Présidentielle au Zimbabwe : le camp Mugabe revendique la victoire


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Les Zimbabwéens ont activement voté pour élire leur nouveau Président, ce mercredi 31 juillet. Toutefois, la tension risque d’être forte. En effet, si d’un côté, les partisans du Premier ministre Morgan Tsvangirai accusent le pouvoir en place de fraude, de l’autre côté, la Zanu-PF (parti de l’actuel Président Robert Mugabe) a revendiqué, ce jeudi 1er août, une large victoire.

Au Zimbabwe, on vote dans la joie et puis les ennuies commencent juste après. Pour le moment, la seule déclaration partagée entre les partisans de Robert Mugabe et ses adversaires du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Tsvangirai, c’est la participation massive des électeurs zimbabwéens à la Présidentielle du mercredi 31 juillet. Les résultats ne sont pas attendus avant le 5 août et les tensions sont pourtant déjà vives. Le MDC du Premier ministre Morgan Tsvangirai (61 ans) accuse l’Union nationale africaine du Zimbabwe, Front patriotique (ZANU-PF), du Président sortant Robert Mugabe, d’avoir procédé au bourrage des urnes et d’avoir mené des fraudes de tous genres. De son côté, le vétéran de 89 ans, au pouvoir depuis 33 ans, revendique une « large victoire ». Dans ce pays, meurtri par les violences d’après élections, on peut craindre le pire.

Une mobilisation spectaculaire

La présidente de la Commission électorale (ZEC) a fait état d’une « forte participation », et par ailleurs le chef de la mission d’observateurs de l’Union africaine, le Nigérian Olusegun Obasanjo, a qualifié le scrutin de « pacifique, ordonné, libre et honnête », dans une réaction faite juste après la fermeture des bureaux de vote, vers 19H00 (17H00 GMT). Aucun chiffre officiel n’a été révélé, même pas le taux de participation. On sait juste que les Zimbabwéens se sont montrés très enthousiastes à cet événement. Et que malgré la forte mobilisation, nombreux citoyens n’avaient pas pu voter, leurs noms ne figurant pas sur les listes électorales.

Certains bureaux seraient même restés vides toute la journée. Des informations confirmées par les 28 journalistes étrangers accrédités sur place. La faute aux listes électorales non conformes. Certaines personnes n’existent plus sur la liste de leur bureau habituel, et d’autres seraient même remplacées par des noms de personnes mortes.

Le MDC, par l’intermédiaire du ministre des Finances et fidèle lieutenant de M. Tsvangirai, Tendai Biti, a relevé qu’ « ils (les partisans de Mugabe, ndlr) admettent qu’il y a toujours deux millions de morts sur les listes électorales, mais ils disent que ces gens ne peuvent pas voter parce qu’ils sont morts ». Et deux autres millions de personnes (vivantes) n’ont pas pu s’inscrire sur les listes électorales, selon lui.

Des accusations de parts et d’autres

Cette troisième confrontation entre Robert Mugabe et son adversaire, Morgna Tsvangirai, ne déroge pas à la règle. Ce dernier est décidé à détrôner l’inépuisable Mugabe à la tête du pays depuis l’indépendance de 1980. Lors des deux précédentes Présidentielles « entachées de fraudes », des événements sanglants ont eu lieu dans le pays, après de vives contestations du clan Tsvangirai. Cette année, une fois de plus, le Président et son Premier ministre ne comptent pas se faire de cadeau.

Le clan Mugabe accuse le MDC d’être télécommandé, et en grande partie financé, par des intérêts étrangers. Ces accusations sont pour la ZANU-PF un moyen d’avertir et d’attirer la haine de la population pour un éventuel retour « des Blancs », en cas de victoire du MDC.

De son côté, le MDC accuse le parti au pouvoir de vouloir manipuler les urnes. Selon Tendai Biti, numéro trois du MDC : « des milliers et des milliers de personnes sont privées de leurs droits » du fait qu’elles n’ont pas trouvé leur nom sur les listes et bureaux de vote.

La Commission électorale du Zimbabwe a reconnu l’existence d’électeurs fantômes, mais assure qu’il ne s’agit que d’une anomalie sans conséquence, en affirmant que les morts ne votent pas. Une hypothèse réfutée par le MDC, qui pense que ces noms sont inscrits pour tromper le scrutin au bénéfice de Mugabe.

la victoire « dans un fauteuil »

« Nous avons gagné dans un fauteuil. Nous avons vaincu le MDC », a déclaré aux médias un haut responsable de la ZANU-PF. Cette victoire se confirmerait selon lui par la domination de son parti dans des villes pourtant acquises par le camp Tsvangirai. « Nous avons gagné » et cette victoire « concerne tout, les élections présidentielle, législative et municipale », a-t-il indiqué. Car effectivement en dehors de la Présidentielle, les Zimbabwéens élisaient leurs députés, et maires.
Les résultats sont attendus dans un délai de cinq jours, par la ZEC.

Au Zimbabwe, une élection présidentielle est souvent synonyme de violence. Lors de la dernière Présidentielle de 2008, Tsvangirai avait pris l’avantage avec 47% des voix au premier tour, contre 43% pour Mugabe. Ce dernier revendiquait la victoire et ses partisans s’étaient alors déchaînés contre ceux de Tsvangirai, faisant un lourd bilan de près de 200 morts. Ce qui avait contraint à l’époque Tsvangirai à retirer sa candidature, laissant Mugabe seul en lice pour le second tour. Il a fallu attendre 2009 pour voir naître une cohabitation avec Tsvangirai devenu Premier ministre de Mugabe.

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