Procès Thomas Sankara : les témoins enfoncent davantage le général Gilbert Diendéré


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Gilbert Diendéré
Gilbert Diendéré

Plus les jours passent dans le procès de l’assassinat de Thomas Sankara et ses compagnons, plus les faits rapportés par les témoins enfoncent davantage le général Gilbert Diendéré.

En dépit de la stratégie de dénégation systématique adoptée par Gilbert Diendéré, depuis le début des auditions, sa responsabilité dans les événements tragiques du 15 octobre 1987 revient chaque fois lors des débats. En effet, avec les différentes dépositions, on constate que non seulement Gilbert Diendéré n’a rien fait pour défendre le Président du Faso contre le commando assassin qui a opéré impunément au Conseil de l’entente, mais son action a consisté à éloigner des lieux du crime les unités qui auraient pu venir en appui pour empêcher le massacre.

C’est ce qui ressort du témoignage de l’adjudant-chef major Sawadogo Wendyelé, à la barre, ce mardi 7 décembre. L’homme était, à l’époque, chef de détachement du bataillon d’intervention aéroporté (BIA) au sein du Conseil. Le 15 octobre 1987, ayant entendu le crépitement des armes en provenance du Conseil de l’entente, depuis le génie militaire où il était, le premier réflexe de Sawadogo Wendyelé a été d’appeler le chef de la sécurité du Conseil de l’entente sur son talkie-walkie.

« On nous tire dessus. Prends tes hommes et allez occuper vos postes au carrefour Kaya-Fada », lui aurait répondu Gilbert Diendéré. Ayant compris, à travers ces propos du chef de la sécurité du Conseil de l’entente, qu’il s’agissait d’une attaque extérieure, le témoin se rend au lieu où il a été envoyé et voit déjà en place son adjoint et ses éléments. Il rapporte que c’est seulement au lendemain du drame qu’il a appris que le Président du Faso avait été abattu.

Cette attitude de Gilbert Diendéré qui a consisté à éloigner les unités d’appui du Conseil de l’entente -le détachement du BIA, fort de 130 éléments, était à 150 m du Conseil de l’entente- au lieu de les y inviter en urgence, a paru étrange aux yeux du procureur militaire. L’accusé a donc été invité à la barre pour répondre aux questions du procureur qui a voulu comprendre pourquoi il n’avait pas appelé les éléments du BIA en renfort au lieu de les envoyer au carrefour.

Réponse de Gilbert Diendéré : « Au moment où il (Sawadogo Wendyelé ndlr) m’a appelé, je crois que j’étais à l’intérieur du Conseil. Je ne pense pas avoir dit que j’étais attaqué. Je pense lui avoir dit de venir au Conseil de l’entente. En ce qui concerne le carrefour, toutes les nuits, les détachements l’occupaient en permanence sans aucune instruction, donc je ne me rappelle pas lui avoir dit d’aller sur le carrefour ».

Gilbert Diendéré n’a pas convaincu le procureur militaire qui soutient que ses attitudes « ne paraissent pas très normales. Quand on est attaqué, c’est d’appeler le détachement prêt à servir, mais pas les envoyer ailleurs ». Et l’accusé de rétorquer : « Le drame était déjà arrivé. Le camarade Président et une dizaine de ses compagnons étaient déjà à terre. On va défendre qui ? », interroge-t-il.

« Monsieur le président, si les éléments à l’intérieur n’ont rien pu faire, qu’est-ce que les éléments de l’extérieur pourront faire. Est-ce que je peux faire confiance à des gens qui sont à l’extérieur ? Qu’est-ce qui me dit qu’il n’y avait pas de complice à l’extérieur ? Même à l’intérieur, je ne faisais pas totalement confiance », a poursuivi le général Gilbert Diendéré.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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