Cameroun : « Le médecin légiste ne fait rien d’autre que de rechercher la vérité et de consolider la paix »


Lecture 6 min.
Dr Uwom Okereke Eze
Dr Uwom Okereke Eze

Sous la direction du Dr Uwom Okereke Eze, président de l’Asfm (Société Africaine de Médecine Légale), une fête médico-légale internationale annuelle passionnante a été organisée du 5 au 8 mars 2024, à Douala, ville côtière du Cameroun, avec un riche patrimoine culturel et un centre socio-économique dans la sous-région. A l’issue de ces trois journées d’échanges hautement scientifiques, Dr Uwom Okereke Eze éclaire Afrik.com.

Entretien

Qui est le Dr Uwom Okereke Eze ?

Le Dr Uwom Okereke Eze est médecin légiste et médecin clinicien légiste. Il a obtenu son diplôme de médecine à l’Université d’Ibadan (UI) en 2000 et la certification de bourse de spécialisation de troisième cycle en pathologie du Collège Ouest-africain des médecins (WACP) en 2008 après 6 années statutaires de programme de formation post-universitaire en résidence. Des programmes post-bourses professionnels et universitaires en médecine légale ont été entrepris au Victoria Institute of Forensic Medicine (VIFM)/Monash University, Melbourne, Australie, en plus d’un diplôme en criminologie de l’Institut européen d’éducation et d’une maîtrise en sciences (MSc ) en psychologie juridique, criminologie et sécurité de l’Université d’Ibadan. Il a occupé un poste international en tant que médecin légiste à l’étranger au Département de médecine légale et des sciences de l’Université de Glasgow, au Royaume-Uni, en 2009.

Il a travaillé comme consultant principal en pathologie et médecine légale à l’University College Hospital (UCH), Ibadan, sur divers dossiers médico-légaux avec un intérêt particulier pour les enquêtes médico-légales sur les décès/l’identification des victimes de catastrophes (DVI), l’interprétation des blessures, la violence sexuelle, la médecine légale pédiatrique. En particulier la maltraitance des enfants et les blessures chez les enfants. Il allie médecine et droit, et a également donné des cours aux étudiants de premier cycle et de troisième cycle d’universités et aux médecins résidents du Collège médical post-universitaire du Nigeria et du Collège Ouest-africain des médecins sur des cours de pathologie, de médecine légale et de sciences. Il est diplômé d’une maîtrise de troisième cycle en sciences médico-légales de l’Université d’Ibadan.

Du 5 au 8 mars 2024, l’hôtel Best Western a connu une affluence inhabituelle. Qu’y avait-il exactement ?

C’est avec plaisir que nous avons accueilli du 5 au 8 mars 2024, à Douala, capitale économique et principal centre d’affaires du Cameroun, le 11ème congrès de l’African society of Forensic medicine, couplé au 3ème congrès de la société camerounaise de Médecine légale. Et le thème retenu pour ce co-congrès était : « Médecine légale dans l’écosystème judiciaire africain et Gestion des catastrophes de masse ».

Qu’est-ce qui avait milité en faveur du choix du Cameroun ?

La situation de la République du Cameroun, à l’intersection entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, fait du pays un point de rencontre stratégique accessible par la majeure partie de l’Afrique et du monde avec Douala, ville hôte du 11ème Congrès de la Société Africaine de Médecine Légale (ASFM).

Qui était interpellé par le thème de ce co-congrès ?

Ce thème interpellait la justice, la Santé, les ONG des droits de l’homme, les assureurs, les médecins et toute autre personne de la société civile pour que la loi soit dite et que justice soit rendue aux victimes.

Pouvez-vous nous préciser qui est concerné par la médecine légale ?

La pratique de la médecine légale en Afrique qui concerne aussi bien les victimes vivantes que les mortes, connait encore plusieurs manquements. En effet, l’Afrique a essuyé plusieurs catastrophes aussi bien humaines que matérielles, au cours des dix dernières années notamment : Les catastrophes aérienne, sanitaire, ferroviaire, maritime, industrielle ; des effondrements de terrains voire tremblement de terre, des conflits armés et j’en passe. Catastrophes pour lesquelles les méthodes de gestion n’ont pas toujours été évidentes.

Peut-on dire qu’à l’ossue des travaux vous avez atteint vos objectifs ?

Nous espérons qu’au cours de ces trois journées d’échanges hautement scientifiques, les participants ont acquis les notions factuelles sur les champs d’application de la médecine légale, spécialité médicale à part entière d’une part, et la mise sur pied d’une politique de gestion des catastrophes de masse notamment pour ceux des pays africains qui n’en possèdent pas.

Que peut-on retenir du thème de cette conférence ?

Le thème de la conférence : « LA MÉDECINE LÉGALE DANS L’ÉCOSYSTÈME JUDICIAIRE AFRICAIN ET LA GESTION DES CATASTROPHES DE MASSE », est instructif, car il examine de près le contexte africain, le système judiciaire et l’interdépendance des facteurs et des dynamiques qui convergent souvent dans les catastrophes de masse en Afrique, et l’énigme dans la gestion des catastrophes. L’éventail complet des catastrophes de masse, naturelles et causées par l’homme, serait exposé et les ramifications de la gestion des catastrophes, y compris le soutien psychologique aux victimes vivantes et l’assistance aux familles des défunts, seraient pleinement explorées par des experts dans les disciplines respectives.

La médecine légale est, en effet, un point de fusion pour les spécialités de la médecine et du droit. Et cette conférence médico-légale internationale a répondu à cette attente en réunissant des praticiens concernés tels que des médecins, des avocats, des procureurs, des juges, des policiers et d’autres organismes d’application de la loi, des agences de sécurité, des autorités de gestion des catastrophes, des médecins légistes, des psychologues, des conseillers, des travailleurs sociaux et des professionnels et organisations connexes. L’essence de l’approche multidisciplinaire de la gestion des catastrophes de masse sera évidente.

L’expérience pratique, les idées novatrices et la science applicable seraient partagées dans une atmosphère de collaboration qui favorise le travail d’équipe pour relever les défis auxquels les sociétés sont confrontées, en particulier en Afrique, au lendemain de catastrophes. Bien que la réalité du monde en tant que village planétaire, où un problème dans une partie affecte les autres, soit reconnue, cela jetterait également un éclairage supplémentaire sur ce que nous pouvons accomplir de plus au sein de l’écosystème africain. C’est une réunion que personne, qui fait partie du public cible, en Afrique et au-delà, n’a voulu manquer. L’ASFM Douala 2024 était l’une des conférences de médecine légale et de science les plus importantes sur un thème d’actualité en Afrique ces derniers temps.

Votre mot de fin…

Au nom du Conseil exécutif (EXCO) de l’ASFM, j’exprime notre profonde gratitude au gouvernement, aux ministères concernés, aux autorités compétentes et au bon peuple camerounais d’avoir accepté d’accueillir l’Afrique et le monde dans votre beau pays qui incarne la diversité, emblème clé de notre humanité commune. Je remercie également immensément notre équipe ASFM Cameroun, qui était à l’avant-garde de l’organisation de cette conférence historique, étant la première fois qu’un pays d’Afrique centrale accueillait l’ASFM, une société panafricaine de médecins légistes et de praticiens scientifiques. Un grand merci aux membres du Comité Local d’Organisation de l’ASFM dirigé par l’infatigable Dr Patricia Kom, Présidente de notre organisation affiliée, la Société Camerounaise de Médecine Légale.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News