Lutte contre l’impunité en RDC : leurre ou réalité?


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Le ministre de la justice de la République démocratique du Congo (RDC), Bambi Luzolo, appelle les magistrats à traquer les responsables de la fonction publique qui auraient détourné les deniers de l’Etat. Il a ordonné aux magistrats de mettre fin à l’impunité et à la corruption qui gangrènent la société congolaise et les entreprises d’Etat. Des déclarations que les magistrats comme les politiciens de l’opposition ont accueilli avec circonspection.

De notre correspondant en RDC

La tolérance zéro était le maître mot du discours prononcé par le ministre congolais de la justice aux magistrats, la semaine dernière. « Il faut que la
justice montre de quoi elle est capable. C’est à la justice de prouver
au peuple congolais qu’elle est indépendante, parce que le chef de
l’Etat a bien dit que personne n’est au-dessus de la loi. La balle
est donc du côté des magistrats, en l’occurrence du procureur de la
République et de ses magistrats », a déclaré M. Bambi Luzolo. Et d’ajouter: « s’il y a une question à poser, c’est du côté des magistrats et non des
politiques, et les choses sont claires ».

Un vrai jeu de ping-pong

Les magistrats, quant à eux, se disent favorables à l’application de cette
mesure, mais fustigent l’interférence des politiques dans la
justice. Selon le président du syndicat indépendants des magistrats, les politiques, qui aujourd’hui lancent cet appel, sont ceux-là même qui
favorisent l’impunité. « Ce sont eux, les politiciens, qui font cette
catégorisations. Nous espérons cette fois-ci que, quand les magistrats
vont agir, ils ne vont plus interférer », a déclaré Sambayi Mutenda,
président du syndicat indépendant des magistrats. Il a précisé que «
quand les politiciens parlent des « Kouluna » en cravate, ils font
allusion indirectement, pour nous qui comprenons les choses, à
l’existence de cette catégorie d’intouchables. Et ce n’est pas pour
rien que mon syndicat a toujours parlé de la privatisation de la
justice au Congo depuis un temps, parce qu’on cherche à favoriser plus
ceux qui côtoient le pouvoir, pour qu’ils ne soient pas inquiétés,
donc l’installation pure et simple de l’impunité ».

Un vrai jeu de ping-pong entre les deux pouvoirs, donc. Qui a tort, qui a
raison ? La question demeure.

Réaction de la classe politique

Dans la classe politique congolaise, chacun à analysé à sa façon la déclaration du ministre de la justice.
Emery Okundi, député national de l’opposition, estime que cet appel à
la tolérance zéro n’est qu’une simple déclaration de bonnes intentions. « Nous craignons
que la tolérance zéro nouvelle version ne soit qu’un slogan creux,
vide de sens. Nous voulons voir les actions », a-t-il commenté.

Pour sa part Aubin Minaku, député national membre du PPRD (parti au
pouvoir), a fait montre d’optimisme. « Je crois que
cette fois-ci, c’est la bonne. La volonté politique est réelle. Le
ministre est en train de systématiser les mécanismes pour que la lutte
contre ceux qui détournent les deniers publics soit effective », a-t-il
dit. Aubin Minaku a aussi demandé à tous d’éviter la calomnie.

Déjà en pratique ?

Cité parmi les mandataires publics qui doivent subir une enquête
judiciaire, l’Administrateur délégué général de la régie des voies
aériennes (RVA) et quelques membres de son comité de gestion ont été
entendu par la justice le 2 septembre. Jean Acisse, de nationalité
française, a été assigné à résidence le lendemain matin a précisé une
source de la justice congolaise. Est-ce un début effectif de l’opération ou un simple effet d’annonce, comme les Congolais y sont tant habitués ? Seule la suite des événements nous le dira.

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