Le mouvement syndical menace de paralyser la Guinée


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Le mouvement syndical menace de bloquer le pays dès le 5 janvier s’il n’a pas une réponse claire du président par intérim Sékouba Konaté concernant l’état de santé réel du leader de la junte, Moussa Dadis Camara hospitalisé à Rabat, au Maroc, depuis près d’un mois. Deux de ses leaders, Rabiatou Sera Diallo et Ibrahima Fofana, auraient eu une conversation téléphonique avec Moussa Dadis Camara le 31 décembre. Mais ils se questionnent sur l’identité réelle de leur interlocuteur.

Notre correspondant en Guinée

Le mouvement syndical guinéen a menacé de paralyser le pays lors d’une rencontre avec la presse, samedi après-midi, à la Bourse du travail de Conakry, siège de la confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG). Tout a commencé par l’évocation d’une bien curieuse communication téléphonique entre les dirigeants syndicaux guinéens, Rabiatou Sera Diallo et Ibrahima Fofana, avec le président Dadis Camara, selon les initiateurs de cette communication, Théodore Kourouma (membre du cabinet du président Dadis Camara), et Papa Koly Kourouma (ministre en charge de l’Environnement). Deux membres du gouvenement qui font partie de l’entourage familial du capitaine Moussa Dadis Camara.

Répondant aux questions de la presse, la secrétaire générale de la confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), Rabiatou Sera Diallo, a déclaré : « J’ai reçu un appel téléphonique de Théodore. Après les salutations d’usage, il m’a dit que le président veut me parler. J’ai parlé avec lui. Il m’a chargé de transmettre ses vœux du nouvel an au peuple… » Rabiatou Sera Diallo aurait gentiment décliné l’offre en lui suggérant de le faire lui-même avec les canaux de communication dont il dispose.

Evoquant l’évolution des techniques de communication, Rabiatou Sera Diallo a déclaré être méfiante quant à l’identité de l’interlocuteur qu’elle a eu au bout du fil le jeudi 31 décembre 2009. Elle n’a cependant pas parlé de montage. Toujours est-il qu’au lendemain de cette communication, elle a convoqué une réunion dans les locaux de son instance syndicale pour débattre du sujet. Peu après, le ministre Papa Koly Kourouma a appelé Rabiatou Sera Diallo pour lui suggérer de former une délégation devant se rendre au chevet de Dadis Camara au Maroc, pour sans doute le voir de visu sur son lit de malade. Une proposition que la syndicaliste a désisté, estimant, cette fois encore, que le président Dadis Camara pouvait utiliser les canaux de communication à sa disposition pour s’adresser directement à son peuple et dire qu’il se porte bien.

Pour sa part, le secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), Ibrahima Fofana, a déclaré avoir vécu le même scénario avec le nommé Théodore, neveu du capitaine Dadis Camara. Cette autre figure de proue du mouvement social guinéen se demande également si la personne avec laquelle il a échangé est bien Dadis Camara. Commentaires et supputations vont bon train à Conakry.

Les éclaircissements de Sékouba Konaté très attendus

Les deux têtes du mouvement syndical attendent de pied ferme le général Sékouba Konaté pour qu’il donne des nouvelles précises sur l’état de santé de Dadis Camara. Une lettre ouverte datée du 29 décembre 2009 avait déjà été adressée au président intérimaire en ce sens. Si le général Konaté ne s’exécute pas, le mouvement social menace de déclencher des actions de contestation à compter du 5 janvier prochain. Date à laquelle il est convoqué une assemblée générale de tous les membres du mouvement social : syndicats, associations, patronat…

En attendant, dans les rues de la capitale guinéenne, peu de Guinéens croient à l’authenticité de la fameuse communication téléphonique. Le capitaine Dadis Camara aurait, selon de nombreuses rumeurs, perdu l’usage de la parole. Le général Sékouba Konaté, de retour du Maroc où il était mardi dernier, n’a pas fait de commentaires officiels sur l’état de forme de son prédécesseur, grièvement blessé par son aide de camp, Tomba Diakité, le 3 décembre. Mais il aurait confié à différentes personnes qu’« on ne peut rien tirer de Dadis », a affirmé à l’AFP une source proche de la junte.

Les Guinéens attendent une déclaration officielle du président par intérim, et nombre d’entre eux sont prêts à répondre au mot d’ordre des syndicats. Toutefois, une certaine opinion reste opposée à toute forme de manifestation vues les conditions de vie déjà fragiles des Guinéens.

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