Niger : un référendum sous haute tension


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Des milliers de Nigériens devront se rendre aux urnes mardi pour voter sur le référendum convoqué par le président Mamadou Tandja qui souhaite briguer un troisième mandat. Une journée qui s’annonce agitée en raison d’une situation politique à couteaux tirés entre l’opposition et le pouvoir.

Le calme avant la tempête ? Depuis dimanche, le ciel politique s’est assombri au Niger. Et la colère gronde au sein de l’opposition. « Ici la tension est perceptible », observe Ali Idrissa, le directeur général adjoint de la chaine privée nigérienne Dounia TV, joint par Afrik.com. « A Niamey, les forces de l’ordre sont placées à chaque carrefour et quadrillent les rues en prévision du référendum », poursuit-il. C’est dans un climat orageux que les électeurs se rendront aux urnes, mardi, au Niger. Ils devront se prononcer sur l’adoption de la nouvelle Constitution qui permettra au président nigérien, Mamadou Tandja, de briguer un troisième mandat. « Afin d’assurer la sécurité des civils qui voteront le 4 août », les policiers et les soldats nigériens ont pour leur part voté lundi, un jour avant le reste de la population.

Les Nigériens contre Tandja ?

Cette consultation populaire intervient alors que les arrestations de journalistes et d’opposants au régime se multiplient dans le pays. Huit directeurs d’hebdomadaires privés ont été interpellés, samedi, après avoir mis en cause un des fils du président Mamadou Tandja dans une affaire de corruption. Certains d’entre eux comme Abdoulaye Tiemogou, le directeur de la publication du Canard déchainé, seraient toujours maintenus en détention à la prison centrale de Niamey. Ces interpellations « quasi-quotidiennes » confortent l’opposition dans le bien-fondé de sa lutte pour la défense de la démocratie « soutenue par les Nigériens ». « La population en a marre. Le Niger a des moyens et des richesses, mais la corruption détruit notre pays. L’école ne fonctionne pas, les gens sont obligés de payer leurs soins médicaux alors qu’avant ils étaient gratuits. Comment voulez-vous qu’ils soutiennent leur président ?», confie Ali Idrissa.

L’opposition dans les starting-blocks

Dimanche, la Coordination des forces démocratiques pour la République (CFDR) [[une coalition comprenant plusieurs centrales syndicales et des partis d’opposition]] a lancé un ultime « appel à la mobilisation pour faire échec au référendum ». L’heure n’est plus aux meetings et aux marches de protestations mais au boycott de cette consultation. Selon Issifou Sidibé, le secrétaire générale de la confédération des travailleurs du Niger (CDTN), le « président a trop nargué la force démocratique ». « Nous sommes très déterminés à contrer les desseins de Tandja », explique-t-il, sans pour autant préciser les actions que l’opposition compte mener pour atteindre son objectif. « On va empêcher la tenue de ce référendum en vertu de l’article 113 de la Constitution qui stipule que nul n’est tenue d’exécuter un ordre manifestement illégal », précise Marou Amadou, président du Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Fusad). Après avoir dissous le Parlement et la cour Constitutionnelle qui avait déclaré le référendum irrecevable, Mamadou Tandja gouverne désormais seul par décrets et ordonnances grâce aux « pouvoirs exceptionnels » qu’il s’est arrogés.

Le bras de fer

Une situation condamnée par l’opposition qui a porté plainte contre le président nigérien pour avoir « rompu l’ordre constitutionnel ». Une décision prise lors d’un symposium sur la gouvernance et les transitions politiques au Niger qui s’est tenu à Abuja, la capitale nigériane, du 31 juillet au 1er août dernier, et qui réunissait plusieurs représentants des organisations de la société civile de l’Afrique de l’ouest.

Mais si l’opposition ne baisse pas les bras, le pouvoir ne s’avoue pas vaincu pour autant. Dans une intervention musclée, le ministre de l’Intérieur, Albadé Abouba, a adressé, samedi, « une dernière mise en garde à tous ceux qui poseraient des actes de violences avant pendant ou après le scrutin ». « Des instructions fermes ont été données à tous les niveaux pour prévenir et réprimer sévèrement tout acte qui viendrait à perturber les opérations de vote », a prévenu le ministre sur les médias d’Etat. Le bras de fer est loin d’être terminé.

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