Ba Bouanga, humoriste à plein temps


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Hippolyte Ouangrawa, dit Ba Bouanga

Bien des Burkinabés ne manquent pas de regarder un film où joue Hippolyte Ouangrawa. Ils aiment sa façon de jouer, qui les fait rire quelque soit son rôle. Certains ont le sourire aux lèvres rien qu’en le voyant dans la rue. Son pouvoir humoristique est si fort que Ba Bouanga fait même rire aux enterrements…

De Ouagadougou

Ba Bouanga. Dites ce nom à un Burkinabé et il y a fort à parier qu’il sourira, s’il n’éclate pas de rire. C’est en effet le surnom du comédien Hippolyte Ouangrawa, très en vogue dans le Pays des hommes intègres. Sa façon de jouer, sa façon de parler, son visage même, font sourire. Ce qui a fait le succès du directeur, plein d’énergie, du Théâtre de l’Espoir, ouvert en 1995 et qu’il a construit avec ses propres fonds. Un succès qui présente des désavantages, car Ba Bouanga n’a plus de vie privée. Par ailleurs, il doit se faire tout petit aux enterrements pour ne pas faire éclater la salle de rire et troubler la tristesse de circonstance.

Drôle, surtout quand il a le mauvais rôle

Ba Bouanga joue dans des sitcoms de sensibilisation sur les problèmes qui touchent l’Afrique, comme le mariage forcé, le problème d’endettement des paysans qui ne peuvent vendre leurs récoltes ou encore les parents qui cachent leurs enfants pour qu’ils ne soient pas vaccinés. Dans ce dernier, par exemple, il joue le rôle d’un père de famille qui cache ses enfants un peu partout pour leur éviter la fameuse piqûre. Il prétexte que s’ils sont vaccinés « ils ne pourront plus travailler au champ et ne voudront plus manger du tô (pâte à base de farine de maïs, de mil ou encore de sorgho, ndlr) ».

Il n’a pas souvent le bon rôle, mais personne ne le haït pour autant. Au contraire. « Lorsqu’il a un rôle de gentil, les gens ne l’aiment pas parce qu’il n’est plus aussi drôle », explique Amza, 23 ans. Mais qu’est-ce que cet homme a de drôle ? « C’est son physique même qui fait rire. Sa démarche aussi. Et aussi quand il parle fran-mooré (mélange de français et de mooré, l’une des langues parlées au Burkina Faso, ndlr) », poursuit Amza, sourire aux lèvres. Malick, 21 ans, fait aussi partie du fan club d’Hippolyte Ouangrawa. « Ce que j’aime, ce sont les proverbes mossi qu’ils prononcent tout le temps et le fait qu’il utilise un vieux mooré », précise-t-il. « Si seulement vous le rencontriez, vous comprendriez », explique avec un grand sourire Haoua, 59 ans, qui accourt lorsqu’elle entend que Ba Bouanga passe à la télévision.

Le « Fernandel Burkinabé » fait rire aux enterrements

Et effectivement, en le voyant, on comprend. Il parle fort, articule de façon légèrement exagérée et beaucoup avec rigole quand on s’y attend le moins. Mais allez lui demander pourquoi il fait rire les gens : celui qui se surnomme le « Fernandel burkinabé » ne saura pas vous donner une réponse sûre. Mais il reconnaît qu’il a un véritable pouvoir humoristique. « Je ne sais pas si c’est ma manière de faire, mais tout ce que je fais, fait rire », confie-t-il. Un succès de plus en plus difficile à gérer. « Je n’ai même plus de vie privée. En ce moment, je suis beaucoup confronté à ce problème. Si je vais récupérer mes enfants à l’école, je ne peux jamais démarrer ma voiture, si ce n’est pas les parents qui viennent récupérer leurs enfants (agglutinés sur la voiture, ndlr) », assure Ba Bouanga.

A Ouagadougou, une rumeur court à son sujet : il serait interdit d’enterrements parce qu’il fait rire les gens, contre sa volonté. « On ne m’interdit pas d’aller aux enterrements, rectifie-t-il. Mais il vrai que quand je vais dans un enterrement, tout le monde éclate de rire. Même celui qui est le plus touché, quand il me regarde, il commence à rire. Plus je me camoufle pour être discret, et plus on rie. Si je me décontracte, les gens rient aussi. Quand le corps arrive, si je prononce un mot seulement, les gens rient », raconte le comédien. Le pire serait sans doute qu’il fasse mourir quelqu’un de rire.

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