Paul Biya de nouveau sur la sellette à Paris


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Une nouvelle plainte pour « biens mal-acquis » a été déposée contre le président camerounais, Paul Biya, à Paris. Des manifestations hostiles à son régime sont prévues ce week-end au moment où il fêtera ses 28 ans de pouvoir.

Nouvelles difficultés pour Paul Biya à Paris. Alors que le président camerounais, au pouvoir depuis 1982, s’apprête à célébrer samedi le 28e anniversaire de son accession au pouvoir, une nouvelle plainte pour « biens mal acquis » a été déposée ce mardi contre lui à Paris. Et une association de Camerounais appelle à manifester publiquement dans la capitale française, pour lui demander de rendre des comptes au sujet des droits de l’homme et de la gestion de son pays.

La plainte pour « recel de détournement de fonds publics » déposée ce mardi auprès du parquet de Paris émane de l’Association pour une diaspora active présidée par Célestin Njamen, opposant camerounais vivant à Paris. Selon cette association dans laquelle militent des Camerounais de France, Paul Biya au pouvoir depuis le 6 novembre 1982 aurait acquis, dans l’Hexagone, un patrimoine immobilier pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d’euros. Et ce, en détournant l’argent public de son pays.

Ce n’est pas la première fois que la justice française est sollicitée pour enquêter sur la fortune personnelle de Paul Biya, bien qu’aucune enquête n’ait encore été diligentée contre lui. En février, le parquet de Paris avait reçu puis classé sans suite une plainte du Conseil des Camerounais de la diaspora (CCD) accusant le président des mêmes faits. Motif du rejet, l’immunité présidentielle dont bénéficie Paul Biya. La nouvelle plainte n’a, a priori, pas plus de chance d’aboutir que celle déposée par de nombreuses associations dont Transparency international contre trois autres présidents africains, Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de Guinée-Equatoriale et le défunt chef d’Etat gabonais Omar Bongo soupçonnés d’avoir pillé leurs pays respectifs. Elle n’avait pas fait long feu face aux blocages du ministère français de la Justice.

Manifestations d’opposants à Paris

Difficile à atteindre par la justice, Paul Biya est cependant vulnérable sur le plan de l’image. C’est ce qu’entend exploiter le Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques de la Diaspora Camerounaise (CODE). Ce week-end, alors qu’il fêtera ses 28 ans de pouvoir, le CODE organisera deux journées de manifestations contre lui à Paris. Au menu, une conférence de presse vendredi, et une manifestation publique samedi après-midi, place du Trocadéro à Paris. « La conférence de presse sera l’occasion pour la direction du CODE de faire le bilan des 28 années de Monsieur Biya à la tête du Cameroun, de donner la position du CODE sur les conditions de préparation de l’élection présidentielle de l’année prochaine et d’interpeller les autorités Françaises sur leur soutien au régime antidémocratique en place au Cameroun. », lit-on dans le communiqué de presse rendu public ce mercredi par le CODE. Quant à la manifestation de samedi, place du Trocadéro, qui aura pour mot d’ordre « 28 ans de gabegie et de crimes, ça suffit !», elle aura pour objectif de « de dénoncer le déni des libertés démocratiques, les violations massives des droits de l’Homme au Cameroun et d’appeler à une véritable Commission Electorale Indépendante pour l’organisation de l’élection présidentielle prévue en 2011». Avant de se retrouver au Trocadéro, les membres et sympathisants du CODE vont se réunir dans la matinée autour d’Odile Biyidi, veuve du grand écrivain Mongo Béti et présidente de l’association Survie ainsi que des représentants de diverses organisations africaines et françaises, pour discuter de l’alternance politique au Cameroun.

Paul Biya n’a toutefois pas que des ennemis sur la place parisienne. Le journal Les Afriques lui consacre en effet un hors-série fort flatteur. La couverture du magazine, où figure l’homme fort de Yaoundé, a fait l’objet il y a quelques jours d’une grande campagne d’affichage promotionnel, notamment sur la célèbre avenue des Champs-Elysées. Pour le site Camer.be, c’est en prévision des manifestations organisées contre lui ce week-end que Paul Biya aurait allumé ce contre-feu préventif. Comme dit le proverbe, c’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît ses vrais amis.

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