Moustapha Diop, un déplumeur plus efficace que la machine !


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Moustapha Diop déplumeur à Thiès
Moustapha Diop, déplumeur à Thiès

Agé de 22 ans, Moustapha Diop exerce le métier de déplumeur depuis 6 ans. Auparavant, le jeune a embrassé le métier de tailleur, qu’il a pratiqué pendant trois ans. Seulement, son patron décédé, il se retrouvait sans travail. C’est là qu’il a entrepris de devenir déplumeur. Un travail qu’il fait de façon soignée, « mieux que la machine à déplumer », dit-il. AFRIK.COM est allé à sa rencontre.

« Moustapha, cela fera 70 poulets au total, si tu finis de déplumer ces 15 poulets que je viens de te remettre ». « Très bien », répond Moustapha Diop, qui venait d’être interpellé par un nommé Meïssa, vendeur de poulets de chair. Tous deux évoluent au marché central de Thiès, au Sénégal. Les deux collaborent depuis que Moustapha Diop a regagné le marché central pour exercer ce travail de déplumeur. Pourtant, à quelques lieux de là, il existe des machines à déplumer, seulement Meïssa est convaincu que ses poulets sont mieux faits à la main.

« Bien sûr que le travail que nous faisons est de loin plus propre et plus soigné que celui que fait la machine », confirme Moustapha Diop, teint noir, sourire au coin. Un poulet, deux, trois, quatre, cinq plongés en même temps dans l’eau chaude contenue dans des fûts de peinture usagers. En moins de cinq minutes, les carcasses sont prêtes à être livrées. Il faut en moyenne une minute maximum à Moustapha Diop pour faire un poulet. Entendez par faire : déplumer et nettoyer l’intérieur.

« Un poulet est déplumé à 200 FCFA et il arrive que j’en déplume jusqu’à 600 par jour, avec mon équipe. Le matin, je me rends à mon lieu de travail où je reste jusqu’à 18 heures, parfois 19 heures. Sur place, on attend qu’on nous amène des poulets à déplumer. Cela peut être 100, 150 ou 200 poulets à faire sur place. On reçoit les bêtes par vagues. Parfois, c’est un client qui nous amène un seul poulet à déplumer, on le fait et on attend un autre », confie le jeune homme, tout en sueur.

Moustapha Diop déplumeur (Thiès)« Parfois, c’est carrément un fermier qui nous amène ses poulets déjà abattus à déplumer. Parfois 100, 200 ou même 400 poulets à faire. On s’y met et cela peut nous prendre une bonne partie de la journée. Parfois, on donne rendez-vous aux fermiers pour commencer le travail la nuit tombée. Avant l’aube, on peut facilement déplumer jusqu’à 500 poulets dans une ferme. Là, on n’attend pas, car les poulets sont là, il faut les faire. On met en place nos fûts, avec assez d’eau à côté, et on fonce. C’est une affaire d’homme », lance-t-il.

A première vue, ce qui a attiré notre attention, ce sont ses mains toutes blanches, qui visiblement, ne ressentent plus la chaleur de l’eau bouillante dans laquelle les poulets sont trempés. « Je suis habitué à tremper mes mains dans l’eau chaude », confie-t-il. A la question de savoir s’il souhaiterait avoir une machine à déplumer, Moustapha Diop est catégorique : « non, je ne veux pas de machine. Avec mes collaborateurs, on parvient à faire un travail bien propre. Actuellement, j’ai recruté trois personnes qui m’assistent dans le travail ».

Aujourd’hui, Moustapha Diop ne se plaint pas. « Je rends grâce à Dieu, je parviens à subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille », confie celui qui, par la force des choses, s’est reconverti en déplumeur. Avant d’embrasser ce métier, Moustapha Diop exerçait le métier de tailleur. « Je l’ai fait pendant trois ans. J’avais même commencé à coudre des habits. Seulement, mon patron, Aly Sow, est décédé. J’étai alors contraint de quitter l’atelier, qui était fermé par la suite. C’était dur au début, car changer de boulot du jour au lendemain, ce n’était pas évident ».

Cette page tournée, le jeune se concentre sur sa nouvelle activité. Sa « forte saison » étant la période de l’Achoura ou la fête du couscous, Noël ou encore la Saint-Sylvestre. « Durant ces périodes, on travaille non-stop et bien évidemment, on récolte beaucoup d’argent », confie Moustapha Diop, qui ne s’est pas arrêté une seule seconde durant tout le temps qu’aura duré l’entretien.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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