Discours du nouvel an en Guinée : Sékouba Konaté se dérobe


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La fin de chaque année est l’occasion pour les chefs d’Etat d’adresser à leurs concitoyens un discours inspirant espoir et optimisme quant au devenir du pays. Le soir de la Saint Sylvestre, il en a été ainsi partout dans le monde, ou presque. La Guinée, dirigée par le général Sékouba Konaté, a fait exception à la règle. Le réveillon a été morose à Conakry où les conditions de vie demeurent difficiles et l’avenir incertain.

Notre correspondant en Guinée

Alors que les Guinéens attendaient un important discours, annonçant une rupture avec Moussa Dadis Camara tant dans le ton, la méthode et les objectifs, le président par intérim Sékouba Konaté s’est dérobé à l’exercice au profit du Premier ministre, Kabiné Komara. Au nom du chef de l’Etat et du président par intérim, le Premier ministre guinéen a prononcé un discours de huit pages dans lequel il n’a annoncé aucune décision d’envergure concernant la marche politique et sociale de la nation. Réconciliation nationale, relance du processus de transition; restructuration des forces de défense et de sécurité. Rien de nouveau sous le soleil…

S’agissant du premier axe de son allocution, le Premier ministre a déclaré: « J’instruis les médias publics à s’abstenir désormais de tout propos belliciste de nature à éveiller des attitudes coléreuses chez nos paisibles populations… » Par cette invite, selon certains observateurs, il voulait faire allusion à la vague des éditoriaux quotidiens de la radio télévision nationale contre la France et plus précisément son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, pour des propos jugés virulents à Conakry.

Le citoyen lambda est resté sur sa faim après le discours du Premier ministre. « Il [le premier ministre: ndlr] n’a rien dit de potable. Moi je croyais qu’il allait parler d’élection. Car rien n’ira, si on n’a pas de dirigeants légitimes. La preuve, tous les partenaires nous ont tourné le dos… », nous a déclaré un jeune se trouvant dans un cercle de discussion réuni pour commenter les vœux du nouvel an.

Un réveillon sans feux d’artifice

Cette année, aucune manifestation officielle n’a été organisée pour marquer dans la joie et l’allégresse la fin de 2009. Aucune disposition particulière n’a été prise par le pouvoir pour atténuer le calvaire des Guinéens. A Conakry, faute d’électricité, beaucoup ont fêté à la belle étoile. Des quartiers entiers étaient privés des services de la guinéenne d’électricité. Il en était de même pour l’eau potable. Les robinets des quartiers défavorisés sont restés secs. Obligeant du coup, femmes et enfants (et mêmes des femmes enceintes) à traverser des quartiers entiers en quête du précieux liquide.

Pour les réjouissances, nombreux sont les Guinéens qui ont veillé à la maison. Souvent autour du thé appelé « Ataya ». Contrairement à ce qui se passe à l’accoutumée, les salons de coiffure n’ont pas fait de recettes cette année. De nombreuses jeunes filles et femmes nous ont confié n’avoir pas eu, pour la majorité, l’argent nécessaire pour se rendre belle et arborer de belles coiffures et tenues de sortie. « Cette année, faute de moyens financiers, je vais porter mes perruques et mes anciennes tenues. Je pourrai me tresser après, si on nous paie… », nous a déclaré une jeune fonctionnaire.

Cependant, en dépit du manque d’argent, d’électricité et d’eau, les rues de Conakry sont restées animées et grouillantes toute la nuit.

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