Il n y a pas de mauvais cheveux : un livre pour relever l’estime de soi des fillettes afrodescendantes


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bad hair don't exist

Rabaisser les enfants ou les dénigrer leur donne une image d’eux négative et une grande difficulté à nouer des relations avec les autres. La maltraitance infantile peut prendre différentes formes; parfois, elle se déguise de manière si subtile qu’elle passe inaperçue pour certains parents.Tel n’a pas été le cas de l’afrohondurienne et auteure du livre “No hay pelo malo”(Il n y a pas de mauvais cheveux) , Sulma Arzú-Brown (36), qui a pu détecter à temps « l’intimidation » que subissait sa petite fille Suleni.
« Le livre est né suite à une situation qui s’est produite un jour où j’allais chercher ma grande fille à la garderie. Je me souviens qu’à cette époque, j’avais les cheveux longs et défrisés. Ma fille me disait toujours qu’elle voulait ressembler à sa mère, et pour cette raison, la nounou m’a suggéré de lui défriser les cheveux, puisque selon ses critères, elle avait de très mauvais cheveux. Ses paroles n’étaient pas mal intentionnées, mais elles m’ont rempli d’indignation, parce, avec mon mari, nous avons beaucoup travaillé pour relever l’auto-estime de nos filles, et je lui ai donc suggéré que nous travaillions pour relever non seulement celle de ma fille, mais celle de tous les enfants dont elle avait la charge », raconte Arzú-Brown.

Dès cet instant, les études universitaires qu’elle avait effectué dans le domaine des communications ont permis à la jeune femme originaire de Santa Fe, Colón, de canaliser son indignation d’une manière utile pour des milliers de fillettes qui subissent ce type de mauvais traitement verbaul. Grâce à une méthode qui permet aux plus jeunes de découvrir que la beauté se manifeste de différentes manières, tailles et couleurs, l’auteure du livre a captivé les enfants et a cherché, par l’effet domino, à conscientiser les adultes autour de cette problématique.

« Beaucoup d’enfants ne sourient pas et semblent déprimés. Les paroles ont un pouvoir et cette énergie négative affecte nos enfants psychologiquement. Même si cette situation n’a pas provoqué des dommages chez ma fille, mon souhait est qu’elle grandisse en s’aimant et en s’acceptant. C’est important que les personnes qui entourent nos enfants comprennent que nous devons ménager la santé mentale des enfants et que nous avons l’obligation de les motiver à être meilleurs et ne jamais endommager leur estime de soi avec des commentaires liés à leur apparence », insiste l’auteure du livre qui est aussi la mère de deux enfants.

Comment les familles qui ont pu le lire ont reçu “No hay pelo malo” ?

ça a été quelque chose de très intéressant, puisque le livre a été fait en pensant à mes filles et les personnes qui ont pu le lire se sont liées à mes histoires. De nombreuses familles ont trouvé en lui la manière parfaite d’expliquer à leurs enfants que leurs cheveux sont beaux. Ce matériel a comblé un besoin dans de nombreux foyers, il leur a donné une occasion de respirer et de nombreux parents remercient Dieu de ne pas être les seules personnes à avoir cette vision.

Et comment réagissent les enfants en voyant les images dans le livre?

C’est la chose la plus merveilleuse qui me soit arrivée, c’est tellement beau de voir les fillettes dire : Celle-ci me ressemble ! Je suis celle-ci! Elles commencent déjà à s’accepter et à se sentir belles, fières de voir les images dans le livre et d’observer cette ressemblance.

Il n y a rien de plus beau que de voir la joie sur leurs visages. Le travail primordial de ce livre est de donner aux personnes la terminologie correcte pour faire référence à l’apparence de chaque individu. Comme lorsqu’on voit une personne avec les rasta; ce ne sont pas des lanières de serpillères. Ici l’expression mauvais cheveux n’existe pas, on parle d’afro”.

Quand verrons nous ce livre dans les bibliothèques ou les écoles du Honduras ?

On essaie de créer la relation avec le système éducatif au Honduras, mais en même temps, je ne considère pas que ce problème existe au pays. Quand je vivais dans les communautés garífunas, c’était un motif de fierté d’avoir les cheveux tressés et si ils n’étaient pas arrangés, ils étaient simplement relâchés sans plus. Les termes négatifs, je les ai entendusen venant ici à New-York, des expressions propres aux personnes originaires de la République Dominicaine et de Porto-Rico . Je me concentre sur les lieux dans lesquels ce type d’abus constituent effectivement un problème.

No hay pelo malo” est le produit de l’effort de deux talentueuses honduriennes Sulma Arzú-Brown et Isidra Sabio. Ce matériel didactique est une arme pour combattre “l’intimidation” contre des centaines d’enfants afrodescendants dans la ville de New-York qui endommage gravement l’auto-estime de nombreux enfants et est devenue une pratique très constante dans le système éducatif new-yorkais.

Avant, j’avais l’habitude de me défriser les cheveux, mais ma fille insistait pour être comme, elle voulait s’arranger les cheveux comme les miens. Je lui disais toujours, « tu es belle comme tu es ». Un jour, je suis allée au salon et j’ai coupé les cheveux comme elle les avait. En arrivant à la maison, la première chose que mon bébé m’a dis c’est “maman, enfin toit et moi nous sommes pareilles. Dès lors, j’ai senti que la bataille interne qu’elle menait pour me ressembler a pris fin à ce moment et nous profitons à présent de nos cheveux naturels et elles ne doutent pas que nous sommes belles telles que nous sommes.

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