Election du président de la Commission de l’Union Africaine sous haute tension


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L’élection du Président de la Commission de l’Union Africaine (CUA) aura lieu à la fin du mois de janvier 2012. Elle a débuté il y a plus de six mois, avec des campagnes médiatiques entachées de contre-vérités, par une partie de la presse sud-africaine.

Pour l’équipe de campagne du président Jean Ping, candidat à sa propre succession, une certaine presse sud-africaine qui soutient légitimement la candidature de Nkosazana Dlamini Zuma, ex-épouse du président Jacob Zuma, publie régulièrement des articles mensongers montés de toutes pièces avec des informations qui émaneraient de prétendus experts chevronnés de l’Afrique. C’est le cas par exemple du tabloïd sud-africain, «The Daily Monitor» du mercredi 28 décembre 2011 qui affirme que «des puissances non-africaines et de l’Union Européenne ont laissé entendre leur soutien à Madame Nkosazana Dlamini Zuma, ex-Ministre des Affaires Etrangères, alors que la France apporterait son soutien au Président de la Commission sortant, Jean Ping».

Or, la Commission de l’UE par la voix de son Ambassadeur en Afrique Sud, Monsieur Roeland van de Geer, dément les informations selon lesquelles le Haut Représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton pèserait de tout son poids pour soutenir la candidature de l’ex-épouse de Jacob Zuma à cette élection. « Ces allégations sont fausses. Catherine Ashton, n’est pas intervenue, sous quelque forme que ce soit dans le processus de désignation du futur Président de la Commission de l’Union Africaine (CUA). Ceci est, et a toujours été, une affaire purement interne pour les Etats membres de l’UA. Ni le haut représentant, ni le représentant de l’UE n’a exprimé une opinion sur les candidats à cette élection», a affirmé Monsieur Roeland van de Geer dans une mise au point publiée le 21 décembre au quotidien sud-africain.

Ces assertions professionnellement amorales viennent s’ajouter aux informations erronées relayées par la presse sud-africaine, faisant état d’un retrait de Jean Ping de la course pour un deuxième mandat à la tête de l’organisation panafricaine. Cela, parce qu’il n’aurait ni le soutien du gouvernement gabonais, ni le financement de sa campagne et aucun soutien par un pays non-africain. Dans la réalité, une campagne de soutien a bien été menée par le gouvernement gabonais au profit du candidat Ping depuis le mois d’août dernier. Le Président, Ali Bongo Ondimba a même adressé une correspondance à ses pairs africains, y compris le Président sud-africain, Jacob Zuma, sollicitant leur appui en faveur du candidat du Gabon. Le gouvernement gabonais à également exprimé son soutien inconditionnel à son candidat, Jean Ping, en rendant public un communiqué levant tout équivoque. De manière légitime et démocratique, le Président Jacob ZUMA a aussi présenté la candidature de son ex-épouse, ce que nous considérons enrichissant pour la démocratie en Afrique, en dépit de l’affiliation qui peut être un handicap pour elle. Ces deux Etats ont donc déployé des moyens considérables pour soutenir leur candidat respectif. Le Gabon n’a pas lésiné sur les moyens logistiques pour promouvoir la candidature de Jean Ping. Ainsi, le pays a mis à la disposition de son candidat ses aéronefs pour rallier les différentes capitales africaines pour faire sa campagne.

Du côté sud-africain, des émissaires ont été dépêchés à Washington, Londres, Paris, Moscou et Pékin, pour solliciter leur appui et bien évidemment leur influence auprès de certains pays Africains en vue de soutenir la candidate sud-africaine. Ces différentes initiatives interrogent fortement les diplomates Africains sur la pertinence des moyens et actions déployés pour cette élection qui ne concerne que les Africains.

L’ex-épouse du Président sud-africain, dont la compétence et le leadership sont reconnus, n’a pas besoin de telle campagne médiatique électorale pour promouvoir sa candidature auprès des Etats membres de cette organisation, ou même pour confirmer son statut et sa réputation de «bûcheuse coriace» et de femme respectée. Cette campagne dangereuse menée par une presse sud-africaine sans scrupule, pourrait à terme nuire à la candidate et porter atteinte aux grandes valeurs que représente Nkosazana Dlamini Zuma pour son pays et pour l’Afrique.

En tant qu’Africain, soucieux de voir cette institution continuellement renforcée pour apporter des réponses aux grands défis de notre continent, nous pensons qu’il serait judicieux pour la démocratie en Afrique que les journalistes, quel que soit leur nationalité, ne se discréditent pas par des prises de position sans fondements et des écrits mensongers qui n’honorent pas cette profession.

Macaire Dagry

Chroniqueur Politique à Fraternité-Matin

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