Hausse des tensions entre le Tchad et le Soudan


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La tension est de plus en plus forte depuis plusieurs semaines entre le Soudan et le Tchad. Les deux voisins s’accusent mutuellement de violation de territoire. Le ton est monté la semaine dernière, lorsque le Tchad s’est déclaré en « état de belligérance » avec le Soudan, accusé d’avoir trempé dans la mort d’une centaine de personnes dans la ville frontière d’Adré. L’Union africaine gère la médiation de ce dossier.

Ça chauffe entre le Tchad et le Soudan. Le Tchad s’est déclaré vendredi « en état de belligérance avec le Soudan ». Le régime de N’Djamena accuse Khartoum d’avoir participé au massacre, le 18 décembre lors de deux attaques, d’une centaine de personnes dans la ville frontalière d’Adré (Est). Cette accusation est la dernière d’une série que les deux pays échangent depuis plusieurs semaines. Une délégation de l’Union africaine s’est rendue à N’Djamena et à Khartoum pour tenter de mettre un terme à la crise. Dans le même objectif, un groupe européen s’est rendu samedi à Khartoum après s’être entretenu avec les autorités tchadiennes.

L’Etat tchadien a porté plainte contre son « ennemi » devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Selon l’Union africaine, les deux pays privilégient le dialogue, avant les bruits de bottes. « La retenue et le recours aux mécanismes du dialogue et de la coopération devraient être utilisés pour régler les incompréhensions », indique un communiqué commun du Congrès national et du Mouvement patriotique du salut, les deux partis au pouvoir au Soudan et au Tchad.

Lourdes accusations du Tchad

Le Soudan reproche au Tchad de survoler illégalement son territoire et de passer la frontière pour commettre des exactions. Ce que dément le Tchad, qui estime quant à lui que le Soudan se sert des déserteurs de l’armée tchadienne pour combattre la rébellion au Darfour (Ouest du Soudan), qu’il soutient des rebelles tchadiens en les hébergeant sur son sol et qu’il les appuie pendant leurs offensives sur son sol. Des offensives meurtrières qui font chaque fois de nombreuses victimes civiles et d’importants dégâts matériels. Fin septembre, 75 personnes auraient péri dans un village à la frontière soudanaise lors d’une attaque attribuée par le Tchad et des témoins, à des miliciens arabes en provenance du Soudan. Selon N’Djamena, le drame d’Adré est le fruit d’une connivence entre les membres du Rassemblement pour la démocratie et la liberté (RDL) et du pouvoir soudanais.

Ce nouveau mouvement d’opposition a assuré à la BBC qu’il ne recevait aucune aide du Soudan. « Nous récupérons des armes et des munitions dans nos différents accrochages avec l’armée tchadienne », a indiqué Laouna Gong Raoul, chargé des relations diplomatiques du RDL. Alors que Ahmat Yacoub, qui organise le service communication du RDL, précise en substance, selon les propos rapportés par Tchad Info : « Je ne comprends pas pourquoi le Soudan est incapable de reconnaître qu’il existe bel et bien sur son territoire des milliers des réfugiés et opposants tchadiens? Les Soudanais doivent reconnaître cela et proposer une médiation afin de rechercher une solution pacifique au Tchad ».

Le Soudan plaide non coupable

Le régime d’Omar El Béchir réfute les allégations de son voisin dans une déclaration. Il y souligne, qu’au contraire, les Soudanais ont « désarmé les rebelles tchadiens » et « chassé toute personne refusant de déposer les armes », ajoutant que « l’armée avait perdu un certain nombre d’hommes dans les opérations de désarmement », rapporte Xinhua. Un communiqué, publié mercredi, du ministère soudanais des Affaires Etrangères souligne que « des fausses accusations ne seront pas utiles au mouvement de relations bilatérales et de fraternité entre les deux pays, et elles n’aideront pas à réaliser la stabilité et l’interaction positive entre les populations à cheval sur les frontières ».

Le Tchad souffre notamment des désertions au sein de son armée et des défections dans le clan zaghawa, auquel appartient le Président Idriss Déby. Le Soudan doit, quant à lui, gérer plusieurs poches de rébellion, notamment dans la région du Darfour, en proie à des troubles depuis février 2003.

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