Des centaines de Touaregs fuient les violences au Mali


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Pour échapper aux affrontements qui opposent actuellement l’armée aux rebelles touaregs dans le nord du Mali, plusieurs centaines de Maliens ont traversé la frontière et se sont réfugiés au Burkina Faso depuis le mois d’avril, selon la Commission nationale burkinabè pour les réfugiés (CONAREF).

Plus de 300 réfugiés, des femmes et des enfants, pour la plupart, ont été déclarés à Ouagadougou, où ils sont hébergés dans les vestiaires du stade de football, et 600 autres montent des refuges de fortune à Djibo, à 53 kilomètres de la frontière malienne et à 205 kilomètres au nord de la capitale. « De plus en plus de réfugiés arrivent et déposent des demandes d’asile », a indiqué à IRIN Kogda Der, un représentant de la CONAREF.

À la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, d’autres réfugiés potentiels attendent de savoir si les premiers arrivés seront pris en charge sur place avant de s’aventurer de l’autre côté de la frontière, selon M. Der.

« D’autres réfugiés vont arriver (…) si les affrontements ne s’arrêtent pas », a confirmé Ag Agalas Issa, réfugié à Ouagadougou.

Révolte

Les hostilités entre les soldats maliens et les rebelles touaregs se sont intensifiées ces derniers mois et le 21 mai, le gouvernement malien a confirmé que les affrontements survenus dans le nord du Mali avaient fait 32 morts et 31 blessés dans les rangs des soldats et des rebelles ; au vu de ce bilan, les responsables de l’armée s’inquiètent de l’audace plus prononcée dont font preuve les rebelles, ainsi que de leur force de frappe croissante.

Dans les années 1990, une précédente révolte des Touaregs dans le nord du Mali et au Niger avait incité des centaines de milliers de civils à se réfugier dans les pays voisins, et notamment, pour beaucoup, au Burkina Faso, et avait donné lieu à une opération de secours de grande envergure.

De nombreux réfugiés étaient retournés chez eux après la signature d’un accord de paix entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs en 1995.

Mohammed Alher Ag Abou, un réfugié de 27 ans, se rappelle avoir fui avec ses parents en 1993, pendant le deuxième soulèvement des rebelles touaregs face à l’armée malienne. « Cette fois-ci, nous sommes venus avec notre bétail. En 1997, quand nous étions retournés chez nous, nous avions découvert que tout notre bétail avait disparu ».

Le gouvernement « pas prêt »

Des équipes communes composées de représentants du gouvernement et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont évalué l’ampleur des besoins dans la capitale et à Djibo le 28 mai, et s’apprêtent à y répondre.

« La priorité, à présent, est de créer des camps de réfugiés à Ouagadougou et à Djibo », a expliqué M. Der.

Le gouvernement prévoit notamment d’ouvrir un camp à Saag Nioniogo, une banlieue de Ouagadougou qui accueillait des centaines de réfugiés touaregs dans les années 1990.

« Nous demandons à nos partenaires de nous aider à ouvrir ces camps et à fournir des vivres [aux réfugiés], parce que le gouvernement n’a pas de budget pour ce type d’urgence », a expliqué M. Der.

Les autorités peinent déjà à assurer l’hébergement de quelque 542 habitants de Ouagadougou, privés de leur toit par les premières averses de la saison, le 24 mai.

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