Lucy, ambassadrice de l’humanité : le fossile éthiopien exposé pour la première fois en Europe


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Une représentation de Lucy
Une représentation de Lucy

Le fossile mondialement célèbre de « Lucy », l’un des plus anciens témoignages de l’évolution humaine, a quitté l’Éthiopie pour être présenté pour la première fois dans un musée européen. Le Musée national de Prague accueillera pendant deux mois ce squelette partiel d’Australopithecus afarensis, vieux de 3,2 millions d’années.

Découverte en 1974 sur le site de Hadar, dans la vallée de l’Aouache en Éthiopie, Lucy reste à ce jour l’un des fossiles les plus emblématiques de la paléoanthropologie. Son squelette, complet à environ 40 %, a fourni des preuves décisives de la bipédie précoce des hominidés, une étape déterminante dans l’évolution humaine.

Un patrimoine scientifique devenu symbole universel

Lucy est l’un des fossiles les plus emblématiques de la paléoanthropologie. Son squelette, complet à 40 %, a apporté des preuves essentielles sur la bipédie des hominidés, étape clé dans l’évolution humaine. Mais au-delà de son importance scientifique, Lucy est devenue un symbole universel. « Même si elle a été découverte en Éthiopie, Lucy appartient au monde entier. Elle rassemble les gens, elle crée des liens entre les peuples et les gouvernements », souligne Yohannes Haile-Selassie, directeur de l’Institut de l’origine humaine à l’Université d’État de l’Arizona.

Cette présentation à Prague constitue  une opportunité culturelle et touristique majeure. Des milliers de visiteurs sont attendus au musée, attirés par la rareté de l’événement. Pour la République tchèque, accueillir Lucy est une vitrine prestigieuse qui renforce le rayonnement de ses institutions scientifiques et muséales. Pour l’Éthiopie, qui conserve jalousement ce patrimoine dans les coffres du Musée national à Addis-Abeba, ce voyage est une forme de diplomatie culturelle.

À travers Lucy, le pays partage une partie de son héritage avec le monde, tout en renforçant ses liens avec l’Europe.

Diplomatie des fossiles et coopération internationale

Ce type d’exposition s’inscrit dans une dynamique plus large où la science devient un outil de dialogue international. La présence de Lucy à Prague pourrait ouvrir la voie à de nouvelles collaborations entre l’Éthiopie et les institutions européennes dans les domaines de la recherche archéologique, de la conservation et du tourisme patrimonial. « Lucy devient en quelque sorte une diplomate, une ambassadrice de l’humanité », commente Yohannes Haile-Selassie. Un rôle que la petite Australopithèque endosse avec naturel, elle qui, depuis sa découverte, n’a cessé de réécrire le récit des origines humaines.

Si la joie des visiteurs est immense, certains experts expriment leur inquiétude quant aux risques liés au transport de ce fossile fragile. Les ossements, extrêmement sensibles, pourraient souffrir des variations climatiques ou d’un accident de manipulation.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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