Galliano se grise à l’afro


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Pochette de l'album
Pochette de l'album "Frédéric Galliano and The African Divas"

Frédéric Galliano and The African Divas, cocktail lounge sur fond de chants traditionnels. Mélange audacieux, sons décalés. De Nahawa Doumbia à Hadja Kouyaté, les Africaines sont à l’honneur, servies fraîches dans un shaker électro.

Etrange cocktail. Ambiance lounge, à siroter dans la lumière tamisée d’un bar parisien plutôt qu’au soleil dakarois… Quoique. En invitant les African Divas à nourrir son album, Frédéric Galliano expérimente un curieux mélange. L’orchestration purement électro fait penser à l’alcool blanc qui viendrait adoucir les fragrances d’une liqueur épicée. Le jeune compositeur a promené son multipiste pendant quatre ans, du Niger au Sénégal en passant par le Mali et la Guinée, pour recueillir les sons qui s’insèrent dans ses compositions. Savoureux mix, jonglant avec les ingrédients et les cultures, du wolof au peulh et de Niamey à Bamako, matiné d’accords jazzy et de beats électro.

Boucles enivrantes

Parmi ses invitées, on reconnaîtra la voix pétillante de Nahawa Doumbia. La star malienne fait danser ses cauris dans les choeurs de « Koukou Lé ». Le titre commence classiquement par une boucle rythmée qui se met très vite au second plan pour laisser place à un wassoulou – musique traditionnelle malienne par excellence. C’est tout l’esprit du disque. A la huitième plage, « Koutiom », avec la répétition d’un enivrant refrain, s’impose comme le tube de l’album. La Guinéenne Hadja Kouyaté est largement servie par l’alchimie Galliano.

De l’acid-jazz à l’électro, Frédéric Galliano est allé chercher bien loin son inspiration en faisant ce détour par le continent. Mais l’audace paye et le cocktail réchauffe. D’abord parce que l’auteur n’en est pas à sa première gorgée d’afro. En fondant en 1998 son label Frikyiwa, qui met à l’honneur les artistes du Mali, il s’est jeté avec audace dans un univers musical très différent du sien. Partage des talents sans prétention. Si le disque porte son nom et paraît de prime abord laisser les « African Divas » dans un anonymat suspect, rappelons que le premier opus s’appelle bien « Nioul Nop » : les « Noires oreilles » (en wolof). Clin d’oeil savant qui met les Africaines à l’honneur. Et si les rouges oreilles, « Konkh Nop », des petits blancs requièrent un peu d’électro pour faire passer les chants traditionnels, qu’importe le flacon. A consommer sans modération.

Les « African Divas » : Aissata Baldé (Sénégal), Sira Cissoko (Sénégal), Ramatta Allassane Danté (Niger), Nahawa Doumbia (Mali), Ramatta Doussia (Mali), Cissé Diamba Kanouté (Sénégal), Hadja Kouyaté (Guinée-Conakry), Astou N’Diaye (Sénégal), Koko Ouadjah (Côte d’Ivoire), Fatou Sène (Sénégal).

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