Congo : Sassou Nguesso pourrait « modifier la Constitution » pour se maintenir au pouvoir


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Selon Jean Médard Mapika, président du Front congolais du salut (FCS), partenaire de la coalition au pouvoir, la Constitution pourrait être modifiée avant les élections de l’an prochain pour supprimer les verrous qui empêchent le Président Denis Sassou Nguesso de briguer un nouveau mandat.

Au Congo aussi, la Constitution pourrait bien être victime d’un révision opportuniste. C’est Jean Médard Mapika, président du Front congolais du salut (FCS), partenaire de la coalition au pouvoir, qui a fait allusion à la question lors d’un entretien accordé à l’agence de presse britannique Reuters. « La coalition au pouvoir en République du Congo souhaite modifier la Constitution avant les élections de l’an prochain afin de supprimer les clauses empêchant le Président Denis Sassou Nguesso de briguer un nouveau mandat », a déclaré, ce mardi 10 mars 2015, le responsable.

Selon Jean Médard Mapika, « changer la Constitution permettra simplement à notre pays d’avancer sur la voie d’un développement pacifique. Mais disons-le franchement, cela permettrait à l’homme d’Etat Denis Sassou Nguesso de poursuivre les grands projets qu’il a entamés il y a de nombreuses années pour développer le Congo ». La Constitution congolaise de 2002 limite en effet à deux le nombre de mandats présidentiels et exclut les candidats de plus de 70 ans. Or, le Président congolais Denis Sassou Nguesso, ancien officier qui a pris le pouvoir en 1997 à l’issue d’une guerre civile, est âgé de 71 ans. Il a été élu à la tête de l’Etat lors de scrutins plus ou moins controversés en 2002 et 2009. Pour le moment, il n’a pas encore officiellement affirmé s’il se présentait ou non à la Présidentielle de 2016.

Pour faire sauter les verrous qui empêchent, selon la Constitution actuelle, le dirigeant de l’ancienne colonie française de se présenter, le FCS souhaite que le chef de l’Etat convoque une assemblée constitutionnelle regroupant tous les partis afin d’amender la Loi fondamentale. Le Parti congolais du travail, la formation présidentielle, s’est à son tour prononcé, la semaine dernière, dans le sens de supprimer la limite d’âge et de nombre de mandats du Président congolais.

En Afrique, il n’est pas rare que les Présidents en exercice cherchent à modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Après avoir tenté de modifier les conditions d’organisation des prochaines élections, le chef de l’Etat Joseph Kabila de la République démocratique du Congo voisine a vu son projet combattu par une farouche opposition de plusieurs manifestants. La répression de ce mouvement provoqua la mort d’au moins 42 personnes, selon des organisations de défense des Droits de l’Homme. Au Burkina Faso, le Président déchu Blaise Compaoré l’a payé cher, lorsqu’il a tenté de modifier l’article 37 de la Constitution pour se maintenir au pouvoir, après avoir dirigé le pays pendant plus d’un quart de siècle. Sous la pression de plusieurs milliers de manifestants, il a été contraint à la démission. S’il acceptait à son tour de modifier la Constitution de son pays, ce serait sans doute un vrai risque pour Denis Sassou Nguesso de voir s’élever au Congo une protestation similaire.

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