Manifestations en Guinée ou l’éternelle querelle entre pouvoir et opposition


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L’opposition guinéenne a annoncé la suspension jusqu’à lundi des manifestations contre le pouvoir. Celles-ci ont fait un mort et plusieurs blessés. Le gouvernement appelle de son côté au dialogue.

C’est à se demander si cette querelle entre le pouvoir et l’opposition en Guinée s’estompera un jour. Les manifestations, lundi, en Guinée ont fait officiellement un mort et dix blessés suite à des affrontements entre les forces de l’ordre et les partisans de l’opposition qui, elle, parle de trois morts au moins et plusieurs dizaines de blessés.

Cette dernière a annoncé qu’elle suspendait les manifestations jusqu’à lundi. « Nous avons décidé de suspendre les manifestations pour les reprendre lundi, afin de permettre à nos militants et à la population de souffler », a déclaré, le 14 avril, le chef de file de l’opposition guinéenne, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo. Mais « concernant le dialogue avec le gouvernement, il faut que la CENI (Commission électorale nationale indépendante) annule son chronogramme électoral et mette fin à ses activités sur le terrain », a-t-il précisé après la publication d’un communiqué gouvernemental.

Appel au calme

Le pouvoir, qui a promis que la lumière sera faite sur les tirs à l’encontre des manifestants entraînant un mort, appelle à l’apaisement et au dialogue. Dans un communiqué publié mardi, à l’issue d’une réunion dans l’après-midi avec dix ministres, le Premier ministre Saïd Fofana a en effet a appelé au dialogue pour parvenir à « un consensus autour des échéances électorales ». En l’absence du Président Alpha Condé, qui après un passage à Paris se trouve désormais à Washington pour les réunions de printemps de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI), du 17 au 19 avril. Le Premier ministre a aussi appelé à « la mise en place d’un comité restreint chargé de [lui] faire des propositions concrètes permettant la reprise rapide du dialogue avec les partis de l’opposition ».

Un air de déjà vu

Ces nouvelles manifestations ont un air de déjà vu. L’opposition avait appelé à manifester, lundi, dans toutes les communes de la capitale, contre l’insécurité, dont elle impute la responsabilité au Président Alpha Condé, après l’agression de son porte-parole, le 4 avril, à Conakry. Mais la marche censée être pacifique vire vite au drame. Tôt le matin, les forces de l’ordre se sont déployées en masse dans tous les lieux prévus de ces rassemblements non autorisés dans plusieurs carrefours de la capitale, notamment aux ronds-points de Bambéto, de l’aéroport, de Hamdallaye et Lambanyi. Des affrontements éclatent entre manifestants et force de l’ordre. Ces dernières tirent alors pour rétablir l’ordre, provoquant des scènes de panique chez des habitants tentant de rentrer chez eux.

Ce n’est pas la première fois que la Guinée connait ce genre de situation. Les manifestations de l’opposition se transforment souvent en bain de sang. En mars 2013 par exemple, au moins sept manifestants avaient été tués lors d’une marche de l’opposition, à Conakry, violemment réprimée par les forces de l’ordre. L’opposition réclamait alors l’organisation d’élections législatives libres et démocratiques. Des milliers de personnes avaient répondu à cet appel à manifester.

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