Niger : six mois après son arrestation, Moussa Tchangari toujours détenu arbitrairement


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Moussa Tchangari - Détention arbitraire

Arrêté depuis six mois au Niger pour des accusations liées au terrorisme, Moussa Tchangari, figure de la société civile, est toujours privé de liberté. Les ONG dénoncent une détention arbitraire et appellent à sa libération immédiate.

Les organisations de défense des droits humains demandent la libération immédiate de Moussa Tchangari, figure de la société civile nigérienne incarcérée depuis six mois pour des accusations controversées de terrorisme. Sa détention préventive prolongée inquiète les ONG et suscite des critiques sur le climat politique au Niger.

Une arrestation controversée

Arrêté le 3 décembre 2024 à son domicile à Niamey, Moussa Tchangari, secrétaire général d’Alternatives Espaces Citoyens (AEC), croupit toujours en prison. Accusé d’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », « atteinte à la défense nationale » et « complot contre l’autorité de l’État en intelligence avec des puissances ennemies », il risque la peine de mort s’il est reconnu coupable.

Trois semaines avant son arrestation, il avait critiqué sur les réseaux sociaux la décision du ministre de l’Intérieur de retirer la licence de deux ONG humanitaires et dénoncé la création d’un fichier national lié au terrorisme. Une sortie jugée provocatrice par les autorités, qui ont rapidement engagé des poursuites.

Des conditions de détention préoccupantes

Transféré le 3 janvier 2025 à la prison de Filingué, à 170 kilomètres de Niamey, Moussa Tchangari reste en détention préventive sans avoir été entendu par un juge sur le fond des accusations. Ses avocats ont vu leurs recours rejetés en mars et en mai, et ont fait appel.

Selon Amnesty International, Human Rights Watch, la FIDH et l’OMCT, aucune des accusations portées contre lui ne correspond à des infractions reconnues au niveau international. Pour ces ONG, il s’agit d’un « harcèlement judiciaire » visant à réduire au silence une voix critique du pouvoir en place depuis le coup d’État de juillet 2023.

Une répression grandissante au Niger

L’arrestation de Moussa Tchangari s’inscrit dans une tendance inquiétante au Niger depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire. Dans un rapport publié en mars 2025, Amnesty International dénonçait une répression accrue contre les opposants, les médias et la société civile. « Son arrestation est une grave erreur et un signal inquiétant pour tous ceux qui défendent la démocratie et les droits humains », affirme Isidore Ngueuleu de l’OMCT. Pour Marceau Sivieude d’Amnesty International, « Moussa Tchangari est détenu uniquement pour avoir exercé ses droits humains ».

Les quatre ONG appellent les autorités nigériennes à libérer immédiatement Moussa Tchangari et à abandonner toutes les charges retenues contre lui. Elles dénoncent également la menace de déchéance de nationalité qui plane sur le défenseur des droits humains, au nom d’une ordonnance controversée de 2024 sur le terrorisme.

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