Femen Tunisie : Amina va bien, Nadia El Fani soutient


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Nadia El Fani

Le silence d’Amina Tyler, première Tunisienne du mouvement Femen-Tunisie, a inquiété et inquiète de nombreuses personnes, notamment des personnalités tunisiennes qui souhaitent lui venir en aide. Nadia El Fani réalisatrice tunisienne, elle-même menacée de mort dans son pays, se mobilise et apporte son soutien à la jeune Amina. Entretien.

Nadia El Fani, réalisatrice tunisienne, vient d’apporter son soutien à la lycéenne de 19 ans et représentante du mouvement Femen Tunisie, Amina Tyler, rapporte Tuniscope.com. Nadia El Fani s’est affichée, chemisier ouvert, sur les réseaux sociaux en rejoignant le mouvement féministe. Sur sa page officielle, la réalisatrice tunisienne a posté une photo d’elle, seins nus, avec l’inscription : « Pour Amina » sur l’avant-bras, « Horria » (Liberté en arabe) sur le front et « Karama » (Dignité en arabe) sur la poitrine.

« Un autre moyen d’expression »

Cette coréalisatrice de « Nos seins, nos armes », un documentaire portant sur les Femen, connue pour son engagement et son franc-parler, s’est exprimée et a réaffirmé tout haut les droits et les libertés de chaque être humain même tunisien. « Réclamons, d’accord ou non avec l’acte posé par Amina, mais d’accord avec les principes des droits de l’homme, son droit à vivre libre, même en TUNISIE !!! ». Rappelant sa majorité atteinte et son droit à la protection sociale : « Dans tout pays qui se respecte, la police est là pour protéger tous ses citoyens, ses citoyennes…. A ceux qui disent qu’Amina est folle… Je rappelle ceci, que je publiais régulièrement sous la dictature de Ben Ali où déjà, on faisait passer les libertaires pour des fous, des dégénérés…au choix ! ».

Nadia El Fani, qui elle aussi a publié des photos seins nus, explique son geste par l’impact qu’il peut avoir au sein de la société. « A la différence des textes, des phrases et des déclarations qui ne suffisent plus, utiliser son corps pour faire passer un message a plus d’impact et suscite 3000 réactions en quelques minutes seulement. Le corps devient ainsi un support et un slogan à lui seul. C’est là, un autre moyen d’expression ».

« Nous ne devons pas nous taire »

« Cet acte n’a aucune portée sexuelle comme le disait si bien Amina. Il se veut porteur d’un message qui, on l’espère, fera évoluer les mentalités et obligera les gens à réagir et à réfléchir. Les inviter à se poser des questions est la première étape de la réflexion. Le geste d’Amina est un geste hautement politique qui se place dans un débat brûlant d’action et d’urgence; celui de l’égalité des sexes notamment ».

Fortement impliquée, la réalisatrice tunisienne dénonce l’inaction de la gauche tunisienne qui, selon elle, « se trompe de combat » et tente à tout prix de l’« étouffer ». « Elle (la gauche tunisienne) devrait défendre son droit à l’expression ! La gauche comme les associations féministes et les associations des droits de l’homme ne se sont jusqu’à présent pas manifestées dans ce pays. C’est tout de même hallucinant ! Le pays est, à un tel point, régi par la peur que les gens n’osent réagir. Cette peur engendre à son tour le silence. Alors, nous ne devons pas nous taire mais taper plus fort jusqu’à ce que notre message soit entendu ».

« Amina m’a dit qu’elle allait bien »

L’avocate tunisienne d’Amina et militante féministe, Bochra Belhaj Hmida a tout récemment démenti les rumeurs qui circulent sur sa cliente et a affirmé sa bonne santé. « Je lui ai parlé hier, Amina m’a dit qu’elle allait bien et qu’elle allait reprendre l’école bientôt », a-t-elle déclaré à l’AFP. Aucune plainte n’a été retenue contre elle, précise-t-elle.

« Que d’autres viennent nous rapporter qu’elle va bien ne prouve rien. Aujourd’hui, on est dans l’attente d’une intervention publique d’Amina, s’est esclaffée Nadia El Fani, elle est adulte et peut s’exprimer de son chef ».

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