L’intégration par la mode


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L’association Stell’M Fashion, créée par la Camerounaise Stella Messi-Ntsama en 2003, œuvre pour l’insertion sociale des jeunes défavorisés par le biais de la mode et de la couture, à Argenteuil, en banlieue parisienne. Le 26 mai prochain, l’association organise son premier concours de stylistes.

Le 26 mai prochain, à Argenteuil, l’association Stell’M Fashion organise son premier concours de stylistes. Un événement qui tient particulièrement à cœur à sa créatrice et responsable, la Camerounaise Stella Messi-Ntsama. Cette dernière, née en 1955 en Tanzanie, a suivi ses parents au Cameroun à 8 ans et s’est installée en France en 1999. Couturière de formation et de métier, elle a participé à différents défilés en France au début des années 2000 et a été invitée d’honneur du Nigeria Fashion Show organisé par l’Unesco en 2003. Cette mère de 4 enfants se dévoue totalement et bénévolement à l’association qu’elle a créée en 2003.

Afrik : Quand et pourquoi est née Stell’M Fashion ?

Stella Messi-Ntsama :
L’association a été créée le 12 août 2003. Aujourd’hui, une dizaine de bénévoles travaille à mes côtés, dont quatre garçons ! Je suis couturière depuis très longtemps et, malgré mes diplômes et mon savoir-faire, je me suis retrouvée à un moment sans travail. Je me suis rendue compte qu’il y avait plein de filles dans mon cas. Qui avaient la technique mais n’arrivaient pas à s’insérer. J’ai donc créé l’association pour aider dans cette voie les jeunes filles issues de l’immigration qui vivent en banlieue, leur donner la possibilité de s’exprimer par la mode et les faire connaître.

Afrik : Quel est votre rôle exact ?

Stella Messi-Ntsama :
J’enseigne, j’encadre, je donne un complément de formation si besoin est. J’ai même le projet d’un centre de formation pour suivre les jeunes auxquelles j’apprends la couture. Pour éviter la casse et ce qui s’est passé dans les banlieues en 2005, il faut monter des projets, faire du concret. Il n’y a pas que du mauvais en banlieue. Les jeunes veulent s’investir dans ce qui leur plaît, c’est tout. Je souhaite changer le visage de l’Africain en Europe, montrer que nos filles sont intelligentes et créatives, mais qu’elles n’ont pas forcément les moyens de le faire savoir.

Afrik : Vous donnez donc des cours de couture, le plus souvent, dans votre appartement…

Stella Messi-Ntsama :
Oui, je donne les bases. Mes élèves ont 20 ans ou sont de vieilles dames, mes ateliers sont intergénérationnels. C’est une détente pour tout le monde car c’est un travail minutieux et précis qui canalise votre énergie. Ça calme l’agitation et la nervosité. C’est comme faire du yoga ! C’est un exercice qui apporte la maîtrise de soi. Pour le moment, les cours ont lieu le lundi matin et le vendredi soir mais si j’arrive à obtenir des subventions, j’aimerais en faire 6 h par semaine.

Afrik : En quoi va consister la journée du 26 mai prochain ?

Stella Messi-Ntsama :
C’est une grande journée multiculturelle qui commencera à 11 h du matin avec des expositions de stylisme, d’accessoires de mode et de peinture. Il y aura également, de la danse et de la musique, avec notamment avec laprésence de Pit Baccardi et des Neg’Marrons. Avant ces concerts, il y aura le défilé, à partir de 18 heures, pour montrer les créations de stylistes que j’ai sélectionnés. Nous décernerons trois prix pour les encourager. Le but de la manifestation est de faire connaître le travail des jeunes, comme Clarisse Nathalie Louis-Moulare, qui a créé la marque Clardim et revendique ses origines africaines dans des créations métissées. Des grands couturiers ont répondu présents comme Imane Ayissi ou Alphadi. Nous allons aussi faire participer les jeunes d’Argenteuil, comme mannequins et hôtes d’accueil pour prouver aux responsables de la ville que nous sommes là pour faire des choses sérieuses.

Afrik : D’où vous est venue votre passion de la couture ?

Stella Messi-Ntsama :
Ma mère était couturière de nature ! C’était une autodidacte, elle avait un don, elle travaillait à l’instinct. Moi, j’applique les méthodes que j’ai apprises, j’utilise un centimètre ! Quand j’étais petite, pourtant, je n’aimais pas particulièrement la couture , mais j’étais coquette et amait être bien habillée ! Ensuite, je me suis accrochée pour devenir couturière. Depuis, je suis en perpétuelle recherche. Par exemple, je me suis fabriqué un tableau standard des mesures africaines car une femme africaine n’a pas les mêmes mensurations qu’une Occidentale…

 Premier concours Stell’M Fashion,

le 26 mai 2006 au 9, rue Héloïse

95100 Argenteuil

Entrée : 5 euros

 Pour plus de renseignements :

Contacter l’association au 01 34 11 30 26, Stella Messi-Ntsama, au 06 64 91 80 32 ou par mail : stellmfashion@netcourrier.com

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