Jaoui, Bacri et Debbouze font la pluie et le beau temps


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Les siamois de l’écriture – Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri – font de nouveau parler d’eux en bien avec Parlez-moi de la pluie. Le dernier film d’Agnès Jaoui, qui sort ce mercredi en France, offre un joli rôle à Jamel Debbouze dans une comédie relevée par des dialogues et d’attachants portraits d’hommes et de femmes déboussolés.

Le duo Jaoui-Bacri est de retour sur grand écran ce mercredi, avec un troisième larron, Jamel Debbouze. Dans Parlez-moi de la pluie, réalisé par Agnès Jaoui, les trois acteurs forment un subtil trio pour une histoire attachante aux dialogues truculents. Agathe Villanova (Agnès Jaoui), féministe convaincue, revient dans le sud de la France, sa région natale, pour se lancer en politique. Elle doit aussi aider sa sœur Florence à ranger les affaires de leur mère décédée un an plus tôt. Karim (Jamel Debbouze), le fils de leur employée de maison Mimouna, et son ami Michel Ronsard (Jean-Pierre Bacri), décident de réaliser un documentaire sur « cette femme qui a réussi ». Le tournage du documentaire bouleverse la vie de chacun des protagonistes de cette fiction. Karim, incarné par Jamel Debbouze, en acceptant la proposition de Michel, doit renouer avec un passé synonyme d’humiliations et de frustrations. Lui, « l’enfant de la bonne », traité comme telle par « l’arrogante » Agathe, n’aime pas voir sa mère au service d’une famille, qui estime-il, lui manque parfois de respect. Pourtant les filles de la maison, Agathe et Florence, vouent une affection sans bornes à Mimouna. La femme de ménage algérienne les a élevées et considère les jeunes femmes comme ses propres enfants.

Une histoire simple servie par des dialogues percutants et des acteurs nature

Agathe, Michel, Karim ou encore Florence se retrouvent tous à la croisée des chemins. Ils doivent chacun, d’une façon ou d’une autre, faire un choix. La démarche se fait dans la douleur, les carapaces s’effritent et les masques tombent. Michel et ses rêves chimériques de réalisateur, Florence qui a vécu dans l’ombre de sa sœur Agathe, la préférée de leur mère, Agathe qui doit redéfinir des priorités… cette brochette de personnages deviennent au fil de l’intrigue de plus en plus attachants. Notamment Karim. Réaliser ce documentaire sur Agathe est une manière pour le jeune homme de se libérer de toutes les frustrations qui ont émaillé sa relation avec la fille de la maison. Ces petites humiliations quotidiennes, illustrées selon Karim par le « tu » qu’on vous sert au lieu du « vous » qu’on adresse à tous. Jamel Debbouze, dans ce personnage sur mesure que lui ont offert Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, est un interprète tout en nuances. La paire qu’il forme avec Bacri fonctionne à merveille. La complicité innée entre les deux artistes fait des étincelles à l’écran et produit des fous rires. La scène où Michel est supposé filmer l’entretien de Karim, qui se montre sans concession face à Agathe, est mémorable.

La richesse des dialogues, valorisés par la simplicité du jeu des acteurs, constitue la substance d’une histoire bien structurée en dépit de la diversité de cette galerie de portraits. On en attendait pas moins du duo de scénaristes de Cuisines et dépendances, d’Un air de famille ou encore du Goût des autres, mais ils sont, à chaque fois, toujours plus épatants. On rit beaucoup, on pleure un peu et surtout on en redemande. Rythme, humour et émotion font de Parlez-moi d’amour, histoire banale d’un retour aux sources, un excellent et divertissant moment de cinéma. Les ondes positives dégagées par ce film s’apparentent à une bonne pluie qui nettoie tout sur son passage. Même après le dernier plan, Parlez-moi d’amour fera encore sourire longtemps.

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