Gabon : les étudiants de l’université Omar Bongo en colère


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Les étudiants de l’université Omar Bongo (UOB) de Libreville ont lancé un mouvement d’humeur de revendication mercredi. Comme dans le passé, les apprenants réclament le paiement des bourses.

A Libreville,

Mercredi dans l’après-midi, les étudiants de l’université Omar Bongo ont barricadé le portail principal de l’établissement et brûlé les pneus sur la voie publique, perturbant la circulation pendant de longues heures. Il a fallu l’intervention musclée des éléments des forces de l’ordre pour ramener le calme dans l’institution.

C’est le non-paiement intégral des bourses qui a provoqué la colère des apprenants. « Je n’ai trouvé que 166 000 francs CFA dans mon compte, alors que j’attendais près de 500 000 », a expliqué un étudiant, visiblement courroucé. Assis sur un banc devant un bâtiment de l’université en train de discuter avec d’autres étudiants, Steven ne cache pas sa colère et son désarroi. « A l’université Omar Bongo, la situation est toujours aussi précaire. J’ai toujours vécu ici comme une personne qui vivait dans la rue ! Il n’y a pas de suivi des cours, qui se font de manière anarchique. Nous sommes totalement laissés à l’abandon ! ». « L’autre aspect des problèmes à l’université, ce sont les divisions internes entre les professeurs et l’administration. Ils ne parlent jamais d’une même voix », estime pour sa part Gérard, compagnon de route de Steven. Selon lui, « ce sont malheureusement toujours les étudiants qui payent les pots cassés », même s’il reconnait qu’il y a eu des améliorations au niveau des infrastructures.

« Les professeurs vendent leurs livres aux étudiants »

Pour autant, il y a beaucoup à faire pour améliorer les conditions de vie des étudiants, estime le jeune homme. « Nous manquons d’outils de travail. Nous n’avons même pas de livres gratuits à notre disposition, puisque ici à l’université Omar Bongo les enseignants vendent leurs ouvrages aux étudiants. Ils sont là pour faire fructifier leurs affaires. Un livre est vendu à près de 20 000 Fcfa. Mais peu d’élèves, malheureusement, ont les moyens financiers d’acheter ces ouvrages. Ils sont donc défavorisés par rapport à ceux qui les achètent. Les professeurs d’ailleurs n’hésitent pas à dresser une liste des apprenants qui achètent leurs ouvrages pour les favoriser lors des examens », se plaint cet étudiant.

Pour sortir la tête de l’eau, de nombreux étudiants sont contraints de photocopier les pages d’ouvrages les plus utiles à leur enseignement. « C’est finalement notre seul recours. Lundi matin, le professeur nous a fourni un document payant. J’ai dû payer 1 500 Fcfa pour le photocopier pour m’en sortir », peste ce dernier. « Ce n’est pas un hasard si le taux d’échec est aussi élevé à l’université », rétorque cet étudiant. Selon lui, « seul 10% des étudiants réussissent. Sans compter les abandons qui sont conséquents. De nombreux étudiants quittent l’université pour tenter d’intégrer des écoles privées ou encore regagner le marché de l’emploi ».

Seulement une fois sur le marché, les difficultés s’enchaînent là aussi. Beaucoup d’étudiants dénoncent l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Les diplômes qu’ils obtiennent à l’UOB ne leur permettent pas d’accéder directement au marché de l’emploi. « Finalement, les enseignements ne servent à rien, rouspètent cet étudiant. Pour s’en sortir certains tentent le concours pour travailler à la fonction publique. Mais là aussi, pour espérer réussir il faut être soutenu par une personnalité haut placé ».

Pour remédier au manque d’efficacité des formations universitaires pourquoi ne pas opter pour la formation en apprentissage dès la première année ? « Nous somment nombreux à soutenir cette solution », affirment ces
étudiants.

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