Discorde au sein des ex-rebelles libériens


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Les ex-combattants des Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie ne veulent plus de leur chef Sékou Damate Conneh. Ils le soupçonnent de corruption et envisagent de le remplacer par son ex-femme : Aïcha Kéita Conneh. Une discorde qui, si elle perdure, pourrait peser sur l’actuel processus de réconciliation nationale.

De nouveau, des morts au Libéria. Des nouvelles victimes qui résultent cette fois-ci de dissensions au sein des ex-rebelles du Lurd (Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie). Au moins sept personnes ont trouvé la mort jeudi dernier, dans les villes de Gbarnga, Tubmanburg et Voinjama. A l’origine de cette flambée de violence, une dizaine de commandants de l’ancien mouvement rebelle qui soupçonnent leur chef, Sékou Damate Conneh, de percevoir des pots de vin auprès de l’appareil exécutif libérien pour des nominations au sein du gouvernement de réconciliation nationale. Ainsi, les différents dirigeants de ce mouvement qui contrôlerait plus de la moitié du territoire du pays, contestent la légitimité de leur chef Sékou Damate Conneh. Ils souhaitent le remplacer par son ex-femme, Aïcha Kéita Conneh.

Transition politique

11 août 2003, sous la pression internationale, le président Charles Taylor quitte le pouvoir pour un exil doré au Nigeria, mettant ainsi fin à dix ans de guerre civile. Il laisse la place à l’un de ses hommes de confiance, Moses Blah, pour assurer l’intérim. Pendant dix jours, celui-ci conduit un gouvernement intérimaire. Il sera remplacé par Gyude Bryant, aujourd’hui à la tête du pays, choisi par dix-huit partis politiques et représentants de la société civile. Considéré comme une personne neutre, il est appelé à conduire un gouvernement de transition jusqu’en janvier 2006 composé de membres de l’ancien régime et d’ex-rebelles du Lurd. Sa nomination s’inscrit dans une nouvelle dynamique de reconstruction du pays. C’est dans un contexte de démobilisation des 45 000 ex-combattants, que vient s’ajouter cette discorde au sein du Lurd.

Paradoxal

Vendredi dernier, les chefs militaires de Lurd annonçaient avoir démis de ses fonctions, Sékou Damate Conneh, qu’ils accusaient d’avoir, en échange d’argent, « renoncer à des postes au sein du gouvernement de transition », revenant à leur mouvement. Et, dans une « résolution » parvenue la veille à Monrovia, nombre de généraux et colonels au sein du Lurd, élisaient dans le même temps Aïcha Kéita Conneh à la tête de l’organisation.

Ces dangereuses dissensions qui minent l’ex-rébellion n’arrangent en rien le processus démocratique qui pourrait bientôt en pâtir. Il faut rappeler que si Sékou Damate Conneh est démis de ses fonctions, son ex-femme, nouveau numéro un désigné du Lurd, refuse de remplacer son ex-mari. Le problème reste entier. Poussé vers la sortie, Sékou Damate Conneh, ne se laisserait sans doute pas évincer si facilement. Un jeu de pouvoir auquel le pays pourrait malheureusement se brûler les ailes.

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