Le courant passe à l’AES-Sonel


Lecture 4 min.
arton4888

L’AES-Sonel a préféré le consensus au bras de fer pour se défaire de son surplus de salariés. En signant vendredi dernier avec les syndicats et les représentants de l’Etat un programme de départ en retraite anticipée pour 360 agents, la société d’électricité du Cameroun entend faire ses ajustements de personnel en douceur. Interview d’Helen Tarnoy, la nouvelle Directrice générale.

360 agents de la société nationale d’électricité du Cameroun partiront prochainement en retraite anticipée. Un départ volontaire offert par l’AES-Sonel à l’issue d’une convention établie avec les syndicats et les représentants de l’Etat. Entre compression et rajeunissement du personnel, l’unique opérateur national – filiale du groupe américain AES -, entame en douceur la mue de sa force de travail. A côté de la question des ressources humaines, la nouvelle directrice générale de l’AES-Sonel, Helen Tarmoy, réaffirme la nécessité d’investir pour la réfection et l’amélioration du réseau et revient sur les problèmes de délestages.

Afrik : Dans quel climat se sont déroulées les discussions avec les syndicats autour de la convention ?

Helen Tarnoy : Très bien. On peut dire que tout le monde – les syndicats, les membres de l’Agence de régulation du secteur d’électricité (Arse, structure d’Etat en charge de veiller à la politique de l’AES-Sonel, actuellement en situation de monopole en matière de production et de distribution d’électricité, ndlr) et les représentants du ministère de l’Emploi – est sorti content des accords établis. La possibilité d’un départ en retraite anticipée, sur une base volontaire, pour 360 agents âgés de 50 ans et plus, a satisfait les différents acteurs.

Afrik : La possibilité de vous séparer de la moitié de vos 4 000 employés n’avait-elle pas été évoquée ?

Helen Tarnoy : Lors de la privatisation (juillet 2001, ndlr) nous avions fait des estimations de personnels pour avoir une société moderne et efficace. Une chose est sûre : nous avons trop de personnel. Mais cela prendra quelques années pour gérer le problème. Il n’y a pas à craindre de plan social radical. Mais autant nous avons un surplus de personnel, autant nous avons besoin de jeunes ingénieurs électriciens. L’âge moyen dans l’entreprise est actuellement de 47 ans, ce qui est assez élevé. Pour rajeunir nos effectifs il nous faut mettre en place des programmes de formation.

Afrik : Vous avez été nommée Directrice générale, le 5 juillet dernier, à la place de Mark Miller. A-t-il été évincé pour mauvaise gestion ?

Helen Tarnoy : Pas du tout, il a été appelé au Brésil, pays où nous sommes le plus grand investisseur, par notre ancien directeur qui cherchait une personne de confiance pour l’épauler dans son travail sur place. Cela aurait tout aussi pu être moi.

Afrik : Beaucoup se plaignent des coupures d’électricité de plus en plus fréquentes dans le pays. Comment expliquez-vous le problème ?

Helen Tarnoy : 90% de nos capacités électriques installées sont hydrauliques. Donc sans eau, pas d’électricité. Or nous avons connu une très mauvaise pluviométrie ces deux dernières années. Nous sommes en train de mettre en place un programme de production d’urgence pour éviter les délestages et nous négocions avec l’Arse, pour obtenir les meilleurs coûts.

Afrik : Les délestages sont-ils uniquement dû à un problème de pluviométrie ?

Helen Tarnoy : Il y a aussi la vétusté des installations. L’ancien réseau public a souffert d’un manque de d’investissement. Sa réfection entraîne forcément des perturbations.

Afrik : Tout cela a un coût…

Helen Tarnoy : Nous comptons investir plus de 200 millions de dollars dans les quatre années à venir pour la réfection et l’amélioration du réseau. 200 millions financés par le cash flow (les recettes) et l’emprunt.

Afrik : Par le cash flow ? Faut-il s’attendre à une flambée des prix ?

Helen Tarnoy : Les prix augmentent selon le cahier des charges. Un mal nécessaire pour que nous puissions augmenter la fiabilité du réseau. De toutes les manières, l’Arse nous surveille et nous ne pouvons pas nous permettre de faire n’importe quoi. Un garde-fou contre le fait que nous soyons actuellement en situation de monopole.

Afrik :  » Actuellement  » ?

Helen Tarnoy : A moyen terme, il est question que des producteurs indépendants puissent investir le marché. Il n’y a pas encore de date prévue mais au-dessus de 1 000 mégawatts, toutes constructions de nouvelles capacités de production devra donner lieu à un appel d’offre. Et nous sommes aujourd’hui autour de 850 mégawatts.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News