Cameroun : le développement de l’agriculture africaine aidera-t-il à réduire la pauvreté ?


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L’Afrique est riche en vastes territoires qui peuvent être affectés à la production agricole. Malgré cette richesse, le continent reste à la traîne en matière agricole. Les pays d’Afrique centrale comme le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad sont toujours confrontés à des difficultés pour alimenter leurs populations dont la démographie va toujours croissant. Les chefs d’État africains se sont répandus quelque peu sur des mesures visant à s’assurer que le continent bénéficie du secteur agricole.

Philémon Yang, le Premier ministre du Cameroun, a officiellement signé des documents, le 17 juillet 2013, confirmant l’adhésion de son pays au Programme détaillé pour le Développement de l’Agriculture africaine (PDDAA). Les chefs d’État africains ont créé le PDDAA dans le cadre de la nouvelle convention de Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) en juillet 2003, lors d’une réunion à Maputo, au Mozambique, dans le but d’améliorer et de promouvoir l’agriculture sur le continent africain. Ils ont convenu d’affecter 10 pour cent de leur budget à l’amélioration de l’agriculture en Afrique.

Croissance du secteur agricole de 4% à 10% en 2020

Suite à un rapport dans le Cameroon Tribune en date du 18 juillet 2013, le Premier ministre Philemon Yang, après la signature de l’accord du PDDAA, a appelé les fonctionnaires à collaborer avec le privé pour assurer que le secteur agricole du Cameroun devienne une réussite. Le 13 octobre 2011, le Premier ministre Yang avait adressé une correspondance administrative au Secrétaire exécutif du NEPAD, l’assurant de l’adhésion du Cameroun à l’initiative du PDDAA.

Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural du Cameroun, Essimi Menye? dans une interview à la presse locale, a déclaré avoir bon espoir que l’initiative PDDAA aidera l’État à créer le Programme national d’Investissement dans l’Agriculture. Il a ajouté que le gouvernement du Cameroun fera en sorte que d’ici Décembre 2013, le Programme national d’investissement dans l’Agriculture soit déposé devant le Chef de l’État pour approbation. Le Programme national d’Investissement dans l’Agriculture est censé stimuler la production agricole, pour faire passer la croissance du secteur des 4% actuels à 10% en 2020, a ajouté le ministre Essimi Menye.

Des initiatives passées ont été soit détournées par des fonctionnaires

D’autres parties prenantes du secteur privé qui ont signé l’accord du PDDAA ont exprimé leur engagement à collaborer avec le gouvernement pour s’assurer que le Cameroun exploite de manière optimale le potentiel de son secteur agricole. Le représentant de l’Union africaine (UA) et le NEPAD, Mariam Sow Soumaré, a confié au Premier ministre que l’UA allait donner au Cameroun tout son soutien pour assurer le succès de cette initiative. Tchoungi Roger, secrétaire général adjoint de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a ajouté que la CEEAC allait aussi aider le gouvernement du Cameroun dans cette initiative.

Le PDDAA est une initiative louable et contribuerait à la réduction de la pauvreté au Cameroun. La seule crainte est que les programmes similaires dans le passé n’ont pas donné tous leurs fruits. Certaines des initiatives passées ont été soit détournées par des fonctionnaires corrompus, et de l’argent a été gaspillé ou détourné sans aucune considération. Les agriculteurs pauvres, qui sont censés profiter de ces programmes n’en ont pas assez bénéficié. Ils continuent à peu tirer profit de leurs productions, tandis que les fonctionnaires corrompus détournent des fonds qui sont destinés aux premiers.

Il est impératif que le NEPAD et la CEEAC s’assurent que l’initiative du PDDAA ne reste pas entièrement sous le contrôle du gouvernement central. Il est nécessaire de veiller à ce que le secteur privé ait aussi son mot à dire, en particulier dans la gestion financière de ce projet. Pour sûr, de larges montants d’aide étrangère vont être injectés dans cette initiative et si on n’y prend garde, cet argent sera détourné comme avant. Si le gouvernement du Cameroun est véritablement sérieux quant à la réalisation de certains, sinon de la totalité, des Objectifs du Millénaire pour le Développement d’ici 2015, alors il faut un changement de praxis au niveau de la politique publique et de l’État. Sans ce changement de stratégie qui est de la plus haute importance pour le développement agricole au Cameroun, l’initiative PDDAA restera vaine.

LibreAfrique.org

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