Le faux complot inventé par le régime Ouattara pour éliminer Guillaume Soro de la présidentielle 2020 : motivations, mécanismes et échecs


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Alassane Ouattara et Guillaume Soro
Alassane Ouattara et Guillaume Soro

Le sexe, l’argent et le pouvoir gouvernent des milliards d’êtres humains sur cette terre. Pour ces trois jouissances des biens terrestres, les humains ont commis les pires crimes, les pires atrocités que l’on puisse imaginer. Pourtant, les plaisirs du sexe, de l’argent et du pouvoir, sont essentiellement éphémères. Ils passent avec le temps, puisque les humains vieillissent, tombent malades, et meurent, parfois même par simple accident. Nul ne peut, en cette existence humaine, jouir en permanence du sexe, de l’argent et du pouvoir. Or les sociétés, les nations et les institutions bien bâties, les œuvres les plus géniales de l’humanité peuvent survivre pendant des siècles, voire des millénaires.

Quand l’humanité agit à la gloire de la vie éternelle, elle sème des traces qui ne s’effacent pas sous la loi du temps mortel. Quel est donc le sens de nos vies ? Je risque une réponse : découvrir par la connaissance et l’expérience, les chemins de la justice, de la vérité et de l’amour, et transmettre ces chemins à ceux qui vivront dans ce monde, avant de nous retirer dans le mystère de la mort ici-bas, qui s’avère être selon de nombreuses traditions religieuses de tous les continents, une renaissance dans l’au-delà.

Or, en Côte d’Ivoire, le parti pris par le Chef du régime du RHDP et le clan de prévaricateurs arrogants qui l’accompagnent est clair : capturer l’Etat de Côte d’Ivoire, en fixant, bouclant et gérant de force, par la ruse et par le mensonge, toutes les institutions sociales, économiques, culturelles, politiques et spirituelles de ce pays. De telle sorte qu’il importe, en cette fin de mois de mai 2020, de revenir pas à pas sur la plus ignominieuse fiction que le régime Ouattara ait jamais inventée contre des Ivoiriens, afin que nul n’en ignore à tout jamais.

Nous répondrons donc à trois questions majeures : 1) Pourquoi Alassane Dramane Ouattara a-t-il décidé d’attribuer un faux complot de coup d’Etat à Guillaume Kigbafori Soro et ses compagnons de Générations et Peuples Solidaires ? 2) Comment Alassane Dramane Ouattara et son clan ont-ils procédé pour ourdir cette fausse accusation ? 3) Pourquoi le faux complot inventé par Ouattara pour éliminer Guillaume Soro de la présidentielle 2020 est-il en train d’échouer lamentablement ?

Pourquoi ce faux complot ?

La cause profonde de ce montage grotesque remonte à la décision prise, dans le secret de sa conscience, par Alassane Dramane Ouattara de demeurer à vie l’homme fort de la République de Côte d’Ivoire, d’une façon ou d’une autre. A quand remonte formellement cette décision : on peut supposer qu’elle a été longtemps dissimulée à ses alliés politiques, puisque pendant son premier mandat présidentiel, Alassane Dramane Ouattara n’a jamais publiquement laissé échapper la moindre parole inclinant à penser qu’il voulait rester ad vitam aeternam à la tête du pays, que ce soit en nom propre, ou par intermédiaire-marionnette déguisée. Bien au contraire, le Ouattara du premier mandat a constamment claironné les vertus de l’alternance démocratique, allant jusqu’à laisser entendre qu’il pourrait ne même pas achever son deuxième mandat, s’il venait à être réélu. D’une certaine façon, il aura su endormir les susceptibilités de ses alliés du PDCI-RDA, des Forces Nouvelles, du MFA, de l’UDPCI, par cette sorte de détachement feint envers le pouvoir d’Etat et par toute une kyrielle d’actes de communication privilégiant le mythe du passage du témoin politique vers les jeunes générations. La leçon délivrée par Alassane Dramane Ouattara au tyran grabataire Robert Mugabe tentant de s’accrocher au pouvoir, fut de ce point de vue, un chef d’œuvre.

Mais, aussitôt sa réélection en octobre 2015 acquise, avec le soutien naturel de Guillaume Soro et d’Henri Konan Bédié, Alassane Dramane Ouattara a affiché d’autres intentions, entièrement aux antipodes du détachement du pouvoir, qu’il avait feint lors de son premier mandat. Le revirement spectaculaire d’Alassane Dramane Ouattara s’affiche nettement autour de la révision constitutionnelle de 2016. Tout d’un coup, sans qu’aucun de ses alliés n’y comprenne grand’chose, Ouattara donnera à l’un comme à l’autre de violents coups de poignards dans le dos  à travers l’écriture tordue de la constitution de novembre 2016.

Pour contrer l’influence d’Henri Konan Bédié, il crée une vice-présidence de la République qu’il attribue d’autorité à Daniel Kablan Duncan, un cadre du PDCI-RDA chargé d’arracher littéralement ce parti historique des mains de l’héritier légitime du Président Houphouët-Boigny. Il crée dans la foulée un sénat, dont il attribuera la présidence à un autre haut cadre du PDCI-RDA, Me Jeannot Ahoussou Kouadio, dans le même but d’affaiblir l’influence du sphinx de Daoukro sur sa formation politique et son socle électoral. Le pouvoir de nomination qu’il s’octroie au sénat lui permettra de débaucher force cadres corrompus dans les camps de ses alliés politiques et même jusque parmi les rangs du FPI. Ouattara organise ainsi à ciel ouvert, la chienlit au PDCI-RDA qu’il tente de phagocyter dans un RHDP-unifié conçu au forceps comme camisole de force imposée à ses alliés.

Pour contrer l’influence de Guillaume Soro, Ouattara avait commencé par accélérer l’épuration des cadres fidèles au leader des Forces Nouvelles dans l’administration, l’armée, les entreprises d’Etat, et finalement le gouvernement, dont ils sont rapidement vidés. Ouattara organise alors ouvertement des rivalités nuisibles dans la proximité de Guillaume Soro. Dans l’écriture constitutionnelle, Ouattara qui avait pourtant promis la candidature du RDR à Guillaume Soro pour la présidentielle 2020 devant le Président Compaoré et le regretté imam Boikary Fofana, déchoit le président de l’Assemblée nationale du statut de dauphin constitutionnel qu’il attribue désormais à son vice-président de la république nommé urbi et orbi. Ainsi, Ouattara se sépare ouvertement de ses deux plus précieux alliés politiques dans la conquête du pouvoir en 2010-2011 : HKB et GKS. La rupture politique ainsi initiée par Ouattara sera confirmée par les démissions en juin 2018, puis en février 2019, d’Henri Konan Bédié et de Guillaume Kigbafori Soro du RHDP dit unifié.

Mais il reste donc à Ouattara de justifier sa double trahison contre Henri Konan Bédié et Guillaume Kigbafori Soro : l’alibi solide que Ouattara trouve pour tromper les ivoiriens et l’opinion internationale, c’est la double accusation de tentative de déstabilisation des institutions de la république qu’il formulera à la fois contre l’un et l’autre de ses grands alliés. Sautant sur l’occasion que lui offrent les mutineries de 2017, Ouattara emprisonne le directeur du protocole de Guillaume Soro, encore président de l’Assemblée Nationale, pour prétendue tentative de déstabilisation du régime. Soul to Soul est arrêté et emprisonné le 9 octobre 2017, acte qui sonne la mise en marche du faux complot de Ouattara contre Guillaume Soro. Henri Konan Bédié subira la même démarche lorsque son vice-président de parti, Jacques Mangoua sera arrêté et écroué pour tentative de déstabilisation des institutions de la république en 2019. On sait donc que le faux complot n’a qu’une motivation : la confiscation du pouvoir d’Etat par Ouattara et son clan en Côte d’Ivoire.

Comment le faux complot de coup d’Etat a-t-il été conçu contre Guillaume Soro et ses compagnons ?

Alassane Dramane Ouattara et son clan vont mobiliser quatre mécanismes pour asseoir leur faux complot : 1) Le mensonge sur les faits ; 2) La manipulation par l’espionnage ; 3) L’instrumentalisation de la justice ; 4) La violence brutale.

Primo, Ouattara et son clan mentent à foison. Ils inondent les médias nationaux et internationaux de mensonges affreux. Les armes attribuées au directeur de protocole de Guillaume Soro, le ministre plénipotentiaire Koné Kamaraté Souleymane, dit Soul to Soul en 2017, sont en réalité les armes acquises et stockées par les Ouattara eux-mêmes dans plusieurs domiciles privés ivoiriens, dans le cadre du dispositif secret-défense qui a permis l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir en 2010-2011. Les armes faussement attribuées le 23 décembre 2019 à Guillaume Kigbafori Soro et ses compagnons de GPS comme devant servir à un prétendu coup d’Etat sont bien plutôt la dotation officielle des 20 derniers éléments chargés de la sécurité personnelle du président d’institution Guillaume Soro, laquelle garde personnelle avait son stationnement à l’ancien annexe de l’Assemblée Nationale devenu entre temps le siège de GPS.  Les armes faussement découvertes à Assinie selon le procureur ne sont rien d’autre que des armes entreposées par le régime Ouattara lui-même pour compléter le bien pauvre scénario de l’accusation montée contre Guillaume Soro et GPS le 23 décembre 2019. Sur toute la ligne donc, Ouattara et son clan ont menti : nulle ombre d’un coup d’Etat en préparation contre eux.

Secundo, Ouattara et son clan ont mobilisé des agents doubles, pour piéger Guillaume Soro et fabriquer de façon fiévreuse et brouillonne des pièces à conviction de leur complot imaginaire. Les sieurs Akim Laacher, Perez, seront envoyés régulièrementafin de tenter d’entraîner Guillaume Soro dans l’aventure d’un complot qui devrait servir de traquenard pour son élimination physique. Heureusement vigilant, Guillaume Soro ne tombera jamais dans le panneau, contournant avec succès chacun des pièges tendus par les mercenaires d’Alassane Dramane Ouattara. Le rôle hyperactif d’Hamed Bakayoko, le parrain de l’espion Laacher, n’améliorera pas les choses. Le montage sera éventré par Guillaume Soro qui en préviendra personnellement le président Alassane Ouattara et de nombreuses autorités européennes.

Tertio, Ouattara et son clan ont soumis la justice ivoirienne à leurs desiderata. Les complaintes argumentées des syndicats de magistrats et du barreau des avocats de Côte d’Ivoire en attestent éloquemment. Le procureur d’Abidjan, Richard Adou, est aujourd’hui connu et vomi par l’écrasante majorité des Ivoiriens pour le rôle odieux qu’il aura accepté de jouer dans la mise en scène médiatique des accusations rocambolesques et fantasmagoriques ourdies par le Clan Ouattara pour s’accaparer du pouvoir d’Etat en Côte d’Ivoire. La mascarade de procès du 28 avril 2020 condamnant de façon ubuesque Guillaume Soro à 20 années d’emprisonnement pour un détournement imaginaire, est venue parachever l’effondrement de l’image des prétoires du pays. La déesse Thémis a définitivement déserté le  pays. La Côte d’Ivoire est désormais sans justice indépendante et le système judiciaire entier est entré en rébellion contre l’ordre judiciaire international. La décision rendue le 22 avril 2020 par la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, en défaveur de l’Etat de Côte d’Ivoire dans l’affaire l’opposant à Guillaume Soro et ses compagnons, tout comme les camouflets successifs des avocats de Ouattara à la CPI dans l’affaire CI/Laurent Gbagbo & Charles Blé Goudé, ont fini de doucher les espoirs du régime du RHDP.

Quatro enfin, Ouattara et son clan au pouvoir se sont installés dans une brutalisation extrême du champ politique ivoirien. L’armée, la gendarmerie et la police sont désormais submergées et intimidées par des milices encagoulées aux ordres du palais présidentiel et du ministre d’Etat Hamed Bakayoko. L’attaque sauvage du siège de GPS le 23 décembre 2019 à Abidjan a montré au grand jour, le retour de la barbarie décomplexée au sommet de la Côte d’Ivoire. Les enlèvements de militaires innocents, de militants et cadres innocents, les emprisonnements arbitraires de députés au mépris de leur immunité parlementaire, ont achevé de présenter la Côte d’Ivoire sous Ouattara comme un Etat définitivement voyou, abonné à l’arbitraire le plus banal. Une voyoucratie.

Cousu de fil blanc, le faux complot inventé par Ouattara et son clan contre Guillaume Kigbafori Soro et Générations et Peuples Solidaires a donc fait long feu. Le monde entier le sait : il n’a jamais été question pour le leader de GPS et ses camarades de perpétrer un coup d’Etat en Côte d’Ivoire. C’est donc la candidature fantastique de Guillaume Kigbafori Soro, annoncée le 12 octobre 2019, pour la présidentielle d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire, qui rendu Ouattara et son clan fous de rage et de jalousie aveugles.

 Les échecs du complot imaginaire de Ouattara et l’avenir de la Côte d’Ivoire

Alassane Dramane Ouattara et son clan ont échoué à incriminer Guillaume Kigbafori Soro et Générations et Peuples Solidaires, pour au moins trois raisons et autant de conséquences.

Primo, la vacuité judiciaire de leurs accusations. N’ayant pas réussi à établir comment la dotation d’armes de la garde officielle de l’ancien président d’institution Guillaume Soro aurait pu servir à un coup d’Etat contre le régime au pouvoir, Alassane Dramane Ouattara et son gouvernement se sont définitivement discrédités aux yeux des observateurs avertis de la justice ivoirienne et aux yeux des institutions judiciaires internationales.

La presse africaine, française, américaine, mondiale a désormais validé l’image de l’autocrate Ouattara dans tous les tabloïds. Finie, l’ère du technocrate bien policé venu du FMI et de la Banque Mondiale, qu’on disait rompu aux vertus de la démocratie, de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance. Le Ouattara que le monde connaît désormais n’est ni plus ni moins qu’un Ubu-Roi.

Secundo, n’ayant pas réussi à réduire la popularité de Guillaume Soro et de GPS – plus de 200 000 membres – en Côte d’Ivoire, la chasse à l’homme entreprise par le pouvoir contre le candidat le plus redouté à l’élection présidentielle 2020 a paradoxalement contribué à renforcer sa légitimité populaire et sa présence dans l’imaginaire des citoyens de Côte d’Ivoire. En persécutant obsessionnellement Guillaume Kigbafori Soro et les siens, Ouattara en a fait l’icône de la souffrance collective des ivoiriens privés de leurs libertés fondamentales. Exactement l’effet que fit la persécution autrefois subie par Ouattara lui-même sous les régimes du PDCI-RDA et du FPI, dans les années 90-2000.

Tertio, Les contradictions internes du régime Ouattara se sont aggravées, pendant qu’il se préoccupait uniquement à détruire Guillaume Soro. Le duel à mort entre un candidat du RHDP complètement vulnérable en raison de la brutale dégradation de sa santé, et un ministre d’Etat aux dents longues, prend les allures d’un polar sanglant en Côte d’Ivoire. Les démissions ou déconnexions successives des ministres Amon Tanoh puis Mabri Toikeusse du noyau du régime RHDP accentue l’isolement de l’autocrate des lagunes. La tiédeur du soutien macronien se lit dans la prudence avec laquelle les autorités françaises s’affichent désormais aux côtés de Ouattara. Le désaveu complet des autorités religieuses catholiques et musulmanes est venu comme marquer la sanction du ciel contre un régime gravement abonné aux violations des libertés fondamentales. Un goulag inacceptable pour les Ivoiriens du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, en passant par le centre.

L’avenir du Peuple de Côte d’Ivoire est donc résolument dans ses propres mains. Va-t-il accepter des fausses listes d’identification nationale ? Va-t-il accepter des fausses listes électorales ? Va-t-il accepter une Commission Electorale truquée ? Va-t-il accepter des fausses élections présidentielles ? Va-t-il accepter le diktat à vie d’Alassane Dramane  Ouattara et son clan sur son destin ? Rien n’est moins sûr, et qui vivra verra.

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