Les cybercafés s’essoufflent au Cameroun


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Plusieurs cybercafés du Cameroun connaissent une baisse de leur fréquentation. Selon certains responsables d’établissement, cela s’explique par le fait que les Camerounais, qui surfent essentiellement pour trouver l’âme soeur hors du continent noir, sont découragés par le durcissement des lois d’immigration en Europe.

On observe de moins en moins d’engouement des opérateurs économiques camerounais à investir dans les cybercafés, qui se transforment en d’autres espaces commerciaux s’ils ne sont pas simplement fermés.

Internet a fait son entrée au Cameroun dans les années 1990 à Douala, la capitale économique du pays. L’activité était alors très florissante, se souvient Georges Messe, moniteur dans un cybercafé à Yaoundé, la capitale.

« J’ai travaillé dans le tout premier cybercafé du pays qui réalisait des recettes journalières d’environ 300 000 FCFA, l’heure de navigation coûtait pratiquement le triple du tarif actuel (soit 500 FCFA) », explique-t-il. A l’époque, le phénomène mobilisait des Camerounais de tous âges qui ne nourrissaient qu’un seul rêve : aller en Europe.

Responsable d’un cybercafé, Edouard pense que les fréquentations de ces lieux ont diminué parce que les Occidentaux ont durci les conditions d’entrée dans leurs pays. Ainsi, selon lui, l’obtention du visa étant devenu plus difficile, les Camerounais ne veulent plus perdre leurs maigres moyens pour rien.

Pour Georges Messe, également moniteur de cybercafé, comme toute nouvelle aventure, Internet a tout simplement fait son temps et beaucoup de ceux qui y voyaient un moyen de sortie du pays ont découvert la réalité.

« Je connais au moins une dizaine de jeunes partis pour l’Europe par le canal de l’Internet qui sont revenus morts ou alors, pour les chanceux, malades et sont décédés après », témoigne-t-il.

« Chaque fois qu’il y a du nouveau, tout le monde est attiré et après avoir découvert les réalités, chacun revient dans sa coquille et devient un bon éducateur pour ceux qui cherchent encore à s’imprégner de la chose », note Isaac, sociologue.

Un curé parlant sous le couvert de l’anonymat fustige « la pauvreté d’esprit des Camerounais qui cèdent à la facilité pour gagner leur vie ». Selon lui, Internet a des vertus autres que la recherche des mariages faciles.

Pour ce religieux, les premiers utilisateurs d’Internet au Cameroun ont donné un sens négatif à ce formidable outil de la recherche, à tel point que tous ceux se rendent dans les cybercafés sont considérés comme des chercheurs de mariages.

On pourrait cependant expliquer l’essoufflement des cybercafés par le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), qui a banalisé l’accès à l’Internet.

Ainsi, la possibilité est désormais offerte aux Camerounais d’avoir l’Internet à domicile à des tarifs relativement abordables, ce qui signifie moins de clients pour les cybercafés.

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