Les Comoriens ont leur télévision nationale


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Drapeau des Comores
Drapeau des Comores

Cela fait une semaine que les Comoriens, bien que peu nombreux à posséder un téléviseur, jouissent d’une télévision nationale. Il aura fallu un an à Canal France International (CFI), filiale et opérateur exclusif des actions de coopération de France Télévisions, pour donner corps au rêve des autorités comoriennes.

La télévision nationale comorienne fête, ce vendredi, sa première semaine d’existence. Le 7 avril dernier à 17 heures locales, le dernier pays africain à ne pas en disposer remédiait à une situation, pour beaucoup, très insolite en ce 21e siècle. Les origines de cette petite révolution cathodique remontent à avril 2005. Le Président comorien, le colonel Azali Assoumani, est alors en visite officielle en France et profite de l’occasion pour demander officiellement l’aide du pays dans la mise en place d’une télévision nationale. Cette aide prendra la forme de l’expertise technique de Canal France International (CFI), filiale et opérateur exclusif des actions de coopération de France Télévisions, qui fournira également environ 80% de programmes français de la télévision comorienne.

« Les gens sont fiers »

La chaîne nationale émet, sur les trois îles de la Grande Comore, d’Anjouan et de Mohéli qui forment l’Union des Comores, tous les jours de 17h à 23h. Succède au clip d’ouverture d’antenne, une lecture du coran, des dessins animés, des documentaires et une rediffusion du débat de la veille, le Bangwé (signifie place publique en comorien ou shikomori, ndlr). Le premier journal est diffusé, en français, de 20h à 20h15. Il est ensuite suivi du Bangwé du jour qui dure 30 minutes, auquel succède, toujours en shikomori et pendant 15 minutes, le deuxième journal. La soirée télévisuelle s’achève à 23h après une fiction. Ce qui change considérablement les Comoriens de leurs petites télévisions communautaires, où il était exclusivement question de politique, des soirées vidéo ou encore des bouquets satellitaires pour les plus nantis.

« Les gens sont fiers de cette nouvelle télévision », affirme Hamada Madi Bolero, le Président-directeur général de l’Office de Radio Télévision des Comores (ORTC) à sa grande satisfaction. « C’était presque mission impossible, je ne crois pas que les Comoriens y aient cru à plus de 5%. Nous n’avons jamais eu de télévision, c’est une chose nouvelle qu’ils attendent depuis longtemps et rien n’aurait été possible sans le concours de CFI ». Les Comores avaient bien demandé l’aide de Pékin, mais de télévision, la coopération chinoise n’avait laissé, en 2000, que des bâtiments censés l’accueillir elle et la radio. « Une télévision sans caméra, explique Christian Dauriac, le directeur-général adjoint de CFI. Nous avons fait d’une télévision qui ne marchait pas, une télévision qui marche ».

Mais la télévision demeure un luxe

À la faveur d’une mission d’évaluation, suivie d’une autre plus opérationnelle, début février 2006, les experts de CFI ont en effet contribué à la formation du personnel de la télévision comorienne. Tout comme celui de veiller à ce que ses salariés jouissent d’un statut. Ils sont au total 32. La rédaction, vieille de trois semaines, compte quatre femmes et est formée de journalistes qui viennent de la radio nationale ou qui ont été formés à l’étranger. L’archipel ne disposant plus d’aucune structure de formation dans ce domaine.

Même si jusqu’ici les débats télévisés ont uniquement tourné autour de thèmes de société, l’approche du scrutin présidentiel du 16 mai prochain aura joué un rôle d’accélérateur dans la mise en place de la chaîne nationale. « Nous avions la possibilité de lancer la télévision à une autre date, mais nous avons estimé que ce serait plus significatif à la veille des élections ». Le Colonel Azali Assoumani, élu en 2002 et qui ne se représentera pas (la constituion de 2001 prévoit une présidence tournante entre les trois îles de l’Union des Comores. Le prochain président des Comores sera donc originaire de l’île d’Anjouan), pourra au moins se réjouir d’avoir tenu un de ses paris, celui de développer les médias.

Reste à son successeur de trouver les moyens de développer cette télévision et de la rendre accessible à tous, en dépit de l’ampleur de la crise que connaît son pays. La télévision, qui selon Hamada Madi Bolero permet déjà « aux Comoriens, séparés par la mer, de mieux se connaître car ils se rendent compte qu’ils ne se connaissent pas bien », demeure encore un luxe pour les 700 000 habitants de l’Union des Comores.

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