu’un gare sa voiture et balance vite fait quelque chose dans le canal. Ce qui est inadmissible», explique l’homme qui sirote sa tasse de thé vert, entre deux phrases.

Il n’y a pas que Dakar qui est concerné par ce fléau. A Thiès, ville située à 70 kilomètres au Nord de Dakar, vit le même décor. Le canal de Petit Thialy comme celui qui traverse Nguinth et Thionakh présentent un aspect similaire. Si celui de Petit Thialy est encombré par les déchets venus du marché central, avec des laveurs de légumes qui y déversent leurs eaux usées et autres légumes en mauvais état, celui de Nguinth souffre beaucoup plus. Puisqu’à l’instar de celui la Médina, ce canal encaisse tout : «poubelle des maisons, eaux usées, cadavres d’animaux. Les gens y jettent du tout. Ils nettoient leur environnement immédiat, c’est-à-dire leur maison et les déchets vont polluer l’environnement collectif. Je pense qu’il est temps que les autorités sévissent», estime Anna Bodian, riveraine.

Même un cheval mort a été jeté dans ce canal

«Les populations environnantes y jettent du tout. Si ce ne sont pas des ordures ménagères déversées au quotidien dans ce canal, ce sont tout simplement des cadavres d’animaux qui y sont jetés. Il n’y a pas longtemps, j’ai même vu un cadavre de cheval jeté dans ce canal à ciel ouvert. On ne sait même pas de quoi était mort l’animal. Maintenant imaginez que ce cheval ait été emporté par une maladie dangereuse pour l’homme, ça allait être un drame», confie ce riverain du canal, qui habite Thionakh peulh. Une situation des canaux à ciel ouvert du Sénégal qui préoccupe les autorités. Surtout que le responsable des services de nettoiement, Diop Sy, n’a de cesse appelé les populations à éviter de jeter les déchets dans les canaux. Surtout que des bacs à poubelle sont mis à leur disposition. Des appels tombés dans des oreilles de sourd.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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