Extradition des accusés de Kigali : Paris lâche du lest?


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Claude Muhayimana et Innocent Musabyimana, deux Rwandais accusés d’être impliqués dans le génocide rwandais de 1994 par Kigali, pourraient être extradés par le Parquet de Paris. Une première, car jusqu’à présent la justice française a toujours refusé l’extradition des génocidaires présumés.

Contre toute attente, le Parquet de Paris a préconisé l’extradition de Claude Muhayimana et Innocent Musabyimana, accusés par Kigali d’être impliqués dans le génocide de 1994 qui a fait plus d’un million de morts, selon des documents consultés vendredi par l’AFP. La Cour de Paris, où le dossier épineux des génocidaires présumés du Rwanda est en général examiné, devrait se réunir mercredi, pour statuer si les accusés de Kigali résidant en France devraient ou non être extradés vers leur pays d’origine.

Claude Muhayimana, 52 ans, qui possède la nationalité française depuis 2010, est accusé par Kigali d’avoir participé au massacre de Tutsis dans la ville de Kibuye, dans l’ouest du pays. Son compatriote Innocent Musabyimana, 41 ans, est lui pointé du doigt pour avoir pris part à des massacres dans la province de Gisenyi, dans le nord-ouest du Rwanda, à la frontière de la République démocratique du Congo (RDC).

Relations tendues entre Paris et Kigali

Les deux Rwandais avaient déjà été confrontés à d’autres juridictions compétentes sur la question de leur extradition. Les cours d’appel de Dijon et de Rouen avaient initialement rendu un avis favorable à leur extradition dans deux arrêts annulés par la Cour de cassation, qui a renvoyé l’examen des requêtes rwandaises devant la Cour d’appel de Paris.

Si la Haute juridiction est favorable à l’extradition des accusés de Kigali, ce serait alors une première puisque jusqu’à présent la justice française, contrairement aux pays comme le Canada, a toujours refusé leur transfert vers leur pays d’origine, malgré les nombreuses demandes du Rwanda. Une position qui constitue l’une des raisons des mauvaises relations entre Paris et le régime du Président rwandais, Paul Kagamé.

Ce dernier n’a sans doute toujours pas digéré le refus de la justice française d’extrader l’ancien colonel rwandais Laurent Serubuga. L’ex-responsable militaire rwandais, qui avait été interpellé le 11 juillet dernier à Cambrai, dans le nord de la France, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par le Rwanda, pour son rôle présumé dans le génocide de 1994. Une décision qui risque d’envenimer les relations déjà tendues entre Paris et Kigali.

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