Haïti : les mesures contre la vie chère ne font pas recette


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Le président haïtien René Préval a proposé mercredi des solutions contre la vie chère, espérant mettre un terme aux manifestations, émeutes et pillages. Rien à faire : les troubles se poursuivaient ce jeudi matin. Au moins cinq personnes ont perdu la vie en une semaine de heurts, selon un bilan non officiel.

René Préval est enfin sorti de sa réserve. Mercredi, dans un discours radiotélévisé, le président haïtien s’est exprimé sur les manifestations, émeutes et pillages qui secouent l’île depuis une semaine. « Les manifestations et les destructions ne vont pas faire baisser les prix ni résoudre les problèmes du pays. Au contraire, cela peut faire augmenter la misère et empêcher les investissements dans le pays », a-t-il déclaré. Le chef d’Etat a ajouté : « J’ai ordonné à la police haïtienne et aux soldats de l’ONU de mettre fin aux pillages ».

Subventionner l’agriculture

René Préval ne s’en est pas tenu à une leçon de morale. Il a proposé des mesures pour apaiser la population. Il souhaite subventionner la production du riz, des poulets et des œufs pour augmenter la production nationale, et donc provoquer une baisse des prix. Il envisage aussi de ponctionner 10% du salaire des fonctionnaires touchant plus de 30 000 gourdes (environ 850 dollars) pour les reverser aux nécessiteux.

Pas suffisant pour calmer la colère des habitants, si l’on en croit les manifestations qui se poursuivaient ce jeudi matin. Des manifestations qui ont commencé le 2 avril aux Cayes, dans le Sud de l’île, avant de toucher la capitale Port-au-Prince et plusieurs autres villes du territoire. Très remontés contre le chef de l’Etat, des marcheurs s’en sont pris mardi au palais présidentiel. A plusieurs reprises depuis le début des troubles, les casques bleus de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti ont tiré en l’air et fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et les pillards.

Sac de riz deux fois plus cher

Selon un bilan non officiel recoupant des sources hospitalières et humanitaires, les troubles ont fait en une semaine au moins cinq morts et une soixantaine de blessés, dont la moitié par balles. Les manifestations ont éclaté à cause des hausses brutales des prix. Le sac de riz de 120 livres coûte habituellement en moyenne 35 dollars mais son prix a doublé en une semaine. Quant à l’essence, son tarif a accusé trois augmentations en l’espace de deux mois. Une situation ingérable pour ce pays, le plus pauvre d’Amérique, où 80% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.

Le Programme alimentaire mondial a lancé un appel d’urgence pour récolter 96 millions de dollars afin de nourrir 1,7 million de personnes. Elle a à ce jour reçu un peu plus du dixième de cette somme, ce qui risque de mettre en péril ses activités à Haïti après le mois d’avril. Reste donc au gouvernement à mettre en œuvre les mesures annoncées.

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