Les troubles mentaux : un fléau africain


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Masque Nunuma
Masque Nunuma du Burkina Faso

L’Afrique est particulièrement démunie face à la recrudescence des troubles mentaux qui touchent l’ensemble de la planète. Sombre tableau au lendemain de la journée mondiale de la santé sur le thème des maladies mentales.

L’Afrique est la principale victime des maux de l’âme. En décidant de focaliser l’attention de l’opinion publique sur les maladies mentales dans le monde, lors de la journée mondiale de la santé du 7 avril, les spécialistes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont décidé de tirer la sonnette d’alarme.

Manque de moyens, formation dérisoire de personnel médical, pauvreté, conflits, tout concourt à faire de l’Afrique le plus touché des cinq continents. Les estimations de l’OMS révèlent que près d’un demi-milliard d’êtres humains seraient concernés par les diverses pathologies reconnues. La plupart sont issus du tiers-monde et ne disposent pas des moyens nécessaires pour lutter contre leur mal.

Zones rurales totalement démunies

En raison de l’insuffisance des moyens et de la cherté des soins, peu d’hôpitaux accueillent les malades. En zones rurales, où les infrastructures sanitaires sont négligeables, la situation est encore pire. L’état des malades est attribué aux forces irrationnelles comme la sorcellerie ou la possession démoniaque.

Si aucun chiffre précis ne donne la part de l’Afrique dans ces statistiques, « il est clair qu’elle y intervient d’une façon écrasante », explique le docteur Custodia Mandlate chef du département régional des maladies mentales pour l’Afrique. Alors qu’en Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas, les troubles mentaux constituent plus de 20% des dépenses de santé, ils atteignent péniblement 1% des budgets sanitaires moyens des pays africains.

Un tiers des Africains victimes de dépression

« 74% des pays africains ont intégré des programmes de lutte contre les maladies mentales mais seulement 50% les mettent en place. Et encore, avec des moyens très faibles », estime Custodia Mandlate. Alors que la « schizophrénie et l’épilepsie touchent respectivement un Africain sur cent et que près d’un tiers d’entre eux souffrent de symptômes dépressifs ».

Pour pallier le manque de personnel médical, le bureau Afrique des maladies mentales a développé dans la région des Grands Lacs, marquée par les guerres, le génocide rwandais et les déplacements de population, des programmes de traitement fondés sur l’approche communautaire. Le but est de donner les moyens de confier à la communauté dans laquelle vivent les malades une partie de la prise en charge de ceux-ci. Les experts de l’OMS espèrent que les conclusions de ces projets pilotes permettront de dégager un programme spécial à l’intention de l’Afrique. Or, avec 25 millions d’Africains touchés par le sida et les ravages de maladies telles que le paludisme, il est à craindre que les maladies de l’âme soient reléguées au dernier rang des priorités.

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