Babyloan : une nouvelle offre de microcrédit pour l’Afrique


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Babyloan, le site de microcrédit créé en 2008 par Arnaud Poissonnier et Aurélie Duthoit a connu un développement spectaculaire. Ayant déjà financé près de 2200 projets dans le monde, la société est présente au Bénin et au Togo sur le continent Africain. Elle devrait bientôt s’implanter en Afrique du Sud et au Burkina Faso.

Babyloan ne connait pas la crise. La petite entreprise qui monte, a remporté le 5 mars le concours 2010 du Forum des Innovations Financières pour le Développement, grâce à son projet de tirelire électronique baptisée l’@ Peu Prêt. Mais cela ne s’arrête pas là. À peine un an après sa création, à l’automne 2008, le premier site de microcrédit européen compte déjà 5500 membres prêteurs et 550 000 € de prêts solidaires à son actif. « On a déjà financé 2200 projets dans le monde » précise, enthousiaste, Arnaud poissonnier, président et co-fondateur du site.

Trois questions à Ramanou Nassirou, directeur général de Wages, institution de microfinance partenaire de Babyloan au Togo

Afrik.com : Quel est le profil des personnes membres de Wages ?

Ramanou Nassirou: Ce sont principalement des femmes, qui correspondent à 75 % des membres. Leurs activités sont agricoles, il n’y a pas d’activités urbaines. Aucune n’a déjà eu accès auparavant à la micro-finance.

Afrik.com : Comment sont identifiées les personnes susceptibles de bénéficier du micro-crédit ?

Ramanou Nassirou: On dispose de personnes sur le terrain, qui avec des scooters vont vers les clients et leur explique le concept. Ce ne sont pas les micro-entrepreneurs qui viennent à nous. Ceux qui sont intéressés s’inscrivent. Wages les aide dans leurs démarches et leur propose alors des formations. Jusqu’ à présent tout fonctionne bien.

Afrik.com : Et les micro-entrepreneurs, qu’en pensent-ils ?

Ramanou Nassirou: Ils sont très contents, ils sont heureux qu’on s’intéresse à eux et qu’on leur propose quelque chose qui s’adapte à leurs besoins. Ils n’avaient encore jamais eu accès à la micro finance. En général, ils empruntaient à leur famille ou à des usuriers qui pratiquaient des prix à des taux très prohibitifs.

En Afrique, cet ancien de Merrill Lynch, banque d’investissement américaine, ne cache pas son engouement : « on est déjà présent au Togo et au Bénin, et des discussions sont en cours avec l’Afrique du Sud et le Burkina Faso qui devraient aboutir dans quelques mois ». D’autres pays, comme le Sénégal, devraient bientôt pouvoir avoir accès au microcrédit de Babyloan. Pour la sélection des demandes, ce sont les Institutions de microfinances (IMF) partenaires de Babyloan, qui sur le terrain, identifient les micro-entrepreneurs. Au Bénin par exemple, près de 130 projets ont pu aboutir par l’intermédiaire de Finadev, première institution de microfinance privée en Afrique occidentale d’origine béninoise.

Le principe de Babyloan est simple : les internautes peuvent prêter de l’argent à taux 0 à des entrepreneurs du sud via la plateforme du site. Les « Babylonnés » (c’est-à-dire ceux qui ont reçu un prêt), peuvent ainsi lancer ou développer leur micro-entreprise. « Le montant moyen des projets s’élève à 288 euros pour une durée moyenne de huit mois», explique Arnaud Poissonnier. Cependant, bien que les « prêteurs » ne perçoivent aucun revenu sur l’argent qu’ils prêtent, ces crédits, coûtent entre 20 et 35% de taux d’intérêts aux emprunteurs africains, en raison de l’inflation locale, des frais de fonctionnement de l’IMF concernée, ainsi que du coût des pertes. «Ça peut paraître énorme, a déclaré le fondateur de Babyloan à Libération, mais c’est peu par rapport aux taux pratiqués par les usuriers locaux » qui peuvent aller jusqu’à 300%.

Les projets financés sont aussi nombreux que variés. Atsou, « babylonné » togolais de 38 ans, a obtenu un prêt de 230 euros qui lui permettra de rénover son salon de coiffure actuellement en très mauvais état. Fati, mère béninoise de 3 enfants, qui vend des tubercules et des céréales, a sollicité le microcrédit de 760 euros car elle souhaitait s’approvisionner en gros. Ce revenu supplémentaire lui permettra de mieux subvenir aux besoins de la famille.

Un système qui permet d’envisager la mondialisation autrement

La première institution de microcrédit, la Grameen Bank a été fondée par le prix Nobel de la paix 2006 Muhammad Yunus en 1983. Aujourd’hui, à l’heure où 80% de la population mondiale n’a pas accès au crédit, l’alternative du microcrédit permet chaque année à 8 millions d’entre eux de sortir de la pauvreté. On estime en effet à 500 millions le nombre de personnes dans le monde qui souhaiterait bénéficier de ce type de crédit.

Les fondateurs de Babyloan n’entendent pas s’arrêter là. Ils se sont lancés de nouveaux défis pour 2010 et les années à venir, comme les « Rencontres de Babyloan 2010 », la diffusion de passeports cadeaux, le lancement du Babyloan taux fixe 2013, mais aussi de nouveaux partenariats et l’ouverture de filiales en Europe.

D’ici 3 ans, Babyloan ambitionnerait de financer 10 millions euros de projets. Si ce but était atteint, près de 25 000 micro-entrepreneurs pourraient en bénéficier.

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