Mgr Victor Bakot : « je renonce »


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L’archevêque métropolitain de Yaoundé vient de renoncer à sa charge pastorale. Cette décision qui vient d’être rendue publique par la nonciature apostolique, met fin aux fonctions d’un prélat dont l’autorité était de plus en plus contestée et qui était cité dans des affaires de tribalisme ou de pots de vin. Retour sur le parcours de cet homme de Dieu au bilan plutôt mitigé.

Mgr Tonye Bakot n’est plus l’archevêque de Yaoundé, il a décidé de renoncer à sa charge pastorale. Nommé archevêque de Yaoundé, en 2003, pendant 10 ans Simon Victor Tonye a présidé aux destinées de l’archidiocèse le plus puissant du pays compte tenu de son importance géographique, et de son influence politique. En effet l’archidiocèse de Yaoundé couvre une superficie de 6 000 km2 et compte plus de 700 000 chrétiens catholiques. Malgré cette importance et ce positionnement, le prélat s’est toujours distingué par sa liberté d’expression afin de prendre des positions claires sur les grands problèmes qui minent la société camerounaise. Ses homélies au cours des principales célébrations chrétiennes ont toujours fait la Une des principaux titres. Concernant l’homosexualité, il déclarait au cours de la messe pontificale du 25 décembre 2011 qu’« aucune société ne se bâtit sur l’homosexualité, mais sur des valeurs », avant de continuer en ces termes : « les églises ne sauront demeurer insensibles, motus et bouches cousues devant la dégradation de la société dans laquelle elles vivent. Elles ont la tâche fondamentale d’évangéliser les nations. Ce qui signifie, leur donner l’enseignement de Jésus-Christ qui les mène constamment sur la voie de la sainteté, de la pureté, de la justice, de la vérité, de la paix, de l’amour, de la tolérance, de l’ordre et du salut. En revanche, elles ont la tâche prophétique d’avertir, de dénoncer le péché et toute déviation du peuple vers les désordres du mal », faisait-il savoir.

La restauration du sanctuaire de Nsimalen…

L’une des réussites qui aura marqué le passage de Tonye Bakot à la tête de l’archidiocèse de Yaoundé est sans doute la réhabilitation du sanctuaire marial de Nsimalen. Afin de faire la lumière sur les apparitions mariales sur ce site, l’ancien archevêque de Yaoundé avait mis sur pied une commission spéciale qui devait analyser ces événements « surnaturels »dits de Nsimalen. Cette décision avait été accueillie par des fidèles comme une reconnaissance officielle et Nsimalen est devenu un lieu de pèlerinage. De milliers de chrétiens y vont d’ailleurs tous les mois pour y méditer. Et une paroisse est en train d’y voir le jour.

Mais les médias…

Les médias auraient-ils eu raison de Victor Tonye Bakot ? L’ancien archevêque de Yaoundé aura été ces derniers mois la cible d’une véritable campagne médiatique. En 2012, une correspondance de l’homme de Dieu adressée au Recteur de l’Université catholique d’Afrique Centrale où il dénonçait la présence massive des « bamilékes » (tribu majoritaire de l’ouest du Cameroun, ndrl) au sein de cette université avait défrayé la chronique. Il avait été pris en partie par de nombreux médias, associations et intellectuels qui dénonçaient son tribalisme. Il avait d’ailleurs hérité du surnom peu flatteur de « bamophobe ». Face à cette situation qui était devenue un problème national, l’homme de Dieu était monté au créneau pour s’expliquer, tout en démontrant sa sympathie pour ses frères « bamilekes ». Visiblement en vain. Quelques mois plus tard, pointant sa « boulimie financière », il était accusé par plusieurs autres titres de journaux comme étant un liquidateur systématique des biens de l’archidiocèse. Ces derniers reprochaient au prélat d’avoir vendu tous les biens de l’archidiocèse et d’en avoir loués bien d’autres à des riches hommes d’affaires. Autant d’accusations qui auraient peut-être poussées Simon Victor Tonye Bakot, déjà affaiblit par un grave accident de circulation il y’a quelques années, à prendre définitivement du recul.

Agé de 66 ans, Mgr Victor Tonyé Bakot a été nommé évêque en 1987 et a tour à tour dirigé les diocèses de Siminina, Douala Edéa et Yaoundé. Auteur de plusieurs ouvrages, cette renonciation lui permettra de se consacrer à une passion, l’écriture.

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