Dominic Ongwen, l’ex-enfant soldat jugé par la CPI pour crimes de guerre


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Après son transfert à la Haye, l’ex-chef rebelle ougandais Dominic Ongwen est jugé, ce lundi, pour la première fois, par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Un jugement qui doit aussi prendre en compte que cet ex-enfant soldat, arraché à sa famille en se rendant à l’école, est devenu un tueur sans vergogne et l’un des plus grands seigneurs de guerre.

L’heure des comptes a sonné pour Dominic Ongwen. C’est ce lundi que l’un des principaux chefs de la sanguinaire rébellion ougandaise, l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), comparait devant la Cour pénale internationale (CPI). Il est jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Après s’être rendu, début janvier, il a été transféré, mardi dernier, au centre de détention de la CPI, à La Haye, aux Pays-Bas.

Avant d’être prisonnier de la justice internationale, il a été traqué pendant 10 ans par cette dernière. En 2005, en effet, la CPI a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de Dominic Ongwen pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. C’est à partir du 6 janvier 2015 que des conseillers militaires américains, travaillant avec la Force régionale d’intervention de l’Union africaine (UA) en République centrafricaine, ont placé Ongwen en garde à vue. Les États-Unis avaient offert une récompense, allant jusqu’à cinq millions de dollars US pour toute information menant à l’arrestation de Dominic Ongwen.

Une enfance volée

Dominic Ongwen est originaire de Gulu. Il a été lui-même enlevé et enrôlé dans les rangs de la LRA, à l’âge de 10 ans, alors qu’il était sur le chemin de l’école. Des hauts dirigeants de la LRA lui ont alors donné une formation militaire et il a fini par être connu comme l’un des commandants les plus impitoyables. Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, des combattants qui auraient été sous le commandement d’Ongwen, ainsi que d’autres forces de la LRA, ont commis des attaques brutales et terrorisé les communautés dans les districts du Bas-Uélé et du Haut-Uélé de la RD Congo, pendant plusieurs années.

Des circonstances atténuantes ?

Human Rights Watch souligne que parmi les suspects faisant l’objet d’accusations émises par la CPI, Dominic Ongwen est considéré comme le seul ayant été enlevé en tant qu’enfant. Des poursuites judiciaires contre lui soulèvent donc des questions importantes concernant un accusé qui était lui-même un ancien enfant-soldat. Même si ces crimes dont il est accusé ont été commis à l’âge adulte. Pour l’organisation de défense des droits de l’Homme, l’enlèvement de Dominic Ongwen était un crime de guerre. Il a été privé de soins parentaux et a passé des années pendant lesquelles se développe la personnalité sous le contrôle d’un groupe connu pour son extrême brutalité. Pour Human Rights Watch, ces circonstances atténuantes devraient être prises en compte lors de la prononciation du verdict dans l’éventualité d’un procès et d’une condamnation, et elles peuvent également être pertinentes pour sa défense juridique. « Dominic Ongwen est à la fois une victime et un responsable présumé d’atrocités commises par la LRA », estime l’ONG, soulignant que « la procédure judiciaire doit prendre en compte non seulement ses crimes présumés, mais également l’endoctrinement brutal d’enfants par la LRA et son impact potentiel sur Ongwen ».

La LRA et ses monstruosités

La LRA, dirigée par le seigneur de guerre ougandais Joseph Kony, a tué, mutilé et enlevé des milliers de civils, dont de nombreux enfants, dans des régions reculées du nord de l’Ouganda, du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), du Soudan du Sud, et de la République centrafricaine, depuis plus de deux décennies. En décembre 2003, le Président ougandais Yoweri Museveni avait déféré la situation de la LRA à la CPI, qui a ouvert une enquête sur la situation dans le nord de l’Ouganda et a émis des mandats d’arrêt à l’encontre d’Ongwen et de quatre autres dirigeants de la LRA, notamment Joseph Kony, en 2005. Depuis lors, trois suspects auraient été tués. De son côté, Joseph Kony est toujours en fuite. La justice internationale tentera sans doute de soutirer des informations à Dominic Ongwen pour mettre la main sur le chef de la LRA. Aujourd’hui une question se pose avec acuité : comment la CPI compte-t-elle juger un ex-enfant soldat pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ? Affaire à suivre…

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