Maurice Kamto : « Avant le départ du Président Ahidjo, le Cameroun était un pays à revenu intermédiaire »


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Maurice Kamto, patron du MRC
Maurice Kamto, patron du MRC

Hier dimanche, le Président du MRC, le professeur Maurice Kamto intervenait sur l’émission “La vérité en face’’ d’Equinoxe TV. Entre autres sujets d’intérêt national, l’opposant a parlé du premier président de la République camerounaise, Ahmadou Ahidjo et de la situation économique du pays sous son “règne’’.

« Il est important que la jeunesse camerounaise le sache. Mais aussi parce que, je le souligne, Ahidjo est un modèle en termes de construction nationale et de développement économique et social. Avant le départ du Président Ahidjo, le Cameroun était un pays à revenu intermédiaire », a déclaré sans ambages le principal opposant au régime de Paul Biya.
Et il poursuit : « Moi je suis d’une génération qui a vu le Cameroun, en train de décoller comme un avion, voire comme une fusée, et je suis en train de le voir se crasher. Je n’ai jamais imaginé cela de ma vie, même dans mes pires cauchemars ».

En faisant ces déclarations, le professeur de droit vient une fois de plus de mettre en évidence l’échec du régime de Paul Biya ainsi accusé d’être l’auteur de la déchéance économique du Cameroun. En effet, au début des années 1980, le Cameroun était parmi les pays africains les plus prospères au point de vue économique, après deux décennies de croissance régulière. Si la chute des cours du café, du cacao et du pétrole conjuguée aux effets de la crise économique des années 1970-1980 fut l’une des causes de la forte récession de l’économie camerounaise à partir de 1985, les problèmes de gestion et de corruption ont enfoncé le clou. La pauvreté s’accroît et touche aujourd’hui près de 40% de la population ; l’accès aux services sociaux de base n’est pas une réalité dans bien des régions du pays.

Selon Maurice Kamto qui va profiter de l’occasion pour livrer un pan de son programme politique, le Président Ahidjo, pour ce qu’il a été pour le Cameroun, mérite d’être honoré : « Il faut honorer sa mémoire. C’est une affaire de notre nation. Si je suis en capacité de gouverner demain, je vais construire la grande maison de la mémoire. C’est l’endroit où on déposera les cendres de ceux qui ont assumé ce genre de fonction au Cameroun. Il n’y a pas que les politiques, il y a aussi les hommes de culture et les hommes de science. Il faut que nous ayons de la mémoire. C’est comme cela que les grandes nations se construisent », a dit l’homme politique.

Rappelons que Ahmadou Ahidjo a dirigé le Cameroun d’une main de fer de l’indépendance jusqu’en 1982, laquelle année il a volontairement laissé le pouvoir et passé la main à son Premier ministre, Paul Biya, qu’il avait porté sous ses ailes. Mais les relations ne tardèrent pas à se détériorer entre les deux hommes au point que Ahidjo, accusé de vouloir renverser le régime de Biya, a été condamné à mort par contumace. Il ne foulera plus le sol camerounais jusqu’à sa mort, le 30 novembre 1989, à Dakar où il fut enterré. La question du rapatriement de ses restes au Cameroun continue de défrayer la chronique.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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