Le Nigeria malade de son or


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Prendre l’or et rejeter le plomb dans l’eau. Une mauvaise habitude des orpailleurs qui a déjà entraîné la mort d’au moins 163 personnes. Le bilan de la contamination pourrait s’alourdir.

Ils seront morts dans un avenir proche. C’est la tragique hypothèse de Richard Fuller, de l’Institut Blacksmith, concernant des centaines d’enfants. Depuis le mois de mars, au moins 163 Nigérians ont perdu la vie en raison de l’exploitation sauvage de mines d’or. Les hôpitaux de l’Etat de Zamfara, dans le Nord-Ouest du pays, ont déclaré plusieurs centaines de cas d’empoisonnement d’habitants venant de cinq villages des districts d’Anka et Bungudu.

Pour séparer les paillettes d’or de la boue, les orpailleurs utilisent du plomb. Ces derniers temps, ils l’ont ensuite rejeté dans les rivières qui alimentent les populations en eau. Les enfants mouraient les uns après les autres. Du paludisme, pensaient les villageois. Jusqu’à ce qu’on analyse leur sang lors du programme annuel de vaccination. Si le porte-parole de l’Etat de Zamfara a commencé par nier la vague d’empoisonnements, les autorités nigérianes cherchent dorénavant à la stopper. Le temps presse : de nombreux habitants sont contaminés, sols et cours d’eau regorgent de plomb et lors de la saison des pluies qui arrive, la pollution pourrait s’étendre à d’autres régions de l’Etat.

L’Etat se lance dans la décontamination

« Les malades sont actuellement soignés et les travaux de décontamination sont en cours dans les zones sinistrées », a affirmé lundi le ministre nigérian de la Santé, Suleiman Bello. Le gouvernement de l’État du Zamfara a débloqué 1,6 million de dollars pour faire face à ce problème de santé public. La terre contaminée va être remplacée par de la terre saine, et le sol des habitations sera cimenté. Sa’adu Idris, responsable de la santé publique de l’Etat de Zamfara a déclaré à la BBC que les zones concernées seraient décontaminées dans les quatre semaines à venir.

L’Organisation mondiale de la santé, le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies, la société de consultants new-yorkaise Blacksmith Institute et la branche hollandaise de Médecins sans frontières sont venus prêter main forte au gouvernement.

Christelle Gérand
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Journaliste française indépendante, Christelle Gérand s’est d’abord illustrée au début des années 2010 sur Afrik.com, où ses enquêtes sociopolitiques lui ont ouvert les portes du grand reportage Formée à l’Institut France-Presse après une double licence d’histoire et de philosophie, elle a affûté son regard critique lors de piges à New York puis à Paris avant de poser ses valises à Addis-Abeba en 2017 Depuis la capitale éthiopienne, elle sillonne la Corne de l’Afrique et au-delà pour livrer des formats longs qui mêlent récit, données et images, publiés dans des médias de référence comme Le Figaro, Mediapart, GEO, Le Monde diplomatique ou Causette Toujours attentive aux enjeux environnementaux, sanitaires et humanitaires, cette grand-reporter met sa plume et sa caméra au service d’une ambition : rendre visibles les mécanismes profonds — conflits, injustices ou dérèglements écologiques — qui façonnent l’Afrique contemporaine.
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