Les Harkis manifestent à Paris pour l’instauration d’une journée de l’abandon


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Près de 150 harkis ont manifesté dimanche à Paris pour la reconnaissance par la France de l’abandon de ces supplétifs, qui ont combattu aux côtés des soldats français, à la fin de la guerre d’Algérie, en 1962. Ils réclament qu’une journée officielle de l’abandon soit instaurée le 12 mai.

«Abandon, trahison, les Harkis sont dans la rue», ont scandé les 150 manifestants harkis ce dimanche à Paris pour réclamer la reconnaissance par la France de l’abandon de ses supplétifs dans son armée à la fin de la guerre d’Algérie, en 1962. Livrés à eux-mêmes, ces derniers seront massacrés par leurs compatriotes qui les considéraient comme des traîtres en raison de leur engagement auprès des militaires français. Les protestataires, des femmes accompagnées d’enfants, des jeunes, des vieux harkis couverts de médailles, rassemblés devant le Palais de justice sur l’Ile de la cité, ont répondu à l’appel d’une quarantaine d’organisations issues de différentes régions de l’Hexagone.

Certains manifestants, venus du sud de la France, avaient une grande banderole où l’on pouvait lire : « Les manifestants veulent que le chef de l’Etat honore ses engagements et reconnaisse la responsabilité de l’Etat dans le mauvais accueil dans les camps, et le massacre de plus de 100.000 harkis », abandonnés au moment du retrait français d’Algérie.

Selon les protestataires, « La reconnaissance c’est maintenant », en référence aux promesses de campagne de François Hollande, qui avait promis de répondre à leurs revendications, dont notamment faire du 12 mai une journée de l’abandon. Date à laquelle, en 1962, les ministres chargé de l’Armée et des Affaires étrangères Pierre Messmer et Louis Joxe ont scellé le refus de l’accueil des harkis en France après les Accords d’Evian, signés en mars de la même année et mettant fin à la guerre.

Les descendants des Harkis estimés à 700 000

Les Harkis et descendants d’Harkis seraient estimés à 700 000. Selon les historiens, 55.000 à 75.000 supplétifs de l’armée française ont été abandonnés et furent les victimes de sanglantes représailles par leurs compatriotes. Nombre d’entre eux ont même été déchus de leur nationalité algérienne. Pour le Comité national de liaison des harkis, le nombre de sacrifiés dépasserait les 100.000 alors que seulement quelques 60.000 harkis avaient été admis en France et logés dans des camps de fortune.

En février 2005, la France a exprimé sa « reconnaissance » envers les harkis à travers une loi qui loi prévoit des réparations financières et morales. Ainsi les Harkis et leurs orphelins percevront une « allocation de reconnaissance » de 2 800 euros par an qui sera accompagnée d’un capital de 20 000 euros. Cette législation protège également les anciens harkis « contre les insultes, la diffamation et contre ceux qui veulent nier leur tragédie ».

Hommage national à la communauté harki

Notons qu’en 2001 déjà, Jacques Chirac a rendu un hommage national à la communauté harki, en inaugurant une plaque gravée aux Invalides. Elle témoignait de la reconnaissance de la France « envers les rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie pour les sacrifices qu’ils ont consentis ». Cependant pour l’historien Benjamin Stora, au delà de la souffrance, il faudra bien un jour, aussi bien en France qu’en Algérie, s’interroger également sur ce qu’on fait les harkis. « Ils ont choisi la France et ils ont perdu », constate-t-il. Un choix qui scella à jamais leur destinée.

Le terme de harkis, tiré de l’arabe harka (mouvement), s’applique aux soldats de certaines unités supplétives autochtones d’Algérie engagées avec l’armée française contre la rébellion indépendantiste, de 1954 à 1962. Cette appellation s’est étendue abusivement à tout autochtone ayant pris le parti de la France durant la guerre d’Algérie, qu’il soit civil ou armé, ainsi qu’à sa famille. Depuis des siècles la France armait pour son compte des ressortissants locaux dans les pays où elle exerçait son autorité. Selon cet usage, en Algérie, dès le début de la rébellion, les représentants des autorités françaises recherchèrent l’adhésion des musulmans à la lutte contre la subversion. (Extrait de la définition de l’Encyclopaedia Universalis).

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