Comores : « un tueur à gages » pour exécuter l’ex-Président Sambi ?


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Ahmed Abdallah Sambi, l’ex-Président de l’Union des Comores a tenu une conférence de presse, ce dimanche 18 août à Anjouan, où il a manifesté son ambition de vouloir reconquérir le pouvoir. Mais, il a aussi alerté sur les menaces de mort qui pèseraient sur lui. Il a déclaré être la cible d’un « tueur à gages ». Info ou intox ?

L’ancien leader comorien qui a tenu une conférence de presse ce dimanche 19 août, a déclaré qu’un « tueur à gages » aurait été engagé pour l’éliminer. Sans préciser le principal commanditaire, tout le monde s’accorde à penser qu’il s’agirait bien du président Ikililou. En se déclarant de nouveau apte à diriger l’Etat comorien, Sambi a affiché sa crainte de voir un jour sa vie s’arrêter brusquement, prenant la population comorienne à témoin. Cette nouvelle sortie de Sambi n’a pas laissé indifférentes les autorités comoriennes qui ont aussitôt réagi.

Une conférence de presse à défaut d’un grand meeting

Cela fait deux ans que Sambi n’est plus Président de l’Union des Comores. Léguant le fauteuil présidentiel à son vice-président Ikililou, qu’il a alors soutenu. Mais depuis quelques mois, l’ex-Président essaie, tant bien que mal, d’occuper le devant de la scène politique. En voulant organiser un grand meeting dans son île natale, Anjouan, pour étaler ses ambitions présidentielles, et certainement affirmer son opposition à Ikililou. Sambi a eu la surprise de voir son rassemblement annulé par le gouvernement. Pour cause ? Les porte-paroles de Beit-Salam (palais présidentiel) évoquent une note signée en 2010, indiquant que les rassemblements populaires restent interdits en dehors de la période électorale. Sambi ayant pris acte de cette décision, a convié les journalistes à une conférence de presse à sa résidence de Missiri (Anjouan).

Un « tueur à gages » pour Sambi

Lors de la conférence, Ahmed Abdallah Sambi a lui-même fait savoir sa « mort annoncée ». « Un bruit court qu’un tueur à gages serait engagé pour m’éliminer », a-t-il déclaré, dépité. Par cette « information », Sambi a pris le peuple comorien à témoin. « Je dis à mes confrères que s’il arrive qu’on m’assassine, je ne pardonnerai pas ceux qui croiseront les bras. Il faut que les coupables de ma mort fraîche me suivent dans la tombe ». Une nouvelle tension qui vient confirmer le divorce entre les deux hommes. Malgré une « volonté » affichée par Ikililou de rencontrer son prédécesseur, et ancien allié. En dépit de « ces menaces », Sambi ne compte pas renoncer martelant que : « le combat est engagé et l’offensive est lancée pour la course au pouvoir ». A deux ans de la prochaine élection présidentielle, Sambi ne cache pas sa soif du pouvoir. « Je veux le pouvoir à nouveau pour sauver la continuité. Je suis désormais opposant du régime en place. Un régime qui, malheureusement, réunit toutes les conditions pour freiner le décollage du pays », a ajouté l’ex-Président qui demande au gouvernement de rendre des comptes au peuple comorien.

Ikililou en homme fort

Tandis que Sambi continue à plaider sa cause, appelant la population à le rejoindre, Ikililou affiche son autorité qui lui faisait défaut. D’un ton sévère, il a déclaré : « Je suis le président de la République. L’Etat, c’est moi. Désormais Sambi doit se contenir et qu’il sache que s’il tente de se manifester en public, je prendrai les responsabilités qui sont les miennes, car cet homme devrait en principe moisir en prison, pour ce qu’il a fait à notre pays. Je ne me plierai pas, ni devant sa violence verbale, ni devant son populisme éhonté ».
Cette confrontation est à l’image des dirigeants comoriens qui ont chacun pris parti. A commencer par le chef du Parti pour l’entente comorienne (PEC), Fahami Said Ibrahim qui n’exclut pas le retour de l’ancien Président. « Il n’est pas interdit qu’un ancien Président montre son ambition de retourner au pouvoir », a-t-il déclaré. Pour l’ancien ministre du quinquennat d’Azali Assoumani, Houmed Msaidié, Sambi n’aurait pas été un bon président de la République. Il demande alors « l’ouverture immédiate d’une enquête sur l’utilisation des fonds de la citoyenneté économique de 2008 à 2012 ».

Et la tournante ?

Dans cette volonté affichée par l’ex-président une chose qu’il semble négliger pourrait bien freiner son ambition : la Constitution de la tournante. Cette constitution veut que chaque île assure la présidence de l’union à tour de rôle. Si certains Mahorais se voient bien en Président de l’Union des Comores, la tendance laisse penser que c’est un Grand Comorien (Ngazidja) qui devrait diriger l’Etat en 2016. Un état de cause qui freinerait Sambi dans son envie de briguer tout de suite la Présidence, lui qui est originaire de l’île d’Anjouan (Ndzuani).
En attendant d’avoir les faveurs de la Constitution, qui pourrait alors être revisitée, les anciens Poutine-Medvedev, comme on les avait surnommé, continuent d’alimenter le débat politique comorien. L’ancien Président Sambi avait soutenu son ex vice-Président Ikililou dans son ascension. Mais la nomination de personnalités de l’opposition en 2011 par le Président Ikililou à des postes stratégiques, a été qualifiée de pure trahison par Sambi qui a préféré rejoindre l’opposition.

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