Déstabilisation de la Guinée : Alpha Condé accuse Macky Sall


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Les Présidents Alpha Condé et Macky Sall
Les Présidents Alpha Condé et Macky Sall

Après un malentendu né de la fermeture des frontières sénégalaises après la crise Ébola en Guinée, il y a quelques années, suivi d’une décision similaire à l’approche de la Présidentielle guinéenne, les deux pays voisins semblaient arrondir les angles, lors d’une rencontre au mois de janvier dernier au Ghana, à l’occasion de de l’investiture de Nana Akufo-Addo. Mais, le Président guinéen Alpha Condé vient de refroidir les espoirs de dégel des relations entre son pays et le Sénégal en rajoutant une couche sur ses accusations répétées contre son homologue sénégalais, Macky Sall.

Fermées depuis 6 mois, les frontières entre le Sénégal et la Guinée ne rouvriront pas de sitôt si l’on en croit la position du Professeur Alpha Condé sur la question. Pour le Président guinéen, le Sénégal servait de base arrière à la déstabilisation de la Guinée. « Ceux qui voulaient que la Guinée brûle, nous voyons tous ce qui se passe chez eux. Ce qui veut dire que Dieu ne dort pas. Moi, je ne me querelle avec personne, pas un seul jour depuis que j’ai été élu Président, aucun opposant n’est venu à Conakry pour diffamer le gouvernement. Ça, je ne l’accepte pas. Mais tout le monde sait, tous ceux qui nous insultent, tous ces cris de la Guinée va brûler, tout se fait à Dakar. Tout le monde le sait, mais Dieu est là », a accusé Alpha Condé.

Le Président guinéen a aussi évoqué la situation préoccupante de la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de Covid-19 et la résurgence du virus Ebola dans son pays. « Je suis sûr que la Guinée commencera à aller de l’avant, je l’ai dit…. d’ici quelques années, seul le Nigeria sera devant nous en Afrique de l’Ouest. Cela ne plaît pas à nombreux de nos voisins, car ils veulent que la Guinée reste toujours derrière, mais nous irons de l’avant », a déclaré Alpha Condé, en faisant allusion à Macky Sall, qui lui avait opposé une fin de non-recevoir à sa proposition de patrouilles mixtes à la frontière guinéo-sénégalaise, à la veille de l’élection présidentielle d’octobre dernier, qui l’a vu rempiler pour un troisième mandat à la tête de la Guinée.

Depuis, c’est un « blocus » qui règne aux frontières de la Guinée avec le Sénégal et la Guinée-Bissau. Sur les trois pays concernés par ce « blocus », seules les frontières avec la Sierra Leone ont été rouvertes, en février dernier, après 4 mois de fermeture grâce à une diplomatie conciliante des autorités sierra-léonaises dont le Vice-président avait été nommément accusé par Alpha Condé de « recruter des mercenaires » pour participer à un complot visant à déstabiliser la Guinée au profit de Cellou Dalein Diallo, son rival et principal opposant.

La question de la fermeture des frontières, qui oppose Alpha Condé et Macky Sall, est en réalité un prétexte qui cache mal leur antagonisme politique, idéologique et de fonctionnement entre deux chefs d’État… La même tension de suspicion règne entre Alpha Condé et Umaru Emballo, le Président de la Guinée Bissau, dont les frontières sont également fermées avec la Guinée-Conakry sur décision du Président guinéen.

À rappeler que l’opposition historique entre « Politiques » guinéens et sénégalais remonte à la tumultueuse rivalité pré et post-indépendance opposant Ahmed Sékou Touré et Léopold Sédar Senghor, alors députés à l’Assemblée nationale de l’empire colonial français. Pourtant, le Sénégal a toujours été une terre hospitalière pour des milliers de Guinéens à majorité de l’ethnie peul fuyant la persécution ou la dictature en Guinée, même au plus fort de la crise opposant politiques guinéens et sénégalais.

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