Congo : Denis Sassou N’Guesso, les Jeux Africains et le combat pour la Paix


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L’organisation des 11èmes Jeux Africains à Brazzaville, cinquante ans exactement après celle des premiers Jeux dans la même capitale, permet évidemment de mesurer le chemin parcouru par l’Afrique en un demi-siècle. Mais elle révèle aussi l’un des engagements les plus profonds du chef de l’Etat congolais Denis Sassou N’guesso : son aspiration à l’unité. Une unité qu’il faut sans cesse travailler et reconstruire pour consolider la paix. Analyse.

L’unité, c’est d’abord et avant tout pour le Président Denis Sassou N’guesso, l’unité du Congo. On sait que cette unité est purement politique, le tracé des frontières ayant hérité comme partout en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, de délimitations coloniales parfaitement arbitraires. Dans un pays comme le Congo, et ce depuis les lendemains mêmes de l’Indépendance, l’Unité n’est pas un fait, mais un combat. Ce n’est pas une hypothèse, mais un objectif. Les historiens contemporains ont abondamment montré ce que les soubresauts violents des premières décennies du Congo indépendant devaient à ces forces centrifuges qui, enracinées dans les divisions ethniques et culturelles d’une très riche histoire précoloniale, menacent à tout moment de ressurgir pour écarteler le pays.

Pour lutter contre ces forces qui s’opposent à l’unité nationale, Denis Sassou N’guesso, instruit par l’expérience des guerres civiles très violentes qui avaient ravagé le Congo, a d’emblée conçu son action politique dans le sens d’un développement partagé, équitablement réparti sur l’ensemble du territoire congolais. En deux mandats successifs, la politique dite de « municipalisation accélérée » a permis de mettre successivement l’accent sur le développement de chaque département du Congo. C’est de cette manière que le pays s’est hissé au-dessus des pays voisins dans les classements internationaux qui mesurent le « développement humain », la sécurité, l’accès à l’eau potable et à l’électricité, l’éducation et la santé étant les objectifs prioritaires.

Une valeur à la fois politique et économique

En même temps, cette politique comportait une forte composante d’équipements structurants : les routes bitumées étaient quasiment absentes à l’heure de l’indépendance, fréquemment coupées par les inondations, et le premier frein à l’unité de territoires hétérogènes était évidemment la difficulté de circulation d’un bout à l’autre du Congo. En deux mandats, le réseau routier du pays a été transfiguré. Parce que les revenus pétroliers permettaient cette politique d’investissements lourds, le Congo est désormais traversé de bout en bout par des rubans routiers récents et bien entretenus. La rapidité du déploiement de ces équipements structurants reflète une volonté, celle de consolider l’unité nationale et de faciliter le développement économique de tout le territoire. Même chose pour les équipements hospitaliers, les écoles, les centrales de production et lignes électriques, les points d’eau assainis, et ainsi de suite.

De ce point de vue, les 11èmes Jeux Africains sont aussi un révélateur intéressant : on voit comment le Sport permet l’expression d’une fierté nationale congolaise, que fédère le soutien des spectateurs à leur équipe nationale. Le champion qui honore le drapeau du pays n’est plus originaire de telle ou telle région : c’est tous les Congolais qui le célèbrent et l’accompagnent jusqu’au podium.

Les Jeux Africains, double révélateur

Mais l’organisation des Jeux Africains n’a pas pour seul enjeu l’unité nationale congolaise : bien au contraire, elle est profondément cohérente avec une pensée panafricaniste que Denis Sassou N’guesso a exprimée avec force au début de ce rassemblement de tous les athlètes du continent. « C’est dans l’unité que l’Afrique est la plus forte ». Depuis la plus haute Antiquité, celle de la Grèce Olympique, les valeurs du Sport ont permis d’affirmer l’importance de la Paix.

Et ces paroles venaient précisément en écho d’une action politique qui a toujours été dans le sens de la construction de la Paix en Afrique. La « paix », ce petit mot si puissant que voudraient pouvoir prononcer sereinement les habitants de l’Est de la RDC, aux prises avec un conflit sans fin avec le Rwanda et autres Etats voisins, qui exploitent sans vergogne les richesses minières de l’ex-Zaïre, en profitant de divisions ethniques séculaires, les Centrafricains déchirés par des conflits artificiels, les Nigérians, les Camerounais du Nord et même les Tchadiens, aux prises avec la démente nébuleuse Boko Haram… La « paix », cette valeur si difficile à défendre face aux facilités et aux convoitises à courte vue qui nourrissent les logiques de guerre.

L’obsession de la « paix »

Cette obsession de la paix, Denis Sassou N’guesso l’exprimait déjà il y a vingt-six ans, lors de la conclusion du Protocole de Brazzaville, qui mit un terme au conflit entre Angola et Afrique du Sud, et permit à la fois la création de la Namibie indépendante et la libération de Nelson Mandela, la fin de l’apartheid et la constitution de l’actuelle Afrique du Sud. Il fut alors le parrain de la Paix en Afrique australe et Nelson Mandela ne manquait jamais une occasion de le rappeler… C’est la même vision que l’on retrouve quand le Congo vient aujourd’hui en aide à la Centrafrique, afin de consolider son processus de réconciliation nationale.

Une vision à la fois politique et économique, dans laquelle le chemin de la « paix » est aussi le chemin du développement, de la sécurité des biens et des personnes, de la croissance économique partagée, mise au service de l’équipement rapide des pays africains. Une vision qui mérite d’être comprise, parce qu’elle gouverne l’action, et qu’elle est tournée vers l’avenir.

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