Guinée : l’opposition lâche du lest


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L’opposition guinéenne qui avait prévu de manifester jeudi contre la mauvaise préparation des élections législatives a finalement décidé de reporter la manifestation. Un fléchissement dû à la pression de quelques diplomates occidentaux, mais qui ne fait pas du tout l’unanimité au sein des militants.

Au départ déterminé plus que jamais à se rendre à nouveau dans la rue jeudi, l’opposition guinéenne a finalement fait un pas en arrière. Elle, qui avait appelé les militants à manifester à Conakry contre la mauvaise préparation des élections législatives prévues le 24 septembre, a finalement, contre toute attente, fléchi.

A l’origine de ce changement de position, un délégation de diplomates occidentaux dépêchée à Conakry pour la résonner. « Nous avons décidé de reporter notre marche de protestation initialement prévue jeudi, à la demande des partenaires techniques et financiers de la Guinée, notamment les ambassadeurs de France et des Etats-Unis, pour la paix sociale dans notre pays », a déclaré à l’AFP Mme Zalikatou Traoré, dirigeante du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN) de l’ex-Premier ministre Lansana Kouyaté.

De même, les principaux leaders de l’opposition, Cellou Dalein Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Sidya Touré de l’Union des forces républicaines (UFR), ont aussi accepté de reporter la manifestation à l’issue cette rencontre. En plus des ambassadeurs français et américain, « d’autres diplomates, notamment de l’Union européenne (UE) et de l’ONU, ont tous plaidé en faveur du report de la marche », a précisé Zalikatou Traoré, soulignant que ce sursis doit permettre de « donner une chance à la médiation » en cours entre les différents acteurs des élections.

Heurts

Il faut dire que les affrontements intervenus la veille entre militants de l’opposition et du parti au pouvoir, qui ont fait plusieurs blessés, ont été particulièrement violents. L’opposition a sans doute aussi fait marche arrière pour éviter que la situation ne dégénère. Elle est d’ailleurs accusée par le pouvoir de susciter des troubles dans le pays, avec ses appels à manifester récurrentes, qui font fuir les investisseurs.

L’opposition, qui soupçonne, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), de ficeler « une mascarade électorale » au profit du pouvoir, exige notamment « l’affichage par ordre alphabétique et dans un délai raisonnable des listes électorales et un nouveau découpage électoral », qui rapproche l’électeur du bureau de vote, avant la tenue du scrutin du 24 septembre.Toutefois, même si elle a renoncé à manifester jeudi, elle n’abdique pas et menace à nouveau de descendre dans la rue, si ses revendications ne sont pas satisfaites. Sans compter que cette décision ne fait pas l’unanimité auprès des militants bien décidés à aller jusqu’au bout.

Pour mettre tout cela au clair, une réunion aura à nouveau lieu, vendredi prochain, entre les différents membres de l’opposition, qui décideront de la démarche à suivre. « S’il n’y a pas de solution satisfaisante, nous déclencherons lundi 23 septembre nos manifestations sur toute l’étendue du territoire », a prévenu Sidya Touré. Autant dire que les Législatives en Guinée ne tiennent plus qu’à un fil…

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