« Mon ami a le sida, c’est mon ami ! »


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Le magazine Planète Jeunes, en partenariat avec l’Institut Pasteur et l’Ong Plan, a lancé sa campagne de mobilisation pour la Journée mondiale de la lutte contre le sida le 1er décembre prochain. Il appelle les jeunes Africains à apporter leur pierre à l’édifice par des actions concrètes. Kidi Bebey, rédactrice en chef du bimestrielle, revient pour Afrik sur la philosophie de l’initiative.

« Mon ami à le sida, c’est mon ami ! » « Tous solidaires contre le sida ». Tel est le slogan de la campagne lancée par le magazine Planète Jeunes[<*>Tiré à 80 000 exemplaires, le magazine destiné aux 15-25 ans est uniquement distribué sur le Continent. Un seul numéro est lu par 17 lecteurs !]] pour mobiliser les jeunes le 1er décembre prochain à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre le sida. En partenariat avec [l’Institut Pasteur et l’Organisation non gouvernementale Plan, le bimestrielle appelle les jeunes du Continent à développer des actions concrètes autour de la solidarité face à la maladie. Kidi Bebey, rédactrice en chef du journal, nous explique les fondements de l’initiative et nous confie son admiration face au dynamisme de la jeunesse africaine dont l’envie de faire bouger les choses reste intacte.

Afrik.com : Le sida est un thème très vaste. Pourquoi avez-vous décidé de lancer une campagne sur la solidarité autour de la maladie ?

Kidi Bebey :
Il y a une évolution dans l’appréhension de la maladie. Il y a dix ans, le travail était centré autour du déni de la maladie. Pour beaucoup le sida, c’était « le Syndrome Inventé pour Décourager les Amoureux ». Aujourd’hui l’information et la sensibilisation sont déjà bien abouties. Il reste que les malades sont souvent marginalisés et stigmatisés. La solidarité est le thème que nous avons retenu avec nos partenaires, l’Institut Pasteur et l’Organisation non gouvernementale Plan.

Afrik.com : Au-delà du simple message, quel est le but opérationnel de la campagne ?

Kidi Bebey :
La campagne est une interpellation pour la jeunesse africaine. Et vous que faîtes-vous concrètement pour œuvrer à une meilleure acceptation des malades ou des personnes infectées ? Il s’agit d’inciter les jeunes à passer du discours à l’action en matière de solidarité. Ils peuvent nous faire part de leurs initiatives pour le 1er décembre prochain, afin que nous puissions, soit les relayer dans le magazine, soit faire un travail de mise en contact avec d’autres jeunes du continent susceptibles d’œuvrer en synergie.

Afrik.com : La sensibilisation sur le sida est telle que la maladie est presque banalisée sur le Continent et ailleurs. N’est ce pas préjudiciable à la lutte contre ce fléau ?

Kidi Bebey :
Il y a effectivement chez les adultes une sorte de lassitude, malgré le degré d’urgence qui reste très important. La progression de la maladie est rapide sur le Continent et les Africains ne peuvent pas avoir accès à la trithérapie, à cause de son coût, comme dans les pays du Nord pour prolonger la vie. Malgré tout le sida est entré dans les mœurs, beaucoup oublient qu’il vous condamne irrémédiablement en Afrique. Il faut trouver de nouvelles manières d’en parler, sans baisser les bras. Le combat est trop important.

Afrik.com : Observez-vous la même « lassitude » chez les jeunes ?

Kidi Bebey :
Non, les jeunes gardent toujours cet état d’esprit qu’on peut changer le monde. Ils gardent cette manière universelle d’être adolescents. Je trouve cela fascinant et très impressionnant. Les discours sur le Continent, dans les médias ou ailleurs, sont tellement accablants qu’on pourrait s’attendre à ce que les jeunes soient complètement découragés. Et bien pas du tout ! Au contraire, ils ne désarment pas. C’est quelque chose que je respecte beaucoup. Et au-delà du simple idéal, ils se bougent réellement. Il y a beaucoup de réalisations locales qui sont menées à bien, souvent dans des conditions difficiles. Pour ce qui est des initiatives quant à la journée mondiale contre le sida, ils peuvent nous adresser les propositions pour courrier ou sur le site Internet.

Afrik.com : D’une manière générale, vous devez recevoir beaucoup de courrier de la part de vos lecteurs ?

Kidi Bebey :
Nous recevons plus de 400 lettres par mois. Si bien que pas moins de cinq bénévoles sont mobilisés pour le courrier des lecteurs.

Afrik.com : Quelles types de sollicitations vous adressent-ils ?

Kidi Bebey :
Il est étonnant de remarquer qu’ils ne demandent rien. Rien de matériel ou de financier. Ils souhaitent juste être mis en relation avec d’autres jeunes ou uniquement que l’on parle d’eux et de ce qu’ils font dans le journal. Planète Jeunes est, en ce sens, un vecteur d’échanges, de rencontres et de communication.

Afrik.com : Quelles types d’actions peut-on impulser pour la Journée mondiale pour la lutte contre le sida ?

Kidi Bebey :
Cela peut être organiser des manifestations, aller faire un test de dépistage avec un ami ou un proche, sensibiliser les parents autour de la question. Au verso de l’affiche, détachable comme le traditionnel poster central du magazine, il y a une série d’actions possibles à impulser pour le 1er décembre. Mais ce ne sont que des pistes d’actions. Je fais confiance aux jeunes pour qu’ils fassent preuve d’initiative et de créativité.

 Pour faire part de vos initiatives. Vous pouvez écrire au journal

Planète Jeunes

1, rond point Victor Hugo

92130 Issy-les-Moulineaux

France

 Vous pouvez également directement envoyer vos propositions par email avec comme objet du message « Initiative journée mondiale contre le sida »

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