Charlie Hebdo confirme : Vivendi est un acteur majeur de la guerre au Mali


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Malgré un démenti du groupe, Charlie Hebdo signe et persiste : « L’Elysée a demandé à Vivendi de retarder la vente de ses parts Maroc Telecom jusqu’à la fin de la guerre au Mali pour permettre à la France de poursuivre ses écoutes téléphoniques au Mali. »

Charlie Hebdo confirme « Les grandes oreilles de Vivendi au Mali ». L’hebdomadaire satirique ne démord pas : « les services d’Etat français se servent de Maroc Telecom pour pister les djihadistes » au Mali. Dans un article publié la semaine dernière par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, le journaliste Laurent Liège affirme que la France se sert de Vivendi, détenteur de 53% du capital de Maroc Telecom, pour traquer les terroristes au Mali. Ce qu’a démenti le groupe français « avec la plus grande fermeté ».

Maroc Telecom détient plusieurs filiales en Afrique de l’Ouest : Mauritel en Mauritanie, Onatel au Burkina Faso, Sotelma au Mali et Gabon Télécom au Gabon. Au Mali, Vivendi est donc à la tête du deuxième opérateur téléphonique, derrière Orange qui détient 60% des parts de marché. Une aubaine pour l’hexagone qui, en ces temps de guerre, aurait besoin de contrôler les échanges téléphoniques entre groupes armés au Mali, selon Laurent Liège. Pas question donc pour le chef des armées françaises, François Hollande, que Vivendi, qui a mis en vente Maroc Telecom, cède ses parts avant la fin de la guerre au Mali.

Vivendi dément, Charlie Hebdo persiste

Vivendi conteste ces allégations et l’a fait savoir en publiant, le 8 février, un démenti précisant notamment que « l’Elysée n’est pas intervenu auprès de Vivendi ». Démenti ou non, Laurent Liège scelle ses affirmations : « François Hollande est bel et bien intervenu pour faire retarder les ventes de Maroc Telecom ». « La seule erreur que j’ai faite, c’est d’avoir indiqué dans mon papier que Maroc Telecom était présent au Niger et au Cameroun et qu’il était le premier opérateur au Mali alors que c’est Orange », clarifie Laurent Liège.

Dans son communiqué, Vivendi fait allusion à « des relations d’affaires entre Nicolas Sarkozy et le groupe Vivendi ou ses filiales ». « Je ne sais pas pourquoi ils mentionnent ces relations d’affaires avec Sarkozy, je n’en parle même pas », dément à son tour le journaliste.

A quand la vente de Maroc Telecom ?

Solange Maulini, responsable actionnaires chez Vivendi dément catégoriquement les propos de Charlie Hebdo. Mais alors pourquoi les parts de Vivendi chez Maroc Telecom n’ont toujours pas été vendues ? « Nous sommes toujours en réflexion, dans une revue stratégique depuis juin », affirme-t-elle.

Selon elle, l’Elysée n’a jamais pris contact avec Vivendi pour lui demander de retarder ses ventes jusqu’à la fin de la guerre. « On n’est pas pris à la gorge, on prend notre temps tout simplement », poursuit-elle. Impossible d’en savoir plus sur les acheteurs les plus potentiels. Il existe toutefois de sérieux soupçons sur de possibles relations entre l’opérateur Qatari Qtel en course pour le rachat des parts de Vivendi.

Le Qatar (re) pointe le bout de son nez

Ce n’est pas la première fois que Qtel suscite son intérêt pour le secteur des télécoms au Maroc. Déjà en juin 2009, le consortium qatari avait souhaité racheter une partie du capital de Méditel, alors mis en vente par l’espagnol Telefonica et le portugais PT. Un échec. Ce sera finalement France Telecom qui deviendra, en 2010, détenteur de 40% du capital de Méditel.

Qtel tente de nouveau sa chance. Mais il y a un hic, plutôt deux. Le premier, et non des moindres, c’est que le Qatar est accusé de financer les cellules djihadistes au Sahel. Ce potentiel rachat qatari pourrait être néfaste dans la lutte contre le terrorisme, surtout en ce moment où la France a, semble-t-il, besoin de « pister les djihadistes ». Le deuxième, qui, là aussi, a toute son importance, c’est que « le roi du Maroc, Mohammed VI, ne veut pas du Qatar chez Maroc Telecom », assure Laurent Liège. Un blocus royal qui « arrange (donc) la France ».

La guerre est très souvent synonyme de secrets et de mystères. Nous ne saurons probablement jamais officiellement si un jour les allégations de Charlie Hebdo se révèleront être vraies, bien qu’elles paraissent plus que plausibles. Selon Laurent Liège, convaincu, « Vivendi refuse et refusera de l’admettre ».

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