Pegasus : plus de 6000 Algériens espionnés par le Maroc, dont Lamamra


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Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra

L’affaire d’espionnage de Pegasus est loin de livrer tous ses secrets. L’Algérie a subi un véritable assaut électronique de la part des services de renseignement marocains. Les téléphones portables d’au moins 6 000 citoyens algériens seraient espionnés à travers l’usage du logiciel Pegasus, conçu et vendu au Maroc par la société israélienne NSO Group, qui travaille en étroite collaboration avec l’Etat hébreu.

Les tensions ne faiblissent pas entre le Maroc et l’Algérie, autour de la question du Sahara Occidental ou encore de l’autodétermination du peuple kabyle. Ainsi, plusieurs Algériens, dont des hauts responsables civils et militaires, auraient été espionnés par le Maroc, entre 2017 et 2019, avec le spyware israélien Pegasus. Selon des sources médiatiques qui ont enquêté sur Pegasus, plus de 6 000 numéros de téléphones appartenant à des Algériens ont été sélectionnés par le Maroc durant cette période dans le but de les espionner.

En toile de fond, la surveillance d’acteurs politiques, militaires, associatifs et, surtout, médiatiques qui ont un quelconque lien avec quatre dossiers très sensibles pour le Maroc : le Sahara Occidental, le Hirak du Rif, la situation des droits humains dans la monarchie chérifienne et les relations franco-algériennes. Durant le Hirak qui a éclaté en Algérie le 22 février 2019 pour chasser le Président Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne, un « opérateur des services de sécurité du Maroc s’intéresse aussi de près au climat politique qui règne en Algérie », explique le journal français Le Monde.

Selon la même source, tous les hauts responsables algériens durant la première année du Hirak ont été ciblés par le royaume chérifien. Outre l’entourage familial de l’ancien Président, ses frères et sœur Saïd, Nacer et Zhor Bouteflika, l’opérateur marocain a visé le sommet de l’appareil de l’État, avec les numéros des chefs des services de renseignement de l’époque, comme les généraux Ali Bendaoud, Wassini Bouazza et Bachir Tartag ou encore les commandants des forces terrestres et aériennes. Un numéro attribué à Saïd Chengriha, l’actuel chef d’état-major de l’ANP, a également été visé, poursuit le média.

La liste des responsables algériens espionnés par le Maroc est encore longue. « On y trouve Ramtane Lamamra, actuel ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, Nourredine Bedoui, ancien Premier ministre, ainsi que Noureddine Ayadi, qui a occupé successivement les postes de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères puis de directeur de cabinet de la présidence de la République, et qui est lui aussi placé dans la liste des cibles potentielles », détaille le journal français.

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